Le Flamel

[Aquilea]

- Je... je crois que c'est du feu. Qui vient vers nous. A une vitesse incroyable.

// Ian se retourna et vit le rougeoiement assez caractéristique qui se rapprochait d'eux. Il écarquilla les yeux, soudain pris de terreur. Eileen lui prit la main et le sortit de son horreur. //

- COUUURS !!!

// Ian détala comme un lapin à la suite de son amie. Leur instinct de survie leur disait clairement de mettre un maximum de distance entre la flamme ravageuse et eux. Mais le feu - probablement magique - ne les laissait pas s'éloigner et semblait véritablement leur courir après. Ils galopaient aussi vite qu'ils le pouvaient, traversant le bâtiment qu'ils ne connaissaient pas vraiment, essayant de trouver leur chemin. Leur cavale les conduisit jusqu'au restaurant. //

- Eh ben, heureusement qu'on est sportifs tous les deux, sinon on serait déjà bien carbonisés...

// Il essayait de ne pas prêter attention aux craquements sonores qui se rapprochaient toujours plus et tentait de trouver une issue. Eileen fut plus rapide que lui. //

- Ian ! Par ici !

// L'interpellé fit volte-face et attrapa la main de son amie alors que la porte du restaurant s'embrasait. Il dévala l'escalier que la Gryffondor avait fini par trouver, tenant toujours sa main. Ils avaient descendu une vingtaine de marches quand Ian ressentit une secousse dans le bras. Fort heureusement il eut le réflexe de ne surtout pas lâcher la main d'Eileen, qui venait de dégringoler violemment de quelques marches. //

- Par Merlin ! Eileen, ça va ?

// Il se précipita à son niveau et l'ausculta rapidement. Elle s'était cognée à la tête et s'était légèrement ouverte. Le choc lui avait fait perdre connaissance... Mais l'incendie continuait sa progression, il pouvait même sentir la barre d'appui métallique se réchauffer seconde après seconde. Il n'avait pas le temps de la réanimer ; il agita sa baguette en direction de son amie et prononça une formule de lévitation. Sans lui lâcher la main, et en veillant à ce qu'elle ne se cogne pas sur les murs ou sur le plafond, Ian reprit sa route vers l'extérieur. //

- RAAAAAAAAAAAH ! CASSE-TOI, FEU A DEUX BALLES !

// Invectiver les flammes qui le poursuivaient ne risquait pas de l'aider, mais ça lui permettait de se sentir un petit peu mieux. Il continua à dévaler les escaliers en hurlant des insultes, jusqu'à arriver à une petite porte sur laquelle était écrit en grosses lettres brillantes "Sortie de Secours". Ian la poussa d'une main, l'autre tenant toujours la jeune femme inconsciente qui flottait derrière lui, et sortit en hurlant. Puis il donna un coup de pied pour la refermer et courut encore sur plusieurs mètres. Heureusement, la ruelle était déserte. Ian s'assura que le feu était bien contenu dans le bâtiment et leva le sortilège. Il réceptionna Eileen et la déposa en douceur sur le sol. Il lui secoua la main en prononçant son nom jusqu'à ce qu'elle rouvre les yeux. //

- C'est bon, on est sortis d'affaire.

[Katleen Makerley]

// Quand Eileen ouvrit les yeux, elle se trouva nez-à-nez avec son ami. Il semblait à la fois terriblement inquiet et essoufflé. //

- C'est bon, on est sortis d'affaire.

// Que s'était-il passé pour qu'il soit dans cet état ? La Gryffondor ferma les yeux à nouveau, cherchant dans sa mémoire.

L'image d'un feu qui les poursuivait et de sa chute dans les escaliers lui revint enfin en tête. Elle essaya de se redresser, mais la tête lui tourna. S'allongeant de nouveau sur le sol, elle planta son regard dans les yeux de Ian. //

- Je crois que je t'en dois une... Merci de m'avoir sauvé la vie...

// Décidément, ces derniers temps, Eileen comptait beaucoup sur le rouge-et-or pour la sauver de nombreuses situations.

