Plateaux d'Astariul

[Miss RP]

Plateaux d'Astariul

// Les Plateaux d'Astariul se trouvent au Nord d'Al-Far. Lieu particulièrement inhospitalier, parmi les plus dangereux de Gwendalavir, on ne le traverse pas par plaisir.

C'est aussi le seul endroit où se côtoient les deux formidables prédateurs que sont le Brûleur et la Goule. D'ailleurs n'oubliez pas que la Goule ne craint que le feu et que la seule matière capable de la blesser est le bois. Cela pourrait vous maintenir en vie.

Désert aride et sec, il n'y pousse quasiment aucune végétation. Les seuls lieux de repos que l'on peut y trouver sont les quelques bâtisses abandonnées dans les plateaux. Elles ont été construites par des explorateurs ou des courageux voulant s'y installer. Celles-ci sont désormais désertes, nul n'est resté ou a survécu dans ce lieu. //

Lieu de Isara

[Aquilea]

[RP avec Selly]
PJS Ellediel Lozano

// Lorsqu'Ellediel ouvrit les yeux, le soleil était très bas dans le ciel. La pénombre tombante l'empêchait de reconnaître les lieux qu'elle avait atteint, sur le dos d'Orion. Pourtant elle se targuait de connaître les environs d'Al-Far comme sa poche... Mais assurément, elle n'avait encore croisé de tels plateaux désolés.

Plateaux.

Le mot fit tilt dans sa tête et la cadette Lozano frissonna d'effroi. //

** J'ai rejoint les plateaux d'Astariul ! **

// Elle laissa échapper une flopée de jurons fleuris ; elle s'était encore endormie en selle. Et cette fois-ci, cet idiot de canasson les avaient portés au dernier endroit qu'elle aurait souhaité atteindre. Et surtout pas au début de la nuit ! Elle pesta et grogna, frappant les flancs d'Orion de ses talons. //

- Cheval débile ! Ça pourrait t'arriver de réfléchir ou de suivre ton instinct, parfois ?

// Ledit cheval débile n'eut aucune réaction, trop occupé à digérer les kilos d'herbes qu'il avait avalé durant l'après-midi. Ellediel tenta de le faire bouger, en vain. Inquiète, elle se redressa sur sa selle ; malgré la chaleur ambiante de ce soir d'été, elle frissonnait. A 15 ans, elle imaginait très bien l'issue d'une rencontre avec une goule : elle ne ferait pas long feu. C'était certain, si elle ne motivait pas ce fichu canasson à déguerpir sur le champ, elle n'aurait plus qu'à numéroter ses abattis...

Elle avisa une vieille bâtisse qui semblait abandonnée. La meilleure chose à faire, songeait-elle, était encore d'aller s'y réfugier le temps de la nuit. Elle rentrerait à la maison au petit jour. Elle talonna de nouveau Orion, avec moins de fougue cette fois-ci. Le cheval leva aussitôt la tête ; la jeune fille le dirigea vers l'ancienne habitation.

Ellediel descendit de son dos et, attrapant les rênes d'une main, elle poussa la porte, sur ses gardes. Il n'était pas exclu qu'une bestiole y ait élu domicile... Mais non, la maison était bien inhabitée. La jeune ado laissa échapper un soupir de soulagement. Au moins, elle aurait le temps de se reposer un peu avant de reprendre la route. Elle décida de faire le tour de la maison, laissant Orion à l'extérieur (mais pas sans l'avoir attaché avant).

La bâtisse n'était composée que de trois pièces : une salle assez spacieuse qui comprenait cuisine, salle à manger et pièce à vivre ; une chambre très lumineuse et une petite salle de bain. La visite était donc plutôt rapide. Ellediel retourna dans la pièce principale et commença à farfouiller dans les meubles.

Manifestement, les anciens propriétaires étaient partis dans la hâte. C'était une chance inespérée pour elle : elle trouva un assortiment de couverts propres dans un tiroir. Dans le petit placard au-dessus du vieux poêle à bois rouillé, elle découvrit un sachet de baies séchées, encore bons à manger. Les propriétaires avaient aussi laissé un petit lit, dans un coin de la pièce. Ellediel en était ravie : même si le sommier était abîmé, elle aurait au moins un matelas moelleux pour dormir cette nuit-là.

