Rues d'Al-Far

[Miss RP]

Rues d'Al-Far

// Si la magie du Dessin a créé de pures merveilles comme Al-Jeit ou l'Arche, il semble qu'elle n'ait pas atteint la ville d'Al-Far. Ce sont des remparts, et des murs de pierre grise que l'on voit au premier abord, quelques tours de verres et de jades peuvent s'apercevoir ici et là dans les quartiers les plus riches.

Située au Nord-Ouest de Gwendalavir, Al-Far est une cité, qui comme Al-Vor parait être restée plus dans une époque rappelant le Moyen-Age. De plus Al-Far est une ville plutôt pauvre, et à moins de faire partie des Nobles de cette ville ou des quelques bourgeois, il n'est pas toujours très agréable d'y vivre. Pour le reste de la population, la majorité des habitants travaillent dans les mines.

Malgré tout dans la journée, Al-Far est surtout une ville animée, avec de nombreux marchés et des étals de différents commerçants qui encombrent les rues, produisant une joyeuse cacophonie, de cris, de rires et de discussions diverses.

C'est aussi un endroit réputé pour ses convois d'Itinérants qui s'occupent de ravitailler et de commercer avec les quelques villages et exploitations du Nord ou de l'Ouest, bien que ces routes soient parfois un peu dangereuses. //

Lieu de Isara

[Riverelle]

[RP avec Aksel Tzâfihyr et Syane Löerheim]

- Aksel, lève-toi, c'est l'heure...

// La jeune femme, habillée de pied en cap et penchée sur l'oreille du garçon, lui chuchota ces mots en lui secouant doucement l'épaule. Elle ne pouvait retenir un petit sourire sadique en le voyant dormir aussi profondément et en pensant à la tête qu'il allait faire dans quelques minutes. Tout cela promettait d'être fortement amusant.

Ils étaient rentrés tard à Al-Far. Très tard. Au lieu de se payer des jours et des jours de location dans une auberge, Sissi avait prit son appartement, situé dans les Beaux Quartiers de la ville. Elle n'y allait pas souvent, mais, grâce à sa position de maître, avait bénéficié d'un prix assez attrayant, et avait cédé.
Syane avait ouvert les yeux alors que le soleil n'était même pas encore levé, un doux clapotis résonnant à ses oreilles. À peine fatiguée, elle avait regardé par la fenêtre. Il pleuvait. Les gouttes d'eau s'alliaient en flaques boueuses. Dommage pour Aksel, le pauvre allait endurer sa première journée trempé. Elle retient un petit rire, sauta du lit et enfila sa combinaison en cuir bleu, ses gants et ses bottes, avant de se rendre dans la chambre de son apprenti, sans même prendre son petit déjeuner.

Ce dernier ne bougea pas d'un cil. Sans état d'âme, elle lui enleva sa couverture et lui prit le main pour le redresser dans son lit. //

- Profitons d'un moment où il n'y a personne. On mangera tout à l'heure... Je t'attend dans l'entrée.

// Elle repartit en fermant la porte et sortit sur le palier.
C'était le genre de pluie glaciale, pas forcément très puissante mais qui vous gèle les mains et les pieds en quelques secondes. Pas très agréable pour le pauvre Aksel, mais Syane savait qu'il s'y ferait un jour.
Le jeune homme apparaissait justement dans l'encadrement de la porte. Elle lui demanda, très sérieusement : //

- Tu as bien dormi ?

// Puis, avant qu'il ne puisse répondre, enchaina : //

- On va commencer par se dérouiller les jambes. Un petit footing. C'est très efficace.

// Sans s'occuper de ses probables protestations, elle se lança à bonne allure, l'obligeant à courir derrière elle. Elle le regarda avec intérêt. Cette première journée allait être particulièrement révélatrice... //

[Thalia Gilsayan]

// Aksel faisait un agréable rêve. Il se balançait de branches en branches dans une forêt aux grands arbres enneigés. Il jouait avec le vent, effleurait les feuilles, saluait les écureuils, bombardait les ours avec des glands. Bref, la belle vie, quoi. Le soleil venait de se lever, illuminant le ciel et la forêt de millions de petites bulles colorées. Attrapant une dernière branche, il s'élança dans le vide et s'envola. Il battit des ailes qui venaient de lui apparaître, plongea, remonta en chandelle et tourbillonna parmi les nuages. Il ne s'était jamais senti aussi heureux. A présent, une horde d'oiseaux sauvages volait à ses côtés, dans une tornade de plumes colorées. L'un d'eux s'approcha de lui. Sa longue queue effleura la joue du garçon, tandis que son chant mélodieux parvenait à ses oreilles. //

- Aksel, lève-toi, c'est l'heure...