Après quelques instants silencieux, elle essaya de s'asseoir à nouveau. //

- Tu crois que ça venait d'où cet incendie ? Criminel ou pas ?

// Elle n'en revenait pas qu'ils avaient failli mourir. S'il ne s'était pas rendu compte de sa chute, Ian l'aurait laissée là, dans les escaliers, à une mort certaine. Heureusement, qu'ils n'avaient pas perdu contact lors de leur course effrénée.

La batteuse prit soudainement son ami dans ses bras, le serrant de toutes ses forces. //

- Je sais vraiment pas ce que je ferais sans toi Ketchup, merci encore d'avoir sauvé mon insignifiante vie.

[Aquilea]

// Ian laissa le temps à son amie de reprendre un peu ses esprits. Elle amorça un geste pour se redresser mais se rallongea bien vite sur le sol, pâle comme une Inferi. Le jeune homme l'observa d'un air inquiet, de peur qu'elle ne retombe dans les pommes ; néanmoins le regard d'Eileen se vissa dans le sien. //

- Je crois que je t'en dois une... Merci de m'avoir sauvé la vie...

// Le poursuiveur baissa les yeux en silence. Oui, il lui avait sauvé la vie, mais s'il ne l'avait pas amenée au Flamel en premier lieu, il n'aurait carrément pas eu besoin de le faire... Maintenant qu'ils étaient tirés d'affaire et qu'Eileen avait repris connaissance, il se sentait à la fois épuisé par la redescente de l'adrénaline et sous le choc de ce qui venait de se produire. Ils venaient tout bonnement d'échapper à la mort ! //

- Tu crois que ça venait d'où cet incendie ? Criminel ou pas ?

- Je vois difficilement comment un endroit tel que le Flamel pourrait s'embraser de la sorte de manière accidentelle, répondit-il avec amertume. Il se reprit une fraction de seconde plus tard : Mince, pardon de t'avoir répondu aussi sèchement, j'étais entrain de...

// Il laissa sa phrase inachevée lorsque la batteuse l'entoura de ses bras, le serrant contre elle avec force. //

- Je sais vraiment pas ce que je ferais sans toi Ketchup, merci encore d'avoir sauvé mon insignifiante vie.

- INSIGNIFIANTE ?!

// Ian s'écarta d'Eileen et la regarda, scandalisé par le qualificatif qu'elle avait utilisé. //

- Comment peux-tu penser que ta vie est insignifiante, Leen ? Tu as encore tout à écrire de ta vie, tout à découvrir, tout à expérimenter... Ta vie elle s'étale devant toi, elle est ce que tu as de plus précieux, ok ? Et si je dois être là à chaque infime instant pour m'assurer de la sauver, je le ferai, parce que tu es ce que moi j'ai de plus précieux, et je ne pourrai pas supporter de te perdre !

// Etourdi par ces mots qui venaient de sortir de sa bouche sans qu'il ne s'en rende compte, le Poursuiveur enlaça son amie à son tour. //

- Je veux que tu soies heureuse. Et en vie. Et si je peux faire quoi que ce soit pour te rendre heureuse et pour que tu restes en vie, eh bien compte sur moi pour répondre présent. Mais avant toute chose...

// Ian relâcha Eileen et se mit debout. //

- ... je crois qu'un bon bain chaud s'impose, on pue le feu de cheminée à des kilomètres à la ronde ! , déclara-t-il en tendant la main à son amie pour l'aider à se relever. On peut essayer de retourner à l'entrée du Flamel, avec un peu de chance les flammes n'auront pas fait trop de dégâts dans les étages et on pourra accéder à notre chambre...

[Katleen Makerley]

- INSIGNIFIANTE ?! Comment peux-tu penser que ta vie est insignifiante, Leen ? Tu as encore tout à écrire de ta vie, tout à découvrir, tout à expérimenter... Ta vie elle s'étale devant toi, elle est ce que tu as de plus précieux, ok ? Et si je dois être là à chaque infime instant pour m'assurer de la sauver, je le ferai, parce que tu es ce que moi j'ai de plus précieux, et je ne pourrai pas supporter de te perdre !