Elle s'installa sur le lit, le sac de fruits entre les jambes, et s'apprêtait à manger lorsqu'un hurlement de loup se fit entendre, suivi d'un hennissement affolé. Orion. Le prédateur était vraiment tout proche, et Ellediel se retrouverait piégée si elle attendait bien sagement dans la maison la venue des autres loups. Empoignant un des couteaux de cuisine, elle sortit en trombe et s'approcha de son cheval. Il avait les yeux révulsés, les oreilles plaquées à l'arrière du crâne, et était manifestement en proie à une peur immense. Ellediel essaya de le détacher. Ses mains tremblaient ; elle dût s'y reprendre à trois fois. Elle s'apprêtait à monter en selle lorsqu'un nouveau hurlement retentit, suivi d'un deuxième, et d'un troisième... Orion se cabra et partit au triple galop.

Ellediel n'avait pas lâché les rênes et se fit traîner quelques mètres. Finalement, elle se résolut à laisser partir le cheval. Elle contempla ses mains : brûlures, superficielles mais douloureuses. Elle se félicita intérieurement d'avoir solidement accroché le couteau de cuisine à sa ceinture.

Les loups approchaient. Elle les voyaient. Elle les attendait. //

[Selena Edelwes]

PJS Even Mecyan

- La nuit va bientôt tomber, la lune vient de naître.

// Un hennissement agacé répondit à la voix. Even Mecyan poursuivit, d'un ton d'excuse : //

- Je n'avais pas prévu de rester aussi longtemps sur les Plateaux, je ne sais pas où dormir...

// Le hennissement se fit courroucé. Even soupira. Il était venu ici pour obtenir des réponses et voilà qu'il allait repartir avec de nouvelles questions... Pourquoi était-il venu ? Parce qu'il avait encore une fois tenté de suivre une énigmatique phrase de son Maître. Non. Lunilo lui avait signifié qu'il resterait toujours son maître mais... Voilà le problème : ce "mais". Even ne comprenait pas. « Mais tu es un Maître Marchombre, à présent », avait déclaré Lunilo. Un Maître ? Capable de montrer la Voie à quelqu'un, d'apprendre, de transmettre... Even avait encore beaucoup trop à apprendre, à découvrir. Il avait beaucoup trop de doutes et de questions sans réponses. Se pourrait-il que Lunilo soit devenu un peu gâteux ? Even soupira à nouveau. Non, il ne pouvait pas penser à son Maître de cette façon. « Astariul te répondra si tu n'y parviens pas toi-même » avait affirmé Lunilo. Bien sûr, Even avait une fois encore suivi aveuglément cette phrase des plus énigmatiques.
Voilà pourquoi il était perdu dans l'un des endroits les plus dangereux de Gwendalavir, au crépuscule, avec son cheval qui lui faisait sentir son mécontentement. Even poussa un profond soupir //

- Viens, Paluche, on va se trouver un abri pour la nuit. On peut trouver des cabanes abandonnées par les pionniers dans cette direction.

// Rassénéré par cette déclaration, Paluche se mit à trottiner dans la direction indiquée. C'était un joli cheval gris, endurant mais caractériel, peureux mais sensible. Even Mecyan l'encouragea en le caressant doucement. Apaiser son cheval était sa priorité car il était conscient des dangers qui les guettaient. Paluche n'hésiterait pas à détaler au triple galop au moindre bruit suspect, avec ou sans lui, s'il n'était pas vigilant.

Soudain, Paluche s'arrêta, oreilles dressées. Even se retint de soupirer et écouta. Un cheval fonçait droit sur eux. Papuche, étrangement calme, ne bougeait plus, comme s'il attendait qu'Even fasse quelque chose. N'y avait-il donc aucun danger sérieux ? Le Marchombre se laissa glisser à terre et se mit à murmurer...

Peu après, Even caressait doucement l'encolure du cheval encore effrayé. En examinant les rennes, il trouva ce qu'il cherchait. Le marchombre attacha rapidement les deux montures ensemble : elles ne risquaient rien ici. Il crut bon d'en informer Paluche, car si son cheval était trop couard pour le suivre, il risquait toutefois de se vexer. //

- Attendez-moi ici. Je reviens.

// C'était certes laconique mais c'était efficace. Even Mecyan suivit les profondes traces laissées par le cheval effrayé. Cessant de réfléchir, il se coula dans la forêt, trouvant enfin la sérénité tant désirée. Ombre parmi les ombres, il se rapprocha de ce qui semblait être une meute de loups. Une meute de loups ayant trouvé une proie. Le propriétaire du cheval, sans doute. La meute n'était pas très ordonnée puisqu'elle n'encerclaient pas parfaitement la proie... Ils ne devaient pas avoir si faim que ça. Even s'approcha encore. Il ne savait pas exactement pourquoi.