// Il ne comprit pas bien le sens des paroles de l'oiseau, mais ça ne faisait rien. Il volait, il était libre, il était...

Une vague de froid l'enveloppa soudain et, pétrifié, il tomba dans le vide. Il hurla. Et ouvrit brusquement les yeux.

Syane était penchée au-dessus de lui. La jeune femme lui empoigna fermement la main pour l'aider à se redresser. //

- Profitons d'un moment où il n'y a personne. On mangera tout à l'heure... Je t'attend dans l'entrée.

// Alors qu'elle repartait en fermant la porte derrière elle, le garçon grommela. Aucune pitié. Lorsqu'ils étaient arrivés à Al-Far la veille au soir, tombant de fatigue après une longue chevauchée, il était directement parti se coucher sans manger quoi que ce soit. Il avait dormi comme un loir. A présent, son estomac criait famine.

Le jeune homme se changea en vitesse, puis se dirigea vers la porte d'entrée. Le ton de la Marchombre avait été implacable : inutile d'essayer de reporter l'entraînement à plus tard. En arrivant sur le palier, il s'aperçut avec horreur qu'il pleuvait. Oh non. Syane était là, et ça ne paraissait pas la gêner plus que ça. C'était un mauvais présage. //

- Tu as bien dormi ? lui demanda-t-elle.

// Il ouvrit la bouche pour répondre. La rouquine le prit de vitesse. //

- On va commencer par se dérouiller les jambes. Un petit footing. C'est très efficace.

// Puis, sans l'attendre, elle commença sa course. Il ravala ses protestations, ça ne servait à rien. Et comme il ne comptait pas se laisser distancer, il s'élança à son tour.

La pluie glacée acheva de le réveiller. Et il se rappela quel jour ils étaient : le 25 décembre, soit Noël, mais aussi le jour de son anniversaire. Il avait seize ans aujourd'hui. Premier jour de son entraînement d'apprenti marchombre. Un demi-sourire fleurit sur ses lèvres. Ça commençait bien. Mais finalement, il n'y avait pas lieu de se plaindre, Syane avait raison de le faire travailler dans toutes les conditions. Sur une falaise ou dans un combat contre une bête tueuse ou un assassin, par tempête ou temps pluvieux, rien n'aurait pitié de lui. Alors autant affronter avec honneur les éléments déchaînés.

Il accéléra un peu son allure et rattrapa rapidement Syane. A peine était-il arrivé à sa hauteur que la jeune femme à la chevelure de feu accéléra la cadence. Il n'eut d'autre choix que de la suivre. Lorsque ses poumons et les muscles de ses jambes crièrent grâce, le garçon s'arrêta, reprenant son souffle. Il entreprit de réchauffer ses mains frigorifiées. Et se promit d'acheter des gants dès que possible.

Il se tourna vers Syane. Des millions de questions lui brûlaient la langue.//

- Tu vas souvent à Al-Far ? Pourquoi n'est-on pas restés à Al-Jeit ? C'est là que se trouve le siège des Marchombres, non ? Enfin, ce serait logique, puisque c'est la capitale. Il y a un dirigeant des Marchombres, au fait ?

// Il était passé au tutoiement de façon naturelle. Il avait encore plein de questions à poser, mais estima en avoir déjà énoncé suffisamment, et laissa donc le temps à la Marchombre de répondre. Si elle en avait envie. //

[Riverelle]

// Syane apprécia le fait qu'il ne rechigne pas à s'entraîner même si le temps était exécrable. Elle sourit toute seule, heureuse de son courage.
Pendant un long moment, un très long moment, ils coururent, en accélérant au fur et à mesure.
La jeune femme aimait bien cette course matinale, elle mettait en bonne condition pour le reste de la journée, et était d'une certaine façon détendante. Enfin, pour la Marchombre, parce qu'Aksel avait l'air plutôt épuisé qu'autre chose. Mais il s'accrochait toujours, avec une détermination remarquable.
Enfin, le garçon finit par s'arrêter, la respiration mise à mal. Elle stoppa également, son but n'étant pas de le faire s'évanouir de fatigue. Les battements fous du coeur du garçon, emballés et rapides, résonnaient avec force dans le silence du matin tout en se mêlant au clapotis de la pluie.