// Eileen hocha la tête silencieusement ne sachant que répondre à son ami qui s'était quelque peu emporté dans sa tirade. Elle était encore trop sonnée par tout ce qu'ils venaient de vivre pour réagir normalement. Elle lui rendit son étreinte quand il la prit dans ses bras et ferma les yeux un instant pour profiter de ce moment fugace. //

- Je veux que tu sois heureuse. Et en vie. Et si je peux faire quoi que ce soit pour te rendre heureuse et pour que tu restes en vie, eh bien compte sur moi pour répondre présent. Mais avant toute chose... je crois qu'un bon bain chaud s'impose, on pue le feu de cheminée à des kilomètres à la ronde ! On peut essayer de retourner à l'entrée du Flamel, avec un peu de chance les flammes n'auront pas fait trop de dégâts dans les étages et on pourra accéder à notre chambre...

// La jeune femme saisit la main qu'il lui tendait pour se relever et frissonna à l'idée du bain chaud. Cela ferait redescendre la pression et la peur qu'ils avaient ressenti quelques instants auparavant. //

- Tenter le Flamel me paraît une bonne idée. Peut-être que les directeurs ont trouvé un témoin oculaire à la source de cet incendie... Enfin, on en saura plus en retournant à l'entrée comme tu le suggères.

// Elle ne lâcha pas la main du joueur de quidditch, ressentant le besoin de garder le contact avec lui, histoire de continuer de s'assurer qu'elle était toujours aussi vivante.

Les aurors qui allaient se charger de l'enquête allaient devoir prendre l'accident de manière holistique et non pas d'une certaine façon ou d'une autre. Ça semblait assez sérieux pour que l'affaire soit prise dans son ensemble. Bref, Eileen n'était de toute façon pas auror et tout ce dont elle devait se soucier était de rentrer se laver et se reposer après cette aventure éprouvante.

Une fois revenus à l'entrée du Flamel, les deux Gryffondor se dirigèrent vers un vigile qui gérait les allées et venues au sein de la bâtisse. //

- Bonsoir, nous avons une chambre réservée, est-il encore possible d'y accéder malgré l'incendie s'il vous plaît ?

- Bonsoir. Oui, mon collègue là-bas va vous faire entrer par une autre porte. Je vous laisse vous diriger vers lui.

// Ils hochèrent la tête puis demandèrent la même chose au vigile suivant qui leur indiqua la porte en question. Les deux rouge-et-or entrèrent, grimpèrent les escaliers jusqu'à leur chambre dans laquelle ils pénétrèrent.

Eileen s'allongea par terre, les yeux grand ouverts. //

- Je te jure, Ian, que je m'en remets toujours pas.

[Aquilea]

// Ils avaient à peine passé la porte de leur chambre que Eileen s'allongea à même le sol. //

- Je te jure, Ian, que je m'en remets toujours pas.

// Le Poursuiveur aurait aimé trouver les mots pour la rassurer, ou bien lui dire une petite blague pour la dérider. Mais il se contenta de se laisser glisser à terre, à ses côtés. Il avait rarement eu aussi peur de sa vie... Il observa la robe d'Eileen, déchirée par endroits, maculée de poussière noire. Ses chaussures aussi portaient les stigmates de leur cavalcade effrénée à travers le Flamel et sa chevelure était emmêlée et tachetée d'un peu de sang qui avait déjà séché. Machinalement, Ian passa sa main sur le front de la jeune femme pour essayer de retirer un peu de suie. //

- Je ne sais pas quoi te répondre Eileen...

