[RP unique, event de l'anniversaire 2021.]
// Mina finit d'écrire sa lettre pendant le déjeuner, puis pris congé de ses camarades le temps de faire un saut à la volière. A son arrivée dans le royaume des hiboux, elle appela le sien sur un ton guilleret : //
- Chichipiou ! Chichipiou !
// Elle s'attendait à ce que le hibou se pose sur le perchoir à côté d'elle et fourrage du bec dans ses cheveux pour la saluer, mais elle se mit à scruter la masse pleine de plumes des résidents ailés du château car son appel restait vain.
Elle repéra enfin le plumage beige et brun (et toujours un peu ébouriffé) de son compagnon. Sous le regard sévère de son voisin de perchoir, un grand duc majestueux qui semblait deux fois plus gros que lui, Chichipiou était assoupi, recroquevillé sur lui-même. Il ressemblait à un gros pompon et Mina ne put qu'être attendrie.
Dans sa hâte de répondre à son petit frère, Pierre, qui lui avait demandé comment faire ses cookies préférés, elle avait oublié que le milieu de journée n’était pas un horaire approprié pour envoyer son courrier, car c’était l’heure de repos des messagers ! Elle rangea sa missive dans la poche de sa robe, elle repasserait le soir même à la volière, mais elle ne partit pas tout de suite et resta un moment à observer son hibou.
A l’image du Chichipiou actuel se superposa alors dans son esprit l’image du tout petit hibou maladroit qu’il était quand elle l’avait amené à Poudlard, lors de sa première année. Elle se souvenait de la première lettre qu’elle avait voulu lui faire envoyer. C’était à la fin de sa première semaine à l’école des sorciers. Sa mère avait insisté sur le fait qu’elle n’était pas obligée de leur envoyer du courrier, à son père et à elle, et qu’elle pouvait prendre le temps de découvrir sa nouvelle école, de se faire des amis et de profiter de sa nouvelle vie avant de s’occuper d’écrire à ses vieux parents. Elle lui avait juste demandé de penser quand même à leur donner quelques nouvelles, au bout d’une ou deux semaines maximum, afin qu’ils sachent que tout allait bien. Mina n’aurait vu aucun inconvénient à leur envoyer un bref message dès son arrivée, ou dès son premier jour de cours, mais elle avait peur, après tout ce que lui avait dit sa mère, qu’une lettre « prématurée » ne lui fasse croire qu’elle ne se plaisait pas à Poudlard, qu’elle ne s’était pas fait d’amis ou qu’elle s’ennuyait. Alors après une semaine, elle s’était rendue un soir à la volière, une lettre soigneusement écrite à la main, et au lieu de se contenter de gratouiller la tête de Chichipiou, comme elle le faisait jusque-là, elle lui avait attaché la lettre à la patte et lui avait dit de l’emporter chez ses parents.
Et Chichipiou avait pris son envol de ses petites ailes ébouriffées, avait zigzagué sur deux mètres, s’était cogné dans un perchoir et avait doucement tournoyé jusqu’au plancher. Inquiète, Mina s’était précipitée vers lui, mais le petit hibou sautillait, il n’était apparemment pas blessé. Et quand elle voulut le saisir, pour l’examiner ou essayer d’attacher la lettre autrement, il s’éloigna d’elle par petits bonds, apparemment décidé à accomplir sa mission, le regard déterminé et le bec fièrement dressé. Il continua à sautiller et à battre les ailes et… il ne réussit pas à décoller. Mina le suivait dans ses sautillements maladroits sur le sol de la volière, évitant les perchoirs et leurs occupants. Un peu anxieuse au début, elle finit par rire doucement, parce que Chichipiou était
complètement nul, faisait des bonds
ridicules par terre, et que c’était tout de même incroyablement drôle.
Un peu d’admiration finit cependant par la gagner en constatant la ténacité du volatile, qui ne semblait pas vouloir renoncer. Chichipiou se hissait maintenant sur un perchoir, en s’aidant de son bec et de ses serres, et quand il fut juché dessus, il tenta un nouveau décollage… qui rata encore… et il recommença à escalader un perchoir !
Après deux nouveaux essais, Mina parvint enfin à se saisir du hibou exténué. Celui-ci avait l’air vexé, mais Mina essaya de réconforter son orgueil blessé en lui disant qu’elle avait décidément écrit une lettre bien trop grosse, et qu’elle l’avait sans doute attachée n’importe comment. Et qu’il était un petit hibou très courageux, très têtu, très tenace et très mignon.
Le lendemain, elle était de retour à la volière avec une lettre abrégée, et le préfet de Serdaigle qui lui apprit à installer correctement la missive à la patte de Chichipiou. Et avec un sourire éclatant, elle observa le petit hibou battre des ailes et parvenir, cahin-caha, à s’envoler par une ouverture de la volière. La réponse de ses parents mit trois semaines à lui revenir, mais elle ne pensa pas une seule seconde à en vouloir à son petit compagnon.
Et c’était peut-être étrange de recevoir des leçons de vie d’un hibou, mais quand elle regardait Chichipiou 5 ans plus tard, prêt à emporter ses colis les plus déraisonnables pour son petit frère ou à lui livrer les kilos de chocolat envoyés par son père, elle se souvenait parfois du tout petit hibou ébouriffé qui n’avait pas voulu renoncer, et qui avait sautillé dans toute la volière sans pouvoir s’envoler, et sans céder pour autant. Et quand elle faisait face à des difficultés, elle riait parfois, en repensant aux petit bonds obstinés d’un pompon à plumes… //