[RP unique de participation au contexte avec Calum Nichols Crespo]
// Ah les douces effluves corporelles, les chaussures qui traînent et les équipiers qui se chambrent à grands coups de tapes amicales dans le dos. Calum aurait pu croire, l'espace d'un instant, que l'atmosphère qui régnait dans les vestiaires d'une équipe professionnelle de Quidditch était quelque peu différente de celle des équipes amateurs. Mais ce n'est pas parce qu'on avait joué dans les plus grands stades du monde qu'on se prenait au sérieux ! Pas chez les américains du moins.
Le jeune homme avait bien fait les choses : il avait pris la peine de contacter le capitaine des Aigles, pour lui livrer le programme des festivités et des matches, lui avait même fait un plan des vestiaires et donné rendez-vous dans le leur à 9 heures précises. Bien matinal, il avait revêtu sa tenue la plus adaptée pour l'occasion, un subtil mélange d'élégance et de confort, de sport et de classe. Et s'il paraissait bien sérieux, dans ses nouvelles fonctions d'assistant à une équipe professionnelle, c'était pour mieux cacher l'excitation qui vrombissait dans son cerveau comme dans celui d'un gamin de cinq ans au moment de voir le Père Noël. À l'instant même de pousser la porte du vestiaire des joueurs des États-Unis, alors que son cœur battait la chamade et que l'ambiance était à l'amusement chez les américains, il se sentait sur le point d'entrer dans
l'arène, et voulait n'en jamais ressortir. //
- Ah le voilà !
// Salué chaleureusement par Johnson, le capitaine, Calum fit face à un accueil des joueurs au-delà de toutes ses espérances. Il lui semblait les avoir toujours connu, comme des amis d'enfance avec qui il aurait grandi. Excepté qu'il les avait vu évoluer de l'autre côté de la barrière, quand il n'était que spectateur de leur exploits. Serrer la main de Jerry Carter lui tira un sourire béat, qui suffit à lui faire dire que ça y est, il avait réussi sa vie, et pouvait mourir en paix. Enfin bon … pas encore peut-être. Cette semaine s'annonçait riche en événements qui valaient la peine d'être vécus. //
- Bon si j'ai bien compris, notre premier match c'est contre les Gargouilles, c'est ça ?
- On va en faire qu'une bouchée de ces russes !
- Tu prends toujours beaucoup trop la confiance avant chaque match!
- On va pas pouvoir faire grand chose si je retrouve pas mes chaussures je vous signale.
- Tomy c'est sérieux cette affaire ?! T'as cherché dans les casiers ?
// Plongé dans cette ambiance grouillante, amicale et décomplexée, Calum aurait voulu que Al soit avec lui pour voir ça. Mais à l'heure qu'il est, il devait être bien occupé avec l'équipe de Tanzanie, qui jouait son premier match contre le Portugal. Ah ça, pour apprendre l'ordre des huitièmes de finale par cœur il y avait du monde, mais lorsqu'il s'agissait de réviser des ASPIC... Enfin, il s'en soucierait plus tard. //
- Tu chausses du combien Tomy ? Je connais des joueurs de Gryff assez costauds pour leur âge, je devrais pouvoir te trouver des chaussures de rechange, fit Calum, bien content de remplir ses fonctions dès les premières heures de la compétition.
- Tu ferais ça ? Bon ça sera pas la même marque que les miennes, mais comme on dit : c'est pas le matériel qui fait le sportif !
// Et voilà que sa première mission en tant qu'assistant des Aigles des Etats-Unis débutait. Et quelle mission ! Fouiller tout le château à la recherche des seuls joueurs de l'équipe de Gryffondor qui ne participaient pas à l'organisation de la coupe ; parmi eux – et ils sont déjà rares ! - trouver celui qui fait plus d'un mètre quatre-vingt et chausse un bon 10,5, pointure anglaise ; le convaincre de donner sa seule paire de chaussure de Quidd pour la survie de l'équipe américaine, qu'il ne soutient même pas ; l'aider à la chercher au milieu du débarras qu'est son dortoir ; et courir en sens inverse pour l'apporter à ce brave Tomy bien impatient de démarrer l'entraînement. //
- Oh tu me sauves petit, merci ! Fit-il en voyant Calum arriver, alors que tous les autres joueurs étaient déjà partis s'échauffer.