Une clairière. Even se hissa prestement au sommet d'un arbre à la lisière. De son observatoire, il pouvait distinguer les loups, peu nombreux. Trop peu nombreux pour ne pas encercler toute la clairière, fournissant un échappatoire à la proie... si elle s'en rendait compte. L'attention d'Even se concentra sur la forme humaine. Une fillette. Quinze ans, tout au plus. Elle avait dû trouver refuge dans la maisonnette à l'autre bout de la clairière... Que faisait-elle à son âge, seule sur les dangereux plateaux d'Astariul ? Inconsciente ! Attendre une meute de loups au milieu d'une clairière... Pourquoi n'était-elle pas restée à l'intérieur ou en sécurité au sommet d'un arbre ? Son cheval, sans doute, stupide canasson, l'avait traînée ici...

Attendre. Cette fillette attendait les loups. Elle serrait un dérisoire couteau dans sa main et attendait les loups. Les lèvres du Marchombre s'étirèrent en un sourire satisfait. Il s'installa plus confortablement sur sa branche et attendit, lui aussi. //

** Tu as une chance, petite. Saisis-là et je pourrais envisager de te venir en aide. **

[RP abandonné/suspendu]

[Thalia Gilsayan]

[RP entre Aliya Tintallë, Yaaleen Armyan et Aksel Tzâfihyr]

// Ils avaient quitté Al-Far depuis quelques jours, en longeant d'abord l'Ombre, et se dirigeaient maintenant vers le Pollimage. La région des plateaux d'Astariul était l'une des plus dangereuses de Gwendalavir, notamment à cause de la présence de dangereux prédateurs tels que la Goule et le Brûleur, mais aussi parce que le relief plat et l'absence totale de végétation les obligeait à avancer à découvert. Aussi se déplaçaient-ils prudemment et toujours groupés, ne pouvant se permettre de se séparer comme ils l'avaient fait dans les Grandes Plaines.

Aksel était assez nerveux. Il jetait fréquemment des regards furtifs autour de lui, guettant un mouvement suspect à l'horizon, et vérifiait de temps à autres que tout le monde suivait le rythme. Il n'aimait pas cette contrée, beaucoup trop aride et déserte ; presque pas d'arbre, sinon vieux et desséchés. Il croisaient de temps à autres quelques cabanes abandonnées et délabrées. Et les rares empreintes de pattes qu'il leur arrivait parfois de discerner dans la terre sèche étaient peu rassurantes. Seuls son arc et son carquois de flèche dans son dos lui procuraient un peu de réconfort. Leur voyage avait été relativement calme depuis le début de leur périple, aussi redoutait-il une attaque. Dans leur état de fatigue, ils auraient certainement du mal à se défendre efficacement. Plus vite ils auraient traversé les plateaux, mieux ce serait ; mais ils ne pouvaient pas trop accélérer le pas, afin que les plus jeunes puissent se maintenir à l'allure.

Il avait clairement besoin de se détendre. Il n'avait pas trop envie de tenir une conversation sur la suite de leur voyage avec Yaaleen, pas pour l'instant. Et Aliya semblait peu encline à discuter pour le moment. Restait Olörin, qu'Aksel ne connaissait pas encore bien. Avec un sourire malicieux, il s'approcha du garçon. //

- Hey, ça te dit de jouer à un jeu ? fit-il.

// Aksel se pencha pour ramasser un caillou orangé, sur lequel on pouvait distinguer quelques motifs entremêlés, faisant plus ou moins penser à un crapaud. //

- J'aime bien ces cailloux, tous différents... Celui qui trouve le plus original a gagné !

// Sur ce, il en ramassa un autre, qu'il compara avec son premier caillou. Celui-ci n'avait pas de motif particulier, mais brillait légèrement, comme incrusté de milliers de paillettes. Joli. Il le glissa dans une poche, et se mit à la recherche d'un autre type de roche. Il pourrait toujours en faire un collier de cailloux quand il s'ennuierait.

Le demi-faël jeta un regard derrière lui, fixant d'abord le sol, puis laissa ses yeux dériver vers le haut... Il fronça les sourcils. Il lui semblait voir une tâche dans le lointain. Il plissa les yeux. Mais la chaleur troublant la ligne d'horizon, il lui était difficile de distinguer exactement ce dont il s'agissait... Peut-être juste un effet de son imagination ? //

[Elerinna Calaelen]

// Depuis le début du voyage, qui semblait avoir commencé il y a une éternité pour Aliya, la jeune fille était passée par plusieurs stades, sans pour autant qu'aucun d'eux ne se transmettent par quelconque expression faciale autre qu'un visage crispé. De la peur au ventre jusqu'au vide intersidéral, en passant par la rage sourde, son cerveau et son cœur s'étaient alliés pour la faire traverser tout le panel des sentiments qu'un être humain était en capacité de ressentir. Ce qui était bien trop pour une gamine pas même majeure, qui, il y a moins d'un an, vivait sa vie sans rien demander à personne.