Il frotta ses mains l'une contre l'autre avant de se tourner vers elle. Finalement, il avait assez de souffle pour la noyer sous une avalanche de question. //

- Tu vas souvent à Al-Far ? Pourquoi n'est-on pas restés à Al-Jeit ? C'est là que se trouve le siège des Marchombres, non ? Enfin, ce serait logique, puisque c'est la capitale. Il y a un dirigeant des Marchombres, au fait ?

// La première question lui ramena de mauvais souvenirs en mémoire. Les éclairs fusèrent dans son esprit, le tranchant comme du beurre. Les éclairs de la saleté, malodorants. Les éclairs de la faim, douloureux. Et aussi les éclairs vides et blancs, reflets de ces êtres décharnés et plus assez humains pour pleurer.
Intérieurement, elle se figea. Elle était proche des bas-fonds. Toute proche. Et si ils croisaient un de ces non-humains pourtant humains ? Les enfants se baladaient et volaient tout ce qui pouvait subvenir à leurs besoins. Elle frémit à l'idée de retomber sur un de ces êtres plus ou moins vivants psychologiquement.

Syane secoua la tête pour se remettre les idées en place, et les voiles qui hantaient ses yeux s'espacèrent. On n'allait tout de même pas tenter de les approcher alors qu'il n'y avait personne autour d'eux. C'était impensable.

Elle se ramena donc, plus sereine, aux restes des questions. La jeune femme sourit sous le tutoiement, qu'elle préférait largement au vouvoiement qui distendait bien trop les liens entre les personnes, comme un mur. Puis se décida à répondre. //

- Si nous ne sommes pas restés à Al-Jeit, c'est que je préfère commencer ton apprentissage à Al-Far, de toute évidence.

// La réponse sibylline s'accompagna d'un clin d'oeil mystérieux, et la rouquine continua : //

- Il y a un Conseil, composé de six Maîtres Marchombres parmi les plus anciens de la Guilde, mais pas de dirigeant particulier. Et non, je ne vais pas souvent à Al-Far.

// Ils couraient depuis pas mal de temps déjà, et Syane estima que pour un premier jour, c'était plutôt bien. Elle déclara : //

- Ça ira pour aujourd'hui. On recommencera demain. On va rentrer manger.

// La jeune femme lui sourit avant de faire volte-face et de revenir sur ses pas. //

[Thalia Gilsayan]

// A peine Aksel eut-il refermé sa bouche qu'une ombre voila les yeux de Syane. Inquiet, le garçon l'observa attentivement, guettant des signes du mal qui la prenait. Mais l'égarement de la jeune femme ne dura pas : un instant plus tard, elle secoua la tête et réafficha une expression sereine. Puis elle esquissa un fin sourire. //

- Si nous ne sommes pas restés à Al-Jeit, c'est que je préfère commencer ton apprentissage à Al-Far, de toute évidence. Lui répondit-elle avec un clin d'oeil.

// Le demi-Faël dut se contenter de cette maigre réponse. Il sentait que ça ne servirait à rien d'insister. C'était tout de même étonnant que la Marchombre n'ait pas tiré profit des innombrables ressources d'Al-Jeit... Quoi qu'il ne sache pas encore très bien en quoi consistait son apprentissage sur la Voie Marchombre, il lui semblait que les multiples tours et passerelles de la capitale de Gwendalavir auraient été idéales pour échauffer ses bras ou l'entraîner à l'escalade. Enfin, il faisait confiance au choix de Syane. //

- Il y a un Conseil, composé de six Maîtres Marchombres parmi les plus anciens de la Guilde, mais pas de dirigeant particulier. Et non, je ne vais pas souvent à Al-Far. Continua la rouquine.

// Aksel hocha pensivement la tête. Il se demanda s'il devrait un jour se présenter à ce conseil. Sans aucun doute, la guilde Marchombre possédait un nombre incalculable de secrets dont il n'avait pas encore connaissance, mais il ne s'attendait pas à ce que Syane les lui révèle tous dès le premier jour.