Les gargouilles c'est pas de la tarte, louper un entraînement avant le match contre eux ça aurait pu m'être fatal.
// L'ego gonflé par ces remerciements, Calum se laissa pousser des ailes et sortit pour observer du coin de l’œil la préparation de son équipe favorite. Montée de genoux, abdos, sprints, la majorité de leurs exercices se faisaient au sol, et tous leur balais semblaient attendre patiemment, posés sur le bord, plus reluisants les uns que les autres. Il savait que chaque équipe avait ses techniques : certaines s'entraînaient directement en vol, d'autres sans balai mais avec balles, d'autres encore ne stimulaient que les articulations avant de se lancer dans un match d'échauffement.
Il les admirait, ces joueurs et ces joueuses professionnels, à qui tout avait réussi. Leur corps, leur outil de travail, si développé, dans les moindres recoins de leur musculature. Un seul cognard lancé du bras de leur batteuse aurait pu assommer un géant. L'agilité de Jerry Carter, qui avait tant de fois transpercé la défense adverse. La détermination de Johnson, qui avait remotivé ses troupes dans les matches les plus incertains. Calum pouvait les voir pour de vrai, et se concentrait sur cet entraînement comme s'il avait voulu retenir tous les secrets de fabrication de la recette du succès. //
- Petit, tu voudrais pas nous passer les souafles là-bas ?
// Sorti de ses pensées, le Gryffon leur fit son meilleur lancer, et reprit son observation attentive de leur stratégie de passes, de répartition sur le terrain. Il était loin d'être objectif mais il avait le sentiment que les russes n'avaient aucunes chances. Au loin, il entendait déjà le public s'activer. Les joueurs du premier match de la coupe devaient être sur le point d'entrer en jeu, et ils galvanisaient les foules. À ce son, Johnson prit la parole : //
- On se fait encore 10 minutes de tirs et on file se doucher pour regarder les premiers matches. Je veux qu'on se concentre sur les techniques de défenses de la France, la Nouvelle-Zélande et les Ouragans. Vous observez, et vous vous faites discrets en tribune. La bière et les cris, on les garde pour ce soir, compris ? Et Calum, ça te gêne pas de me raccompagner jusqu'à l'hôtel, j'ai des trucs à aller chercher.
// Si ça le dérangeait ? Il attendit en tapant du pied que les dix dernières minutes de leur entraînement s'écoulèrent et fonça aux côtés de Johnson. Même si ce n'était que jusqu'à Pré-Au-Lard, une virée en sa compagnie était l'un de ses plus grands rêves. //
- Tu fais du Quidd toi, non ? lui demanda-t-il alors que ses coéquipiers s'éparpillaient par petits groupes.
- Oui, je suis poursuiveur chez les Gryffondors.
- Alors qu'est-ce-que tu en as pensé, de l'échauffement ?
- Euh ... Je ... Bien. C'était bien. Très peu d'équipes choisissent de ne s'entraîner que au sol.
- Bien vu. Là c'est particulier. Tous les joueurs ou presque ont commencé par apprendre le vol. Tina est montée sur un balai avant de savoir marcher, Terry voulait faire prof de vol avant de faire du Quidd, le père de Jalane est créateur de balais chez Nimbus. Leurs techniques de vol, elles s'approchent de la perfection, c'est pas ça qu'il leur faut travailler. Un bon capitaine sait repérer les faiblesses et les atouts de ses joueurs.
// Calum acquiesçait et tâchait de retenir chaque mot, chaque phrase, chaque conseil avisé. Ils descendaient vers le village et apercevaient déjà le toit des Trois-Balais, dont toutes les chambres avaient été libérées pour l'équipe américaine et l'équipe bulgare. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le commerce local savait profiter des occasions qu'offraient la coupe du monde. //
- T'es du coin ? T'as l'air de bien connaître le village.
- Pas du tout. Je suis de Boston. Je suis arrivé en cours d'année et j'ai fait pas mal d'escapades ici, c'est pour ça que je connais bien ... dit Cal en passant une main dans ses cheveux.
- De Boston? Attends, ton nom - Nichols - c'est pas comme Patrick Nichols ?
- C'est mon père
- Tu déconnes là ?! Tu m'étonnes que t'aimes le Quidditch avec ça. J'ai le poster de ton père dans man chambre !