Actuellement, les montagnes russes des émotions la faisaient embarquer sur le chemin de l'incertitude. Et à bien des égards. Douter du bien fondé de toute cette entreprise semblait plus que normal. La fuite était-elle réellement la meilleure solution ? N'y avait-il pas d'autres moyens, d'autres cachettes ? Mais puisque la décision avait été prise, ces interrogations arrivaient trop tard pour apporter leur pesant d'utilité. Douter alors, de la loyauté de Yaaleen. La suspecter, encore et toujours. Pourquoi ne racontait-elle rien sur sa vie ? Pourquoi gardait-elle cet air méfiant ? Elle avait cependant su se montrer fidèle, et d'une compagnie agréablement silencieuse jusqu'alors. Aliya finit donc par douter d'elle-même. Incertaine quant à ses capacités à tenir le choc et à protéger les siens. D'autant plus que parfois, des pensées la prenaient par surprise. Lorsqu'elle laissait à son cerveau un répit, lorsqu'elle cessait quelques secondes de s'inquiéter et de se torturer l'esprit, elle pensait à Aksel. Ou plus précisément, au sourire rassurant d'Aksel. Mais elle s'interdisait bien évidemment de laisser son cerveau vagabonder dans ces eaux-là plus d'une microseconde. //

- Hey, ça te dit de jouer à un jeu ?

// Olörin acquiesça, visiblement enthousiaste face à ce peu de distraction. Sa grande sœur était étonnée de la force d'esprit dont il faisait preuve, pour son si jeune âge. Peut-être était-ce justement son innocence qui lui permettait de faire abstraction du danger. //

- J'aime bien ces cailloux, tous différents... Celui qui trouve le plus original a gagné !

// S'élançant quelques mètres plus loin, le garçon s'abaissa pour ramasser une pierre gris foncée, avant de la rejeter avec dépit. Il continua sa route, et empoigna un nouveau caillou, plus gros, plus luisant. Il se retourna pour le montrer à Aksel, fier de sa trouvaille. Puis gambada à nouveau. //

- Olörin ne t'éloignes pas ! lui cria Aliya, qui le voyait déjà s'aventurer à une dizaine de mètres devant eux.

// Il fit mine de ralentir, et fouilla le sol à la recherche de nouveaux trésors. Il appréciait bien plus Aksel que Yaaleen, peut-être parce qu'il était toujours plus souriant qu'elle. Et il n'en fallait pas plus à un petit garçon pour apprécier quelqu'un. Alors il aurait aimé lui faire plaisir, et lui ramener le caillou le plus original qu'il ait jamais vu. Donc dès que sa grande soeur baissa les yeux un instant pour regarder où elle mettait les pieds, il s'éloigna à nouveau, certain qu'il y aurait bien plus de jolis cailloux un peu plus loin. //

[Katleen Makerley]

// Yaaleen et Aksel avaient décidé de se diriger désormais vers le Nord, ils faisaient un tour entier de la partie sud de Gwendalavir pour se rendre finalement à la citadelle des Frontaliers. Son frère faisant partie de cette "armée", ils pourraient loger là-bas le temps qu'il faudrait pour que les mercenaires du Chaos soient éradiqués ou que du moins la menace devienne plus faible.

La marchombre était descendue de son cheval pour se dégourdir les jambes et Aksel, Olörin et Aliya en profitèrent pour faire de même. La brune s'éloigna un peu, les laissant profiter de leur pause à trois. Elle savait qu'elle n'était pas vraiment appréciée par le reste du groupe et essayait de leur faire subir sa présence le moins possible. Autant qu'ils ne soient pas plus mal à l'aise qu'ils ne pouvaient l'être déjà.

Elle entendit vaguement l'apprenti proposer un jeu au petit garçon. Elle les observa un instant avant de jeter son regard vers l'horizon. Il leur restait encore une grande distance à parcourir avant de rejoindre la Citadelle. //

- Olörin ne t'éloigne pas !

// Yaaleen reporta son attention sur le garçon qui commençait à fuir leur compagnie. La jeune femme n'était pas sereine. Elle avait peur qu'il y ait de trop grandes menaces qu'ils ne pourraient combattre. Après tout, ils n'étaient que deux à savoir réellement se défendre. Et contre une goule, ce serait difficile de s'en sortir. Alors la marchombre restait toujours sur ses gardes à l'affût du moindre danger. Et elle faisait bien. //

- Ta sœur a raison, Olörin, tu devrais revenir vers nous.

