- J'ai travaillé pour une petite troupe de rue à Al-Jeit, vous avez sûrement dû entendre mon nom au détour d'une place ou d'une ruelle. Je serais ravie de faire un jeu avec vous, mais je crois que vous devrez m'en expliquer les règles.
// Le visage de Laïln s'illumina à la perspective d’une partie de cartes après avoir passé la journée entière à voyager en solitaire. Il ne s’attendait pas tant que ça à recevoir une réponse positive, mais il n’allait pas la laisser passer. Il tira de sa poche un jeu de cartes dans une boite métallique, qui leur évitait de se plier à cause de ses mouvements. Le Dessinateur battit les cartes puis commença à les distribuer sur une pierre plate au bord de la route. Chaque joueur avait une main de 8 cartes ainsi que 4 cartes faces cachées, chacune surmontée d’une carte face visible. //
- Alors, les règles : on peut jouer les cartes faces visibles devant nous comme si elles venaient de notre mains. Pas celles devant notre adversaire, évidemment. Lorsqu’on les jouent, on retourne les cartes en dessous face visibles et on obtient le droit de les utiliser. L'ordre des cartes, de la plus faible à la plus puissante est : sept, huit, neuf, valet, dame, roi, as, dix. L’objectif est d'avoir un maximum de points dans ses plis. Le valet vaut 1 point, la dame 2, le roi 3, l’as 4 et le dix 5. L’atout est la couleur de la dernière carte retournée face visible lors de la distribution, donc pour cette partie, ce sera pique atout. Concernant la façon de jouer, on est obligés de suivre à la couleur jouée ou de couper si on ne peut pas suivre. L’autre règle, c'est que si l'on peut faire le pli, toujours en suivant la règle précédente, on est obligé de le faire. Mais cette règle ne concerne que le deuxième joueur. Ah, et évidemment, si les cartes jouées sont de couleurs différentes sans qu’il n’y ait d'atout, c'est la première carte jouée qui fait le pli. Comme toujours, c’est celui qui fait le pli qui prend la main. Bon, c’est en jouant que l’on apprend, alors commençons. C’est à toi.
// Laïln se sentait nostalgique de jouer à nouveau à ce jeu. Le jeu étant simple et rapide, il y avait beaucoup joué étant gamin avec les autres enfants des caravanes. Avec sa sœur notamment. L'alavirien blond eut soudain l’idée qu'Aliya pouvait être sa sœur ayant miraculeusement survécu durant toutes ces années. Il dût faire un effort de concentration pour se retenir d’éclater de rire à cette idée. Sa sœur était morte depuis longtemps, et même si ce n’était pas le cas, la jeune danseuse n’aurait certainement pas pu être elle. Il ne rejouerait pas à ce jeu de sitôt, cela le replongeait trop dans le passé, ce qui était un sujet sensible pour lui. Après, il était sans doute déjà d’humeur propice pour la plongée dans le passé pour choisir ce jeu entre tous. Surtout qu’il s'était imposé au Dessinateur comme une évidence sans que ce dernier n’y réfléchisse vraiment, comme s’il était parfaitement naturel de rejouer à ce jeu après toutes ces années. //
- Bien, finissez votre jeu de cartes. Ensuite, ma petite sœur et moi irons chercher un abri pour la nuit. Le soleil ne va pas tarder à se coucher.
- Déjà ?
// Laïln était déception. Ils n'avaient pas eu le temps de jouer longtemps et en plus il n'avait même pas put savourer le jeu à sa juste valeur, ayant été distrait par les errements de sa mémoire. Il compta les points de ses plis avant de récupérer et de ranger l’ensemble des cartes ayants été utilisées à leur place. //
- Bon, en tous cas, merci Aliya de m’avoir accordé votre temps. Mais en effet, si vous ne connaissez pas la région, vous devrez trouver où camper avant la nuit. Il vous reste du temps, mais il semble que votre sœur soit fixée sur l'idée de trouver un endroit idéal dans les plus brefs délais. Par contre, j'aurai encore deux questions avant de repartir à mon propre campement : auriez-vous déjà vu une bague semblable à celle-ci ? Notamment les inscriptions qui sont similaires. Éventuellement en argent. Et aussi, où viviez-vous lorsque vous étiez enfant ? Juste pour… une impression. Dans tous les cas, et croyez bien que j’en suis navré, mais il vous faudra encore attendre un peu avant d’être enfin débarrassés de moi.
// Le garçon rit doucement à ces mots. Non pas de sa boutade – qui n'était pas drôle par elle-même – mais du fait que Vayila devait vraiment penser cela. //
[RP abandonné]