Le ventre du garçon se mit à gronder, lui rappelant qu'il n'avait rien dans l'estomac. Il ignora si la Marchombre l'avait entendu, mais elle déclara soudain : //

- Ça ira pour aujourd'hui. On recommencera demain. On va rentrer manger.

// Elle lui glissa un sourire avant de faire demi-tour. Le jeune homme la suivit, en reprenant une foulée régulière : il avait récupéré son énergie, et puis, s'il ne courait pas, la pluie gelée finirait par le transformer en glaçon. A présent, la motivation de déguster bientôt une viande de Siffleur tendre et juteuse le tirait vers l'avant. Il lui sembla que le trajet du retour fut bien plus rapide que le précédent... //

[Riverelle]

// Syane avait passé tout le trajet du retour à jeter des petits coups d'œil discrets à son nouvel apprenti. Elle observa sa démarche souple et énergique, comme s'il ne tenait pas en place, son visage souriant et innocent, sa tignasse blonde en bataille et les gouttes d'eau qui s'accrochaient à ses cils sombres. Mais elle évita de croiser son regard. Pas que sa présence la gênait, mais la rouquine sentait que le contact visuel l'encouragerait à poser des questions, et elle n'avait vraiment pas envie d'être soumise à un interrogatoire sur sa vie ou sur l'avenir.

Elle avançait, les yeux dans le vague.

(...)

Le déjeuner s'était déroulé dans une ambiance plus ou moins chaleureuse, mais elle l'avait laissé mener la conversation. Sans répondre autrement que par des sourires, des clins d'œil malicieux et des phrases relativement courtes. Elle écoutait ce qu'il disait, mais réfléchissait en même temps. À ce qu'elle allait lui faire faire. N'étant pas forcément communicative, enseigner n'était pas naturel pour la jeune femme, et elle aspirait à lui donner un apprentissage qui allait lui plaire, au lieu de faire une connerie débile. Elle réfléchit à la journée d'hier, et comment elle m'avait trouvée. En train de grimper.

Syane se remémora l'agilité de ses mouvements et le naturel surprenant avec lequel il saisissait ses prises. Le voir se débrouiller sur des cas plus... Intéressants la tentait bien.

(...)

//


- Tu vas grimper. Jusqu'en sommet bien sûr.

// Joignant le geste à la parole, la Marchombre pointa du doigt le haut de la tour crénelée. Aussi verticale que haute, elle donnait le tournis rien que depuis le bas, et ses blocs de pierre étaient bien ajustés pour une tour d'Al-Far, la ville où rien n'était jamais terminé. Elle pensait notamment à la crève des Bas-Fonds et la prison graisseuse qu'elle leur "offrait", mais chassa cette pensée de son esprit, et reporta son attention sur la tour.

Grimper jusqu'en haut était un exercice difficile pour un apprenti aussi peu expérimenté. Mais d'après ce qu'elle avait pu voir, il se débrouillait. Et elle l'avait prévenu, la Voie était paveé de difficultés. //

- Je te suis. Et pas de discussion, bien sûr, ajouta la rouquine avec un sourire moqueur.

// Et, attendant qu'il se lance avant de le faire elle-même, elle le scruta avec intérêt... //

[Thalia Gilsayan]

- Tu vas grimper. Jusqu'au sommet bien sûr.

// Aksel leva la tête pour tenter de distinguer le haut de la tour qu'il était sensé escalader. Haute et verticale, elle offrait de nombreuses prises, bien qu'étroites et pas toujours évidentes. C'était faisable. Il l'avait déjà fait. Rien ne lui empêcherait de recommencer. Seulement, il était actuellement en pleine phase de digestion.

Le déjeuner avait été aussi succulent qu'il l'avait espéré. Ça faisait longtemps qu'il n'avait rien mangé d'aussi bon et régénérateur : lorsqu'on travaille dur pour de la misère, il y a certains petits plaisirs qu'on ne peut pas s'accorder. Pendant tout le repas, il avait continué à bombarder Syane de questions sur mille et uns sujets divers ; notamment, il lui avait demandé si elle était capable de dessiner, question à laquelle la Marchombre n'avait pas vraiment répondu. Il avait déjà rencontré des Dessinateurs, et avait entendu parler de leur pouvoir particulier tirés de l'Imagination : l'Art du Dessin. A en croire les informations qu'il avait pu récolter, quasiment tout le système de communication de l'Empire reposait sur le pouvoir des Dessinateurs. Ceux-ci l'intriguaient presque autant que les Marchombres ; même si il était bien conscient de n'avoir aucun Don pour le dessin. Il n'avait jamais réussi à faire pénétrer ne serait-ce que le bout de son nez dans les Spires les plus basses, et ce n'était pas faute de tentatives.