// Sentant une menace proche, les muscles de la jeune femme se tendirent et elle cria presque. //

- Regroupez-vous autour des chevaux !

// Elle sortit deux poignards de sa ceinture et attendit, l'oreille et l'oeil attentifs. //

[Thalia Gilsayan]

// Olörin se prêtait au jeu avec un enthousiasme contagieux. Il bondissait vers les amas caillouteux les plus proches et s'arrangeait pour dénicher une perle rare, qu'il revenait aussitôt montrer à Aksel. Devant cette concurrence démesurée, le demi-faël allait bientôt être condamné à déclarer forfait ; et la palme du chasseur de cailloux reviendrait sans aucun doute au jeune Olörin Tintallë dont l'ardeur dans la recherche le menait à s'éloigner de plus en plus du groupe, au grand damn de sa grande sœur. //

- Olörin ne t'éloignes pas ! le rappela Aliya.

// Si Olörin semblait bercé par la belle insouciance caractéristique à son âge, et n'était nullement affecté par l'atmosphère inquiétante de la région, ce n'était pas le cas d'Aliya, qui gardait bien les pieds sur terre. Derrière le masque contrarié qu'elle portait en permanence, l'apprenti Marchombre pouvait deviner le flot d'émotions et de doutes qui se bousculaient, bien qu'il ne puisse réellement réellement s'imaginer toutes les humeurs que la jeune fille traversait. Il aurait souhaité pouvoir l'aider à surmonter ses craintes pour l'aider à retrouver confiance et légèreté, mais n'avait aucune idée de comment s'y prendre, alors se contentait de se montrer lui-même aussi jovial que possible, en espérant communiquer du soutien, de l'optimisme et de la bonne humeur à tout le groupe. Et plus il y pensait, plus il se disait que le doute était probablement la force qui la poussait à avancer, à surmonter les obstacles, à ne pas s'effondrer de désespoir face à l'acharnement du destin ou à commettre une erreur fatale par excès de confiance.

Après tout, n'était-ce pas ce que Niham lui avait si souvent répété ? Lorsque, petit, il se mettait à douter sur le sens du monde et de son existence ; qu'il se demandait où étaient ses parents, si son père le reconnaîtrait s'il le revoyait un jour, s'il s'entendrait bien avec lui, si sa mère était encore en vie, si elle l'attendait quelque part, si elle l'avait jamais aimé ; alors sa grand-mère s'agenouillait pour se mettre à sa hauteur, posait des mains réconfortantes sur ses épaules, plantait son regard dans le sien, et lui confiait sur un ton solennel : "Comme le disait un de mes vieux amis, le doute est une force, Aksel, une vraie belle force. Veille simplement qu'elle te pousse toujours en avant." Puis sur cette phrase inspirante, elle lui ébouriffait les cheveux et repartait vers la cuisine, d'où s'échappait en général une bonne odeur de biscuits chauds.

Niham lui manquait. //

- Ta sœur a raison, Olörin, tu devrais revenir vers nous, acquiesça Yaaleen.

// La Marchombre se tenait en retrait de leur groupe, les surveillant de loin, et n'ayant manifestement pas le désir de se mêler à eux. Aksel ne comprenait pas son attitude. Comment espérait-elle gagner la confiance des Tintallë en demeurant aussi distante avec eux ? Préférait-elle se donner l'allure d'une commandante stricte et hautaine au détriment de l'image d'une protectrice fiable et soucieuse de leur bien-être, qu'il lui semblait plus juste de renvoyer auprès des jeunes enfants ?

Le demi-faël fut soudain tiré de ses réflexions en voyant Yaaaleen se crisper et dégainer deux poignards. //

- Regroupez-vous autour des chevaux ! ordonna-t-elle.

// Vision improbable sortie tout droit de l'équivalent Alavirien du Far-West, la tâche que l'apprenti avait cru discerner à l'horizon avait grossi et ressemblait fortement à un homme à cheval - et certainement pas un postier. Progressant rapidement et strictement dans leur direction, il n'y avait pas de doute sur l'identité de l'individu : un mercenaire lancé à leurs trousses.