- Il était pas si connu pourtant, et ça fait longtemps qu'il est pas remonté sur un balai ...
- Pas si connu mais bougrement doué ! Si la génétique a bien fait les choses, tu iras loin gamin.
// Ils arrivaient à l'entrée des Trois-Balais, tous deux égayés par cette conversation. Le premier match avait débuté, et même si les cris des supporters ne portaient pas aussi loin, les fanions flottaient haut dans le ciel et pouvaient être aperçus de Pré-Au-Lard. //
- Va donc voir le match, on aura plus besoin de toi jusqu'au début du notre. On se retrouve aux vestiaires à 17 heures ? Avec un peu de chance, le temps se maintiendra, dit-il en jetant un regard inquiet vers le ciel.
*
// La chance n'était pas de leur côté, car dès le milieu d'après-midi, une fine bruine s'était mise à tomber sur le terrain, et Calum, qui avait rejoint ses amis en tribune, se rongeait déjà les ongles en priant pour que le soleil revienne, sans succès. Il descendit des gradins un quart d'heure avant le rendez-vous, et trouva le vestiaire encore vide. Peu à peu, les américains commencèrent à arriver, dans un état d'esprit légèrement plus stressé que le matin.
La préparation fut bien plus silencieuse que leur entrée fracassante sur le terrain. Calum les accompagna jusqu'à la bordure du stade, enivré par les cris des supporters - ou devait-il dire supportrices ? - qui ne lui étaient pourtant pas destinés. Les adversaires s'activèrent au moment du coup d'envoi, et durant les cinq minutes qui suivirent, avant de sombrer dans une étonnante léthargie. Le jeune Gryffon n'aurait su dire s'ils subissaient les aléas du décalage horaire, s'ils avaient envoyés leurs pires joueurs ou s'ils laissaient tout bonnement les américains gagner. Quoi qu'il en soit, le match ne fut pas très spectaculaire. Ni Terry Carter, ni Johnson, ni Tina n'eurent besoin de trop se mouiller. Le score grimpait rapidement, et les commentateurs (dont Alistair faisait partie d'ailleurs !) sonnèrent la fin du jeu sous les applaudissements des minettes américaines en furie qui avaient fait le déplacement pour l'occasion. //
- Félicitation aux Aigles des Etats Unis qui passent en quart de final sans avoir trop donné de leur personne, et mention spéciale à leurs supportrices !
- Quel match étrange ... fit Johnson en rejoignant Calum sous les commentaires d'Alistair.
- J'avoue que je ne comprend pas bien ce qui leur a pris.
- On va se contenter de se réjouir d'être en quart de finale !
// À peine les équipements retirés, les spéculations allaient bon train sur l'éventuelle issue de leur prochain match. Calum écoutait d'une oreille attentive en distribuant à tour de bras des gourdes d'eau fraîche et des biscuits. Certains les préféraient sucrés, d'autres protéinés, d'autres encore étaient bien incapables d'avaler quoi que ce soit après les efforts fournis. Mais tous remerciaient Calum d'un sourire entendu, ravis d'avoir à leur côté un assistant aussi dévoué. //
- Bon, les Français n'ont pas offert un match incroyable, mais on sait mieux que personne qu'ils en ont sous la chaussure, donc on se méfie. Ce soir, on fête la victoire, mais pas d'excès, tout le monde connaît ses limites, on n'abuse pas des bonnes choses. Et les gars ? Félicitations pour votre performance, je suis fier de vous !
// Le discours d'un bon capitaine avait toujours le don d'afficher un grand sourire sur tous les visages, quelle que soit l'équipe, le niveau ou le sport. //
*
// À nouveau ces vestiaires, à nouveau cette atmosphère grouillante, pressante d'avant-match. Dans les gradins, on chantait en français, anglais, ou un savant mélange des deux. Calum ne s'imaginait pas que cette aventure puisse prendre fin. Il avait l'impression qu'il était fait pour ça ! Parler Quidditch, penser Quidditch, observer du Quidditch, et ce à longueur de journée. Il ne pensait pas pouvoir s'en lasser un jour. D'autant plus qu'il développait un certain degré de proximité avec les joueurs, et aurait voulu passer des soirées entières à faire leur connaissance, les présenter à Al et à l'équipe des Gryffons. Mais il allait falloir garder l'esprit concentré sur le match à venir. Le coup d'envoi n'allait pas tarder, fans comme joueurs étaient plus remontés à bloc les uns que les autres.
