// Elahis poussa un bâillement. Elle n'avait aucune envie de se lever et préférait rester au lit. Elle n'avait pas cours ce jour-là et comptait bien en profiter, même si se lever tôt était plus dans ses habitude. Elle se frotta les yeux et bâilla de nouveau. Celles qui partageaient son dortoir étaient déjà en train de s'habiller en discutant avec entrain. Elle mit un certain temps à comprendre le sujet de leur conversation. La Saint Valentin. Comment avait-elle pu oublier ça ? La réponse lui vint presque naturellement. Parce qu'elle détestait ce jour. Elle eut un rictus ironique. //
** La fête des amoureux, hein. Du rose et des coeurs partout, quel bonne journée en perspective. ** pensa-t-elle ironiquement.
// Depuis qu'elle était en âge de comprendre cette fête, elle l'avait toujours détestée. Etant asociale pour des raisons qu'elle gardait pour elle, cette fête ne pouvait que l'horripiler. Non, c'était bien plus que ça. Rien que le mot lui donnait envie de vomir. Et voir ses camarades de dortoir jacasser à tout va, complètement surexcitées, cela lui soulevait le coeur. Elle ferma un instant les yeux, espérant que tout ceci n'était qu'un cauchemar, mais lorsqu'elle les rouvrit, rien n'avait changé. Tout cela lui donnait encore moins envie de se lever, et elle se rallongea sur son lit en fermant les yeux.
Son répit ne fut malheureusement que de très courte durée. A peine avait-elle réussi à orienter ses pensées vers autre chose qu'elle fut dérangée brutalement par quelque chose qui lui tomba dessus. Elle se redressa en sursaut. Les filles, à fond dans l'ambiance "coeurs et fleurs roses", s'étaient toutes teint les cheveux d'une couleur fushia particulièrement affreuse. Elle avaient fait jaillir de leur baguette une cascade de confettis en forme de coeurs rouges ainsi que des petites fleurs blanches et roses.
Elahis se leva vite fait, bien éveillée cette fois-ci. Elle attrapa ses éternels vêtements noirs avant d'apercevoir une mèche rose sur son épaule. Elle l'attrapa et la contempla, horrifiée. Elle s'aperçut bien vite que l'intégralité de sa longue chevelure noire avait pris une couleur rose pétante. Elle resta quelques instants interdite. Elle avait mis tant de temps à obtenir ce noir parfait et brillant, agrémenté de quelques reflets blancs ! Développer ses facultés de Métamorphomage à ce point lui avait demandé énormément de temps et d'effort qu'elle entra dans une rage noire. Elle sortit sa baguette magique et le sortilège qu'elle lança eut pour effet de teindre l'intégralité de la pièce en noir. Les filles poussèrent des hurlements horrifiés, tandis que la jeune gothique contemplait ses nouveaux cheveux noirs avec extase.
Elle termina rapidement de s'habiller sous les insultes et les pleurs de ses camarades. Elle haussa les épaules et sortit de la pièce d'un air hautain et digne. Elle était particulièrement fière de ce mauvais tour amplement mérité à son avis. Lorsqu'elle entra dans la salle commune des Gryffondor, toutes les têtes se tournèrent vers elle. Les élèves présents dans la salles avaient dû entendre les cris, et Elahis étant la première à sortir, tout cela devait les intriguer. Elle passa la main dans ses cheveux et traversa rapidement la salle d'un pas décidé. Cette Saint Valentin avait commencé fort, et elle avait bien l'intention de passer une journée normale.
Elle passa devant la Grande Salle et y jeta un oeil. La pièce avait été généreusement garnie de coeurs roses qui flottaient dans l'air, de fleurs rouges et blanches et de cupidons miniatures qui se promenaient au-dessus des tables. La salle était remplie d'élèves et de professeur, et la jeune Rouge-et-Or jura entre ses dents, n'ayant aucune envie de passer un petit déjeuner ainsi. Elle fit donc demi-tour et se dirigea vers les escaliers menant aux sous-sols. Elle avait pris soin d'emmener un livre avec elle, et descendit rapidement les marches avant de s'arrêter et de s'installer dans un passage derrière une tapisserie représentant des licornes, batifolant dans un bois. Elle s'assit et commença à lire. Elle resta ainsi un long moment, avant de sentir une présence. Elle tourna brutalement la tête, ce qui lui déclencha un torticolis. Elle était restée immobile pendant un long moment et tous ses membres étaient complètement ankylosés, l'empêchant de faire le moindre mouvement. Elle eut une grimace de douleur et leva la tête, non sans peine, vers celui qui la dérangeait en affichant un air quelque peu hostile. Il s'agissait d'un élève de Poufsouffle, qu'elle n'avait jamais vu, à part peut-être à sa table respective. Il était également préfet, à voir l'insigne qu'il arborait, et devait avoir dans les 16 ou 17 ans. Il était grand et mince et avait les cheveux et les yeux noirs. Ses traits fins semblaient être d'origine asiatique, peut-être japonaise. Elle respira un grand coup et se releva non sans quelques douleurs et difficultés. Elle resta immobile, adossée au mur. Elle sentait que si elle bougeait, elle ne tiendrait pas debout, toute engourdie qu'elle était. Et elle ne voulait absolument pas perdre la face devant l'inconnu. Après un instant de silence, elle prit la parole. //
- Qu'est-ce que tu fais là ? Tu n'es pas en train de batifoler avec les autres ?
// Certes, cette approche était assez agressive, mais cette histoire de Saint Valentin l'avait mise de mauvaise humeur et encore plus le fait d'être ainsi dérangée. Elle eut la pensée que l'histoire du dortoir s'était déjà sans doute répandue dans toute l'école et espérait qu'il n'était pas encore au courant. Car pour une fois que quelqu'un l'approchait... Elle s'avoua avec dépit qu'être seule ne la séduisait finalement pas tant que ça. Elle se racla la gorge et reprit la parole, dissimulant sa gêne derrière son habituel masque froid. //
- Si tu es tout seul, tu peux toujours rester avec moi. Sauf si le noir te dérange.
// Elle se mordit la lèvre. Ce n'était pas du tout son genre d'inviter quelqu'un à lui tenir compagnie. Elle se maudit intérieurement, se prenant déjà à espérer qu'il refuserait et repartirait faire le mariole avec les autres élèves. Elle ferma les yeux un instant et les rouvrit, le fixant d'un air hostile. //