- Je te suis. Et pas de discussion, bien sûr, ajouta Syane, non sans une pointe de moquerie.

// Le garçon referma sa bouche. Il s'apprêtait à sortir quelque remarque inutile le temps d'étudier la paroi, mais s'était fait interrompre avant même d'avoir pu prononcer le moindre mot. A croire que la jeune femme était douée du Don d'anticipation. //

- A vos ordres commandante ! capitula-t-il avec un sourire en coin.

// Sans plus attendre, il attrapa sa première prise. Il s'aperçut tout de suite que l'exercice que lui proposait Syane était d'un autre niveau que ce qu'il avait l'habitude d'escalader. Les blocs étaient mieux ajustés, les prises plus glissantes, et moins fermes, comme si elles s'effritaient sous ses doigts... Mais pas question de se laisser décourager par quelques embûches. Ces difficultés étaient tout à fait surmontables ; Syane lui avait demandé de grimper jusqu'au sommet, et bien, il grimperait ; sans répit, jusqu'à avoir atteint son objectif.

L'apprenti marchombre mit un point d'honneur à ne pas hésiter pour choisir ses prises. Il sentait la présence de la rouquine près de lui, en train de l'observer, probablement prête à le secourir si quelque chose n'allait pas... Ou pas. Il progressait assez rapidement, mais l'épuisement frayait son chemin lentement et sûrement à travers ses muscles. La longueur de ascension ne l'aurait pas dérangé en temps normal, mais couplée de la difficulté de la paroi, elle devenait plus problématique...

Au bout d'un moment, le garçon s'accorda une petite pause pour décrisper ses doigts et ses bras. Il en profita pour jeter un coup d’œil vers le vide : il était monté fichtrement haut, quand même. Mais n'étant pas sujet au vertige, cela ne l'affectait pas beaucoup. D'ici, la vue sur Al-Far était fantastique. Mais ce n'était pas le moment se s'attarder à l'admirer, il avait une escalade à terminer.

Il aperçut du coin de l’œil Syane, qui eut vite fait de le rejoindre. La Marchombre se déplaçait sur le mur avec une aisance presque surnaturelle. Comment diable faisait-elle pour grimper aussi vite ?

Aksel lui adressa un sourire, et jugea inutile de gaspiller son souffle à lui parler, surtout en plein effort. Pour une fois, il consentit de lui-même à garder le silence. Il se concentra sur le sommet de la tour et recommença à escalader. //

[Riverelle]

// Regarder son élève déployer autant d’efforts offrait un passionnant intérêt dans un spectacle dont Syane ne se lassait de regarder.
Son élève. Elle avait un peu de mal à y croire. Deux jours plus tôt, elle était arrivée à Al-Jeit avec pour seul projet de visiter la capitale, ce qui n’était en fait pas tout-à-fait un projet. Jamais elle n’aurait imaginé qu’elle repartirait accompagnée. Et pourtant, elle avait de plus en plus de conviction à accepter comme réalité la présence à ses côtés de ce jeune adolescent, qu’elle observait se débattre contre cette paroi de pierre, luttant contre la contradiction de la pesanteur et la force des éléments. Il fallait avouer qu’il se débrouillait bien ; la rouquine veilla cependant à ne rien laisser transparaître sur son visage.


Elle se suspendit un instant, le corps incliné contre l’air, en se retenant par le bout des doigts sur une fente entre deux pierres, pour l’observer plus attentivement. Ses phalanges blanchissaient sous la crispation que l'exténuation leur faisait subir, ses muscles tremblaient sous l’éreintement, sa poitrine se soulevait en halètements de fatigue. La jeune femme sourit avec attendrissement, et s’élança à une hauteur égalitaire à celle du jeune garçon. Il décontracta ses lèvres une fraction de seconde, pour lui adresser un petit sourire. La rousse demoiselle lui sourit à son tour, sans pour autant dire un mot. D’une part parce que le fatiguer encore plus n’était pas dans ses plans initiaux, d’autre part parce qu’elle n’avait rien à lui dire. Il n’en avait pas besoin ; ni d’encouragements, ni de signe d’approbation, ni rien d’autre.