// Ils avaient frôlé la mort ; s'ils n'avaient pas entendu le feu à temps, ils auraient brûlé vif avec le mobilier dans le casino. C'était choquant, traumatisant, il leur faudrait sûrement des jours et des jours avant de recouvrer leurs esprits. Mais Ian trouvait inutile de dire tout ça de vive voix, inutile de verbaliser à ce point la catastrophe qui s'était produite, bref, inutile d'en rajouter une couche. Il reprit malgré tout la parole, avec une voix mécanique qui lui semblait étrangère, comme si quelqu'un d'autre parlait à sa place. //

- On s'en est quand même bien sortis après tout. Dans quelques mois on en rigolera, tu verras. L'important c'est qu'on aille bien... Pouah, j'ai l'impression qu'on a été transporté en plein whodunit ! Mais nous on est les petits personnages secondaires, les victimes collatérales qui n'ont rien demandé à personne... Pas sûr que ce roman soit de la grande littérature.

[Katleen Makerley]

// Les deux amis étaient allongés sur le sol, essayant de passer en revue tout ce qui venait de se passer, mais il était sans doute encore trop tôt pour digérer cela. //

- Je ne sais pas quoi te répondre Eileen...

// La Gryffondor réfléchissait, les yeux fixés au plafond : il y avait peut-être des morts causés par l'incendie ? Dans ce cas y aurait-il un coroner pour enquêter sur ce crime ? Cela existait-il chez les sorciers ? Elle n'y connaissait foutrement rien. Et puis les aurors perquisitionneraient forcément les lieux, c'était bien obligé, non ? Ian la coupa dans sa réflexion, ce qui n'était pas plus mal. //

- On s'en est quand même bien sortis après tout. Dans quelques mois on en rigolera, tu verras. L'important c'est qu'on aille bien... Pouah, j'ai l'impression qu'on a été transporté en plein whodunit ! Mais nous on est les petits personnages secondaires, les victimes collatérales qui n'ont rien demandé à personne... Pas sûr que ce roman soit de la grande littérature.

// Elle avait hâte d'être au moment où ils en rigoleraient alors. Elle n'en revenait pas d'avoir fait une crise existentielle sur sa future vie d'adulte peu avant l'incendie. Peut-être que c'était le destin qui la punissait ? Mais Ian, lui, n'avait rien fait. Et puis mince, bien sûr que ce n'était pas de leur faute à tous les deux ! À quel moment méritaient-ils de brûler dans un incendie ? //

- Ouais, c'était éprouvant comme expérience... mais on a de la chance d'être toujours vivants. J'espère qu'il n'est rien arrivé à personne en tout cas.

// Eileen se redressa et s'adossa au pied du lit. Elle regarda Ian, toujours allongé par terre, d'un air attendri. //

- Je crois que je vais peut-être voir la vie différemment désormais. Genre, profiter des gens que j'aime, faire ce que je désire réellement, etc. J'aurais pas dû piquer ma petite crise existentielle pendant le repas. Parce qu'en fait tant qu'on est en vie et qu'on va bien c'est bien le principal. Je vais rejoindre mon cousin, je vais le convaincre de jouer dans la même équipe que moi, je vendrai des balais à côté de ça et ce sera très bien. C'est décidé ! Et en attendant je profite de Poudlard.

// La jeune femme ne savait pas du tout si elle tiendrait le même discours le lendemain, mais ce soir c'était ce qui lui semblait le plus logique, le plus évident à faire. //

[Aquilea]

- Ouais, c'était éprouvant comme expérience... mais on a de la chance d'être toujours vivants. J'espère qu'il n'est rien arrivé à personne en tout cas.

- Oui, avec un peu de chance on était les derniers clampins dans les environs quand le casino s'est embrasé.

// Ian espérait de tout cœur que ce soit le cas. Il s'interrogeait cependant sur le déroulé des événements... D'abord ce type étrange qui l'avait mis en garde ; puis la salle qui s'était vidée tout à coup ; et enfin, cet incendie... C'était vraiment bizarre. Mais il ne comptait pas mener l'enquête, tout Gryffondor qu'il fût ; c'était aux inspecteurs du bureau des Aurors de faire leur boulot. Il lirait bien la Gazette du Sorcier le lendemain pour en savoir un peu plus sur l'avancée de l'investigation.