Les Tapesouafles débutèrent en grande pompe, avec une attaque impressionnante qu'aucun Aigle ne réussit à contrer. Johnson le savait : leur
talon d'Achille c'était la défense, surtout celle la plus proche des anneaux. Ils ne maintenaient pas assez leurs placements, n'allaient pas suffisamment au corps à corps. Cette faiblesse leur valu quelques buts, mais il tentèrent de remonter la pente en jouant sur la technique, ce qui fonctionna jusqu'à l'égalisation. Calum avait le sentiment que les Français jouaient beaucoup mieux qu'en huitième de finale. Ils semblaient s'être réservés pour ce match, pour tout donner sur le terrain.
Ils marquèrent encore et dans les dernières minutes, leur attrapeur s'empara du vif d'or sous les applaudissements du public. Johnson était dépité et fut le premier à sortir du terrain en pestant. //
- On a perdu notre temps, personne bougeait, personne n'a suivi les conseils qu'on avait donné avant le match. C'était pas compliqué pourtant ...
// Calum le rejoint dans les vestiaires, avant que les autres n'arrivent. Il hésita un instant, puis posa sa main sur son épaule d'un air compréhensif. Mieux que personne il connaissait l'effet d'une défaite cuisante. Ils voyaient passer sous leur nez une qualification en demi-finale. Les visages se succédaient à l'entrée des vestiaires, tous plus maussades les uns que les autres. Seul le capitaine fit mine de reprendre du poil de la bête, comme son rôle le lui imposait, pour remonter le moral des troupes. Calum resta quelques temps avec eux sans rien dire, à les regarder maugréer contre les manqués et les échecs de ce match. //
- Bon ... On va pas se mentir on a foiré. Mais je veux que vous reteniez un truc : chaque échec est une leçon. Nous n'en sommes qu'à nos débuts en tant qu'équipe, et je vous garanti qu'on en aura d'autres des opportunités comme ça.
// Calum n'en était pas bien certain pour sa part, car une coupe du monde de Quidditch organisée à Poudlard, ça n'arrivait pas tous les mois. La tristesse de voir son équipe échouer s'accumulait à celle de voir son rôle d'assistant prendre fin. //
*
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Chaque échec est une leçon. La phrase tournait en boucle dans l'esprit de Calum. Il était revenu une dernière fois dans les vestiaires des Aigles, pour y admirer chaque casier, chaque banc, et imprégner ce décor dans son cerveau comme une image dont il ne voulait pour rien au monde se défaire. Il avait accepté avec plaisir de rejoindre les joueurs pour boire en verre en fin de journée, et profiterait des derniers matchs en tribune, comme simple spectateur. L'issue de cette coupe du monde restait incertaine, il ne savait pas qui de la Nouvelle-Zélande, de la Tanzanie, du Kenya ou de la France serait sacré grand vainqueur. Il pariait sur la Tanzanie, mais ce n'était là qu'une supposition. Ce qui lui importait désormais était de profiter de chaque instant et de ne pas louper une miette des derniers matches. Point bonus s'il parvenait à récupérer les adresses des joueurs, pour rester en contact. Mais l'entretien de son capital social, ça se jouerait ce soir, autour d'une bière.
Chaque échec est une leçon. Mais chaque réussite en est une aussi. Et la leçon qu'il tirait de son expérience d'assistant était mémorable. Plus jamais il ne verrait les Aigles de la même manière, plus jamais il n'aborderait un terrain pareil, maintenant qu'il était riche de cet apprentissage de quelques jours seulement. Plusieurs fois il croisa le regard de Al, un regard qui signifiait "dès que tout sera fini on se retrouvera sur un canap de la salle commune pour tout se raconter ... ou bien ne rien dire du tout et rester assis avec un sourire imbécile". Mais il ne voulait pas encore s'imaginer que l'événement prenne fin, alors il remisa ses pensées dans le fond de son esprit, et escalada les marches quatre à quatre pour monter dans les gradins. En arrivant à sa place, il hurla à en perdre haleine son soutien aux Rayons de Soleil. Il ne le savait pas encore, mais la Tanzanie allait bel et bien remporter ce match. Et la soirée serait mémorable ... //