Ils étaient presque arrivés à présent. Syane s’immobilisa, une jambe et un bras dans le vide, regardant son apprenti affrontant l’alliage du vide et de l’épuisement à la seule force de ses membres affolés et roulants sous sa peau distendue par-dessus son ossature fine. La jeune femme leva les yeux vers le sommet de la tour. Pas beaucoup plus qu’une vingtaine de mètres. Elle se replaça à sa hauteur en se projetant plus haut d’un pliement de cheville pour crocheter une prise, sans le quitter des yeux une seule seconde. Les derniers instants étaient alourdis des efforts précédemment fournis, aussi savait-elle par expérience qu’il fallait rester sur ses gardes jusqu’à la fin, sans toutefois le montrer à Aksel.


Ils atteignirent le sommet de la tour.
Syane contraignit cependant son élève à escalader les ardoises noires qui formaient le toit, avant de se percher sur le haut de la cheminée bordant le faîte. Elle prit la main d’Aksel pour l’aider à la rejoindre et le soutint jusqu’à ce que son souffle l’ait un peu regagné. Alors, elle se hissa sur la pointe des pieds et écarta les bras, comme pour enlacer le vent. //

« Jeune homme, écoute attentivement. Je ne t’ai pas mené en haut de cette tour pour te vider de tes forces, et encore moins pour évaluer tes compétences en escalade. Regarde, Aksel. »

// D’un geste de la main, elle désigna les alentours opalins, voilés deci-delà par des écharpes de brume. La brise leur fouettait le visage, accompagnant ses souffles de la fraîcheur de la pluie. Elle aussi, poussée par le vent, volait en gouttelettes autour d’eux. Le ciel laiteux laissait transparaître une lueur étincelante, rendue immaculée par cette couvrante ivoirine, luisant au-delà des lambeaux argentés de graciles nuages. La cime d’Al-Far offrait un spectacle époustouflant de nature et d’élancement irisés, effaçant les environs nébuleux qui couvraient le jour alors qu’ils avaient commencé leur montée. //

« Regarde bien. La Voie n’est pas un sentier battu. Un Marchombre emprunte la Voie, mais en même temps, il en trace une également, autrement plus étonnante : celle qui lui est propre. Chacun est unique par sa façon d’appréhender et de tracer la sienne. C’est cette Voie-là qui le mène au sommet et qui lui fait toucher les étoiles. C’est cette Voie-là qui lui apprend la liberté. Un Marchombre est libre, n’oublie jamais ça. Un Marchombre est libre, et rien ni personne ne peut lui enlever sa liberté. »

// La jeune rouquine prit une profonde inspiration, laissant les éléments mouiller son visage, faire voler ses cheveux, glacer le bout de ses doigts. Elle adressa un sourire bienveillant à son apprenti. //

« Tu es sur la Voie, Aksel. »

[Fin de RP]

[Katleen Makerley]

[Début de RP entre Uralys Trimari (Thalia Gilsayan) et Yaaleen Armyan (Katleen Makerley)]

// Il faisait nuit noire. Yaaleen pouvait enfin quitter la taverne en toute sérennité. Elle ne pouvait plus supporter les hommes qui se remplissaient la panse d'alcool à en vomir. Les mêmes hommes qui tentaient de la courtiser. Elle se faisait un point d'honneur à ne pas les frapper car ils ne méritaient pas les coups d'un marchombre mais parfois, elle en avait vraiment très envie.

Elle avait vérifié les lieux une bonne dizaine de fois pour se convaincre qu'aucun mercenaire ne trainait dans les rues. Elle avait décidé de s'éloigner de quelques dizaines de mètres de l'établissement où logeaient Aksel, Aliya, Olorin, leur petite soeur et elle-même. Elle ne savait pas quelles étaient les capacités du garçon mais il n'était pas un apprenti marchombre pour rien après tout. Et puis, s'il y avait un danger, elle n'était pas loin. De toute manière, elle ne s'éloignait qu'une heure, pas plus. Elle ressentait le besoin d'effectuer sa gestuelle marchombre.

Elle s'arrêta près d'un arbre et ferma les yeux. Elle vida son esprit et commença son entrainement.

Harmonie.