Eileen se redressa et s'adossa au pied du lit. Le regard plein de tendresse qu'elle lança au Poursuiveur le fit sourire et oublier immédiatement sa gamberge. //

- Je crois que je vais peut-être voir la vie différemment désormais. Genre, profiter des gens que j'aime, faire ce que je désire réellement, etc. J'aurais pas dû piquer ma petite crise existentielle pendant le repas. Parce qu'en fait tant qu'on est en vie et qu'on va bien c'est bien le principal. Je vais rejoindre mon cousin, je vais le convaincre de jouer dans la même équipe que moi, je vendrai des balais à côté de ça et ce sera très bien. C'est décidé ! Et en attendant je profite de Poudlard.

// Ian acquiesça. //

- J'aime t'entendre parler avec cette détermination, p'tite Mayo. Ce projet professionnel te correspond tellement, et si en plus tu peux travailler avec ton cousin, ce serait vraiment le top pour toi !

// Il la savait très proche de cet Aidan dont elle lui avait déjà parlé à plusieurs reprises. //

- En tous cas, profiter de la vie et de Poudlard est une première étape qui me semble très pertinente, poursuivit-il en se relevant. Il lança un regard holistique à son reflet dans le miroir et grimaça. Bien, on dirait que j'ai croisé la route d'un oiseau-tonnerre particulièrement agacé et ma chemise est toute tâché. Quelle allure...

// Voilà, du grand Ian. Ils avaient échappé à la mort, et il se lamentait à présent sur ses cheveux et sa tenue. Il croisa le regard d'Eileen à travers le miroir. //

- Hum bref, désolé...

// Il pencha la tête, pensif. Tout à coup, un sentiment de vide l'envahit. Sans aucune raison, Ian prit conscience qu'il n'était jamais tombé amoureux... Pour le coup, il avait profité de la vie, il faisait le métier de ses rêves, tout se déroulait sans accroc. Mais il lui manquait une chose essentielle à son équilibre personnel. //

- Pourquoi, à vingt ans, n'ai-je jamais été franchement amoureux ? Qu'est-ce qui cloche chez moi ? Je veux dire, à mon âge, tout le monde a déjà eu un crush, un coup de foudre, une personne qui hantait ses pensées nuit et jour... Pourquoi pas moi ? , marmonna-t-il pour lui-même.

[Katleen Makerley]

- J'aime t'entendre parler avec cette détermination, p'tite Mayo. Ce projet professionnel te correspond tellement, et si en plus tu peux travailler avec ton cousin, ce serait vraiment le top pour toi ! En tous cas, profiter de la vie et de Poudlard est une première étape qui me semble très pertinente. Bien, on dirait que j'ai croisé la route d'un oiseau-tonnerre particulièrement agacé et ma chemise est toute tâché. Quelle allure...

// Eileen pouffa en levant les yeux au ciel. Même dans une situation pareille, il se préoccupait de ce à quoi il ressemblait. "Élémentaire, mon cher Watson !" aurait-elle pu lancer à son ami devant son indignation typique du mec qui ne se trouve pas bien coiffé. Mais elle se retint. Avec tout ce qu'ils venaient de vivre, il n'avait pas besoin de remontrance. //

- Tu es toujours aussi beau Ian, ne t'en fais pas !, le rassura-t-elle avec un clin d’œil via le miroir.

// Il la remercia d'un sourire, puis il sembla à la Gryffondor qu'il plongeait dans ses pensées. Elle se tut, lui laissant le temps à lui aussi de digérer toute cette soirée. Les réflexions venaient peu à peu puis repartaient sans trop de fil conducteur. C'était un peu étrange à appréhender, mais ils avaient l'air de s'en sortir plutôt bien. Tandis que Ian se toisait dans le miroir, Eileen se demanda ce que voulait dire l'expression "whodunit" qu'il avait employée tout à l'heure. Cela ressemblait à une contraction de "who has done it ?". Était-ce un genre de roman où il fallait trouver qui avait commis un crime ? Oui sûrement, ça rentrait bien dans les dires de Ian. //

- Pourquoi, à vingt ans, n'ai-je jamais été franchement amoureux ? Qu'est-ce qui cloche chez moi ? Je veux dire, à mon âge, tout le monde a déjà eu un crush, un coup de foudre, une personne qui hantait ses pensées nuit et jour... Pourquoi pas moi ?