La perspective de subir une attaque en plein milieu de ce désert minéral ne l'enchantait guère. De plus, il ne savait pas si Yaaleen s'était déjà confrontée à un Mercenaire du Chaos expérimenté, mais lui, jamais - celle qu'il avait capturée avec Awa ne comptait pas. Il n'était qu'apprenti depuis un an, et n'avait reçu véritablement que 5 mois d'apprentissage. Si ses aptitudes en combat s'étaient radicalement améliorées, il était cependant loin d'être imbattable. Quant à Yaaleen, il ne l'avait jamais vue combattre véritablement - il l'avait déjà affrontée au cours du voyage en guise d'entraînement, mais elle retenait évidemment ses coups contre lui. A quel point pouvait-elle tenir tête à un Mercenaire accompli, qui pouvait peut-être avoir deux fois son âge ? Et il doutait que dans l'éventualité d'un affrontement, Aliya puisse aider, malgré toute sa bonne volonté... A eux tous, feraient-ils le poids ? Parviendraient-ils à vaincre leur adversaire tout en protégeant les plus jeunes, et à se préserver eux-même de blessures fatales ?

Aksel refoula la panique et se força a penser rationnellement. Opter pour la fuite n'était pas envisageable ; avec leur chargement, leurs chevaux seraient ralentis par rapport à leur Poursuivant et s’essouffleraient beaucoup plus rapidement. Le Mercenaire les aurait rattrapé bien avant qu'ils n'atteignent la Citadelle des Frontaliers. En revanche, il leur était possible de conserver la distance qui les séparait encore de leur poursuivant, jusqu'à... Jusqu'à quoi ? Il leur fallait trouver un moyen de gagner l'avantage sur leur assaillant d'une manière ou d'une autre. Un effet de surprise ? Un accueil soigneusement préparé ? Ils pouvaient tenter de monter une embuscade dans l'une des cabanes abandonnées qu'ils croisaient régulièrement sur leur chemin. L'idée était folle, mais pas insensée. Pour les détails, ils avaient le temps de discuter en chemin.
Il n'y avait pas de temps à perdre.

Aksel grimpa sur sa monture, en prenant Olörin avec lui. Leurs chevaux s'élancèrent au galop soulevant un nuage de poussière. Pas très discret comme départ, mais de toute manière, ils étaient déjà repérés. //

- On devrait s'arrêter à la première cabane qu'on croise et monter une embuscade, s'écria-t-il pour que tout le monde l'entende - tous sauf le Mercenaire bien entendu, mais il se trouvait bien à 2 kilomètre derrière eux, aucune chance que le son de sa voix porte jusque là. C'est le seul moyen que je vois pour éviter l'attaque frontale, qui risquerait de ne pas se conclure en notre faveur.

[Elerinna Calaelen]

- Regroupez-vous autour des chevaux !

// Il n'avait même pas fallu une dizaine de secondes pour que toutes les craintes d'Aliya se cristallisent en une ombre menaçante apparue au loin. Un homme à cheval avançait droit vers eux, à vive allure. Bloquée dans sa terreur, elle jetait des regards affolés vers Yaaleen et Aksel. Seule la vue d'Olörin sorti du danger par le jeune Faël lui permit de se relâcher et d'agir. Elle avait toujours eu plus peur pour les autres que pour elle-même, si bien que toute son intrépidité s'évanouissait lorsqu'elle voyait son frère ou sa sœur s'éloigner, mais elle sortait de son immobilisme dès qu'elle les savait en sécurité, quitte à prendre des risques démesurés pour elle-même.

Mais le moment n'était de toute façon pas (encore) au courage exacerbé. //

- On devrait s'arrêter à la première cabane qu'on croise et monter une embuscade, s'écria Aksel. C'est le seul moyen que je vois pour éviter l'attaque frontale, qui risquerait de ne pas se conclure en notre faveur.

// Emportée sur la monture de Yaaleen, Aliya s'agrippa à la crinière de la jument en tenant sa petite sœur entre ses bras. Il lui fallait penser, et vite. Les deux Marchombres iraient au combat sans réfléchir si le Mercenaire les trouvait et forçait la porte de leur cabane de fortune. Et elle, que ferait-elle ? Elle ne pourrait pas laisser les deux cadets sans protection, mais elle ne se voyait pas les couver en observant le combat de loin. Quelles armes possédait un Mercenaire ? Quelle formation, quelle puissance ?

Les quelques minutes d'un galop turbulent ne lui offrirent pas suffisamment de temps pour penser. Déjà ils atteignaient un cabanon en vieux bois, mangé par les liserons. Aksel était descendu et leur tenait la porte en les pressant d'un regard inquiet, tandis qu'Olörin se réfugiait déjà à l'intérieur. La brune se retourna pour évaluer la distance qui les séparait de leur poursuivant, dont elle n'aperçu qu'un nuage de fumée qui se rapprochait. Tirée à l'intérieur par la Marchombre, elle pu à peine souffler que la porte se referma sur eux, les laissant dans une obscurité anxiogène et poussiéreuse. Maniëla toussa, recroquevillée dans un coin de la cabane à peine meublée.