Paix.

La marchombre rouvrit les yeux. Elle respira profondément, captant l'esprit de l'arbre près duquel elle se trouvait.
Elle aurait aimé proposer à Aksel de l'accompagner pour effectuer la gestuelle mais elle ne voulait pas laisser les trois enfants seuls et Aksel n'était pas son apprenti.

Ces derniers temps, elle ressentait parfois le besoin de guider quelqu'un sur la voie. L'occasion ne s'était jamais présentée à elle. Se présenterait-elle un jour en fait ?

Yaaleen chassa ses pensées noires de son esprit et se replaça dans le but d'effectuer une seconde danse marchombre. C'est alors qu'elle vit une silhouette se glisser dans la nuit. Il y avait un peu de lumière ça et là et la brune entraperçut une longue chevelure de la même couleur que la sienne. C'était une grande femme, qui venait de s'arrêter. La marchombre s'approcha et put finalement reconnaitre la personne qui se trouvait en face d'elle. Uralys Trimari. //

- Je suis contente de te revoir, as-tu jamais récupéré ton cheval ?

[Thalia Gilsayan]

// De jour, Al-Far était une ville tout à fait charmante. C'était l'une de ces rares cités du pays qui n'avaient pas été touchées par une folie des hauteurs et parle développement d'un enchevêtrement complexe de structures entremêlées, consciencieusement imaginé par de prestigieux Dessinateurs, le tout dans un festival de couleurs chatoyantes et agressives pour les pupilles. Non, Al-Far avait conservé ses routes pavées, ses maisons moyenâgeuses, cette atmosphère trémoussante. Al-Far était un retour dans le temps, une véritable relique du passé à l'Ouest de l'Empire.

Mais de nuit... Les ruelles devenaient beaucoup moins fréquentable. Le silence se faisait pesant et inquiétant. Seuls résonnaient des rires gras et inhumains. Des effluves d'alcool s'échappaient des tavernes encore ouvertes, repaires des bandits et des personnes de fréquentation douteuse. Sous le clair de lune, on se rendait davantage compte d'à quel moins les rues étaient sales et mal entretenues. Comme les murs, dévorés par la mousse et les parasites, menaçaient de s'écrouler. Comme chaque bâtiment était un vestige sur le pour d s'effriter. On percevait bien plus la misère aussi, les bandes d'enfants vagabonds sortis pour détrousser les hommes abêtis par l'alcool et étrangers perdus dans l'obscurité.

En effet, Al-Far était bien plus jolie de jour. Mais il n'y avait rien de tel qu'un aperçu de l'activité nocturne pour faire connaissance avec cette ville.

Uralys marchait nonchalamment dans les rues, en observant les alentours d'un regard neutre. Il y avait de quoi s'inquiéter, mais rien n'était véritablement en mesure de la mettre en état d'alerte. Les hommes ivres ne constituaient pas un lourd fléau, ni les gamins sans abris, et il n'y avait guère d'autres personnes dehors à cette heure-ci.

La jeune femme s'arrêta néanmoins en apercevant à une quinzaine de mètres une silhouette adossée à un arbre, qui effectuait une étrange chorégraphie. Ça, ce n'était ni un gamin ni un alcoolique. Prise de curiosité, elle s'approcha davantage, tout en observant ce curieux rituel, intriguée. Au fur et à mesure qu'elle se rapprochait, il lui semblait que cette silhouette indistincte devenait de plus en plus familière. Celle-ci finit par tourner la tête vers elle. //

- Je suis contente de te revoir, as-tu jamais récupéré ton cheval ? s'enquit la jeune femme qui lui faisait face.

// Uralys plissa les yeux, tentant de se souvenir du nom de son interlocutrice. //

- Yaaleen ! Quelle bonne surprise. Je suis tout aussi ravie de te croiser ici. Et oui, j'ai finalement retrouvé Tornade. Mais c'est une longue histoire...

// Yaaleen, la très possiblement Marchombre qui l'avait aidée contre un voleur et des bandits à Al-Vor - cette jeune femme à qui elle devait une dette depuis ce jour là, qu'elle n'avait toujours pas eu l'occasion de rembourser. Il s'en était passé des choses depuis leur rencontre. //

- Comment vas-tu depuis tout ce temps ? demanda-t-elle en souriant. Et qu'est-ce qui t'amène à Al-Far ?