// Eileen ne put s'empêcher de poser ses yeux de manière attendrie sur son ami. Il était à ses yeux une personne extraordinaire qui, certes, se préoccupait énormément de son physique, mais surtout tenait énormément à ses proches, était attentionné envers eux et avait le cœur sur la main. Il fallait simplement voir comment il se comportait avec sa petite sœur. Il méritait de connaître l'amour. Celui avec un grand A ne devait pas être obligatoirement pour tout de suite. Mais il finirait par le trouver, elle en était convaincue. //

- Eh, ketchup ! Il n'y a rien qui cloche chez toi, tu n'as juste jamais rencontré la bonne personne, voilà tout. Bien que je ne comprends pas que tu ne sois pas éperdument tombé amoureux de moi, lâcha-t-elle avec un sourire malicieux, tu trouveras quelqu'un. J'en suis convaincue et je parierai toute ma fortune là-dessus s'il le fallait. Ça prendra peut-être juste du temps. Et puis tu sais, être amoureux ou avoir des sentiments forts pour quelqu'un, ce n'est pas toujours facile non plus à gérer...

// Elle ne put s'empêcher de penser à Alistair. Ils étaient la preuve que même quand on ressentait des sentiments forts pour quelqu'un, ça n'était pas aussi simple que de se mettre ensemble et de filer le parfait amour. //

- Et puis... Je sais que ce n'est pas pareil, que ce n'est pas toujours suffisant, mais en attendant tu as ta famille, tes amis, tu m'as, moi.

// Leur conversation prenait un tournant existentiel et philosophique auquel Eileen ne s'attendait pas. Elle tendit la main à Ian, pour lui témoigner tout son soutien. //

[Aquilea]

- Eh, ketchup ! Il n'y a rien qui cloche chez toi, tu n'as juste jamais rencontré la bonne personne, voilà tout. Bien que je ne comprends pas que tu ne sois pas éperdument tombé amoureux de moi, tu trouveras quelqu'un. J'en suis convaincue et je parierai toute ma fortune là-dessus s'il le fallait. Ça prendra peut-être juste du temps. Et puis tu sais, être amoureux ou avoir des sentiments forts pour quelqu'un, ce n'est pas toujours facile non plus à gérer... Et puis... Je sais que ce n'est pas pareil, que ce n'est pas toujours suffisant, mais en attendant tu as ta famille, tes amis, tu m'as, moi.

// Ian se détourna du miroir pour rejoindre Eileen et s'emparer de cette main qu'elle lui tendait. Sa sollicitude le touchait énormément, mais ne suffisait pas à balayer cette mélancolie qui l'étreignait. //

- Il n'y a rien qui cloche chez moi et pourtant, comme tu l'as si bien dit, je ne suis pas tombé éperdument amoureux de toi. Alors que tu as tout pour me rendre fou, comme tu pourrais rendre fou n'importe quel homme qui croiserait ta route. Je me suis déjà demandé pourquoi, tu sais, mais je n'arrive pas à trouver de réponse. Je rêve de m'évader de cette espèce de cage intérieure qui m'empêche de me laisser aller vraiment.

// Il enviait tellement Kat, Mat, et même leurs parents. Eux, ils connaissaient l'amour, ils le vivaient au quotidien ; lui se contentait de papillonner au gré de ses groupies et quand bien même il espérait se lancer dans une relation sérieuse, jamais il ne passait le cap de tomber amoureux. La seule personne avec qui il s'approchait le plus de ce sentiment était Eileen, mais même avec elle il restait émotionnellement détaché. //

- En plus ça pose de sacrés problèmes parfois... Comment je pourrais être empathique sur les problèmes de couple de mes proches quand je ne sais pas ce qu'est aimer ? Ou quand je quitte une conquête avec un magnifique "Non mais c'est pas toi, c'est moi" sans éprouver le moindre remord ? Je sais bien que je peux compter sur mes proches, et je suis aussi incroyablement heureux de t'avoir dans ma vie, mais effectivement il me manque une amoureuse...