D'un regard qui s'habituait progressivement au manque de luminosité, Aliya repéra une table, une commode bringuebalante aux tiroirs cassés, et un sommier de lit aux lattes brisées. //


- Est-ce-qu'on bloque la porte avec les meubles ? fit-elle en regardant Aksel.

// Elle imaginait que les esprits des Marchombres, comme le sien, s'efforçaient d'élaborer un plan au plus vite. Mais quoi qu'ils fassent, ça n'augurait rien de bon. Quand bien même ils parvenaient à se cacher et à tromper le Mercenaire, ils devraient passer la nuit ici, à entendre les rapaces hululer et le bois grincer. Et si le Mercenaire les trouvait, ce qui restait l'éventualité la plus probable, une porte bloquée ne tiendrait pas long feu … //

[Katleen Makerley]

// Rangeant ses poignards à vive allure dans leur étui respectif, Yaaleen grimpa sur son cheval et fit monter Aliya et sa petite soeur devant elle. Elle donna un petit coup de pied sur le flanc de l'animal qui partit au galop derrière celui d'Aksel. La marchombre n'aurait jamais pensé qu'ils se feraient attaquer en plein désert et ne savait que faire. Ils ne pourraient pas fuir éternellement. Le mercenaire était plus léger que leur groupe et les rattraperait tôt ou tard. Ils devaient trouver un plan pour l'attaquer et avoir une chance de l'emporter sans que personne ne meure. //

- On devrait s'arrêter à la première cabane qu'on croise et monter une embuscade. C'est le seul moyen que je vois pour éviter l'attaque frontale, qui risquerait de ne pas se conclure en notre faveur.

- Je suis d'accord ! cria Yaaleen en donnant son aval.

// En vérité, elle ne savait pas si ça aurait l'effet d'une embuscade puisque le mercenaire les verrait sûrement bifurquer, mais ils devaient tenter le tout pour le tout. Ils n'avaient pas vraiment le choix et ce serait peut-être la meilleur façon de faire face à leur ennemi.

Les enfants, suivis des deux marchombres, rentrèrent vite dans une vieille cabane en xylème recouverte de beaucoup de plantes feuillues. L'apprenti ferma la porte. //

- Est-ce-qu'on bloque la porte avec les meubles ?

// Ils avaient environ une quinzaine de minutes pour élaborer un plan, puisque la monture du mercenaire était au galop. Les meubles pouvaient leur donner une minute de plus et tout répit était bon à prendre. //

- Oui, c'est une bonne idée, ça nous fera toujours gagner du temps.

// Les trois Alaviriens commencèrent à bouger les meubles de sorte à bloquer toute la hauteur de la porte ainsi que la poignée. A lui tout seul, le mercenaire aurait du mal à enfoncer la porte rapidement. //

- Il ne nous reste plus qu'à élaborer un plan.

// La marchombre réfléchit un instant. Ils pouvaient utiliser les enfants comme appâts. Mais si le plan échouait, ils périraient. Idée à éliminer. Dans ce cas, il fallait qu'ils se cachent tandis qu'Aksel et elle se percheraient sur les vieilles poutres et sauterait sur l'ennemi une fois qu'il aurait franchi le chambranle de la porte. Yaaleen exposa son projet aux autres. //

- J'ai peut-être une idée... Aksel, toi et moi nous perchons sur les poutres là et là, dit-elle en montrant les bouts de bois, pendant qu'Aliya, Olörin et Maniëla se cachent. Il me semble qu'il y a une porte à l'arrière qui donne sur l'extérieur. C'est entouré de grands rochers donc il ne passera pas par là. Les mercenaires vont droit au but, c'est-à-dire par la porte d'entrée.

[Thalia Gilsayan]

// Les cinq compères galopèrent jusqu'au cabanon, îlot vert au milieu du désert. Il était en fait assez étonnant que la verdure recouvrant le taudis ait pu pousser, et même survivre dans ce climat aride. Ce cabanon avait du être construit il y a un certain temps. Un miracle qu'il ne se soit pas encore effondré. Mais avec l'affrontement qui se préparait, cela n'allait sans doute pas tarder.

L'apprenti Marchombre sauta de selle, aida Olörin à descendre du cheval, puis enjoignit tout le groupe à se réfugier à l'intérieur. Ils avaient tout au plus une dizaine de minutes pour échafauder une stratégie d'attaque convenable. //

- Est-ce-qu'on bloque la porte avec les meubles ? suggéra Aliya.