// Il caressa machinalement la main d'Eileen, perturbé de se livrer à ce point à son amie. Il lui semblait qu'une digue avait rompu en lui et qu'il était à présent en proie à un besoin irrépressible de déverser toute cette vérité pesante sur son incapacité à aimer. Il secoua la tête et s'exclama : //

- AAAAAAH, mais pourquoi est-ce que je bade comme ça ce soir ?! C'est ridicule, on est venu ici pour s'amuser, pas pour que je m'épanche comme Mimi Geignarde dans ses toilettes !

[Katleen Makerley]

- Il n'y a rien qui cloche chez moi et pourtant, comme tu l'as si bien dit, je ne suis pas tombé éperdument amoureux de toi. Alors que tu as tout pour me rendre fou, comme tu pourrais rendre fou n'importe quel homme qui croiserait ta route. Je me suis déjà demandé pourquoi, tu sais, mais je n'arrive pas à trouver de réponse. Je rêve de m'évader de cette espèce de cage intérieure qui m'empêche de me laisser aller vraiment. En plus ça pose de sacrés problèmes parfois... Comment je pourrais être empathique sur les problèmes de couple de mes proches quand je ne sais pas ce qu'est aimer ? Ou quand je quitte une conquête avec un magnifique "Non mais c'est pas toi, c'est moi" sans éprouver le moindre remord ? Je sais bien que je peux compter sur mes proches, et je suis aussi incroyablement heureux de t'avoir dans ma vie, mais effectivement il me manque une amoureuse...

// Eileen rougit face au compliment que Ian lui faisait. Elle aussi s'était toujours demandée pourquoi ça n'avait jamais été plus loin entre eux que cette relation qu'ils entretenaient.

Plus jeune, elle s'était forgée une carapace qui lui permettait de ne pas s'appesantir sur les sentiments et quittait toujours ses petit.e.s ami.e.s avant de ne réellement s'attacher émotionnellement à eux. Elle avait toujours été ainsi jusqu'à Alistair et il était possible que cela les ait empêché, Ian et elle, de construire une vraie relation amoureuse. Si elle s'était plus laissée aller, en aurait-il été autrement ? D'un côté, elle voulait garder cette interrogation pour elle-même, Ian n'avait clairement pas besoin de connaître cette pensée en ce moment-même, mais en tant qu'amie véritable, ne devait-elle pas partager cela avec lui ? Être à 100% honnête avec le rouge-et-or qui lui ouvrait lui même son cœur ? //

- AAAAAAH, mais pourquoi est-ce que je bade comme ça ce soir ?! C'est ridicule, on est venu ici pour s'amuser, pas pour que je m'épanche comme Mimi Geignarde dans ses toilettes !

- Parce qu'on a failli mourir. Parce qu'on a vu notre vie défiler devant nos yeux. Ça fait tout remettre en question. Je... Tu le sais déjà, Ian, mais j'ai toujours interrompu mes relations très tôt pour ne pas m'attacher émotionnellement. Ça se trouve c'est de ma faute si aujourd'hui tu n'as jamais été amoureux. Je n'ai pas la prétention de dire que je suis la fille dont tout le monde tomberait amoureux, loin de là, mais avec ce que tu viens de dire... Je... Tu crois que ça se serait passé autrement si je m'étais plus ouverte ? Si notre relation avait duré ?

// Eileen laissa planer le silence un instant puis reprit. //

- Pardonne-moi, ce n'est pas ce dont tu voulais parler. C'est juste que je comprends tellement cette peur du manque d'empathie et tout ce qui va avec. Et qu'avec ce à quoi on a échappé, je me dis que la vie aurait pu en être autrement.

// Sur ces paroles, elle dégagea sa main de celle de Ian et s'écarta un peu du jeune homme. Elle posa son menton sur ses genoux et les entoura de ses bras. Elle s'en voulait d'avoir finalement abordé cette partie. Elle avait peur que le jeune homme se pose encore plus de questions, elle avait peur que, par sa faute, il déprime encore plus après ces révélations. //