- Oui, c'est une bonne idée, ça nous fera toujours gagner du temps, répondit aussitôt Yaaleen.

// Aksel acquiesça et se mit aussitôt à déplacer les meubles les plus proches. A eux quatre - Maniela les observait sans vraiment comprendre ce qu'il se passait, mais Olörin participa comme il le pouvait - ils eurent vite fait d'obstruer le passage ; suffisamment pour donner pas mal de fil à retordre à leur poursuivant. //

- Il ne nous reste plus qu'à élaborer un plan, décréta Yaaleen.

// Elle réfléchit un court moment, et enchaîna presque aussitôt. //

- J'ai peut-être une idée... Aksel, toi et moi nous perchons sur les poutres là et là - elle désigna les poutres en question - pendant qu'Aliya, Olörin et Maniëla se cachent. Il me semble qu'il y a une porte à l'arrière qui donne sur l'extérieur. C'est entouré de grands rochers donc il ne passera pas par là. Les mercenaires vont droit au but, c'est-à-dire par la porte d'entrée.

// C'était mieux que rien, mais le demi-faël n'était pas convaincu par cette stratégie. La probabilité que la mercenaire décide tout compte fait d'emprunter la voie rocheuse, en constatant que l'entrée principale était bloquée, n'était pas nulle ; et s'l tombait sur les trois frère et soeurs sans défense, c'était cuit. En ce qui le concernait, il s'en sortait bien mieux avec son arc qu'en combat rapproché, autant dire que l'affrontement dans le cabanon ne lui disait rien qui vaille. D'autant plus que le lieu était non seulement étroit mais aussi assez obscur : si cela pouvait peut-être se révéler un avantage si leur adversaire n'avait pas l'habitude de combattre dans la pénombre, rien ne leur garantissait non plus qu'il n'était pas doté d'une vision nocturne.

Tout en réfléchissant, l'apprenti se dirigea vers la porte arrière et l'ouvrit. Comme l'avait annoncé Yaaleen, l'endroit était surplombé par de grands rochers, qui s'opposaient au soleil brûlant pour offrir quelques coins d'ombres. Suffisamment pour permettre à un peu de végétation de s'y développer. Notamment, Aksel discerna, non sans surprise, quelques pissenlits en fleur ayant poussé malgré tout dans ce territoire hostile. Cette vision lui renvoya une bouffée d'espoir : si des fleurs parvenaient à pousser au beau milieu des plateaux d'Astariul, alors parvenir à vaincre le Mercenaire sans essuyer trop de dégâts n'était au final pas une idée si insensée.

Les rochers entouraient plus ou moins la façade arrière du cabanon, mais pas tout à fait : un passage étroit se formait en un endroit. De quoi laisser passer le mercenaire, ou... de quoi laisser quelqu'un s'échapper. Une idée germa dans son esprit. Yaaleen n'allait pas aimer... Aliya non plus. Mais il devait tout de même leur proposer. //

- Attendez, je pense avoir mieux. Enlever à l'ennemi toute possibilité de repli offre un certain avantage, pas vrai ? On peut tenter de l'attirer à l'arrière de la maison, les rochers bloquent presque entièrement le chemin. Voilà ce que je propose : Maniela, Olörin, vous trouvez une cachette à l'intérieur, il y a peut-être des planques sous le parquet, sinon derrière un meuble restant... vous êtes petits, vous trouverez bien un endroit. Aliya, tu t'en sors avec les chevaux ? Dès que le mercenaire entre, tu t'enfuis sur leur dos par le passage entre les rochers ; le bruit l'attirera, il ne pensera pas à fouiller la maison et, pensant qu'on s'enfuie, se précipitera de l'autre côté. Yaaleen, tu te perches sur une des poutres, et dès que le mercenaire passe, tu arrives par derrière pour l'empêcher de rebrousser chemin, comme ça il sera bloqué à l'arrière de la maison. Moi, je me cache dans les rochers, et dès que je l'aie en vue, je l'attaque par surprise en le criblant de flèches. Et si ça ne suffit pas, je te rejoindrai pour te donner un coup de main au combat en corps à corps.

// Même s'il était persuadé que son plan pouvait fonctionner, il n'était pas aussi certain d'avoir convaincu les deux jeunes femmes. Aliya allait probablement protester à l'idée de devoir s'éloigner de ses frères et soeurs en les laissant sans défense, Yaaleen à l'idée de laisser Aliya partir seule. Lui-même ne souhaitait mettre personne inutilement en danger, cependant le nombre d'options qui s'offraient à eux était assez limité... //