Rentrée de Lia
// Il était tôt. Même pas 7h.
Lia était en train de ranger ses livres, depuis près de 15 minutes.
Car aujourd’hui, c’était sa rentrée, sa rentrée de 7ème année. Autrement dit, l’année de ses ASPICs.
Lors son rangement, elle avait trouvé un carnet.
Pas un livre d’école, un carnet. Noir. Le genre de carnet vieux de plusieurs années, acheté à quelques dollars, qui aurait moisi au fond d’une commode et qu’on retrouvait lors du grand rangement de sa maison. Que, curieux, on ouvrait, on feuilletait, tout en se disant qu’on était un peu comme dans un film. On déchiffrait l’écriture un peu effacée par les ans, avide, des souvenirs jusque là oubliés traverser l’esprit, fugaces, brefs, éclairs de sentiments et d’émotions.
C’était exactement ce que Lia avait fait. Elle avait tout d’abord soufflé sur la couverture, et un nuage de poussière l’avait fait tousser pendant 10 minutes.
Elle avait ouvert le carnet. Et elle avait lu :
Septembre.
Je m’appelle Lia. J’ai 11 ans et demi. Aujourd’hui, je rentre à Poudlard.
L’école des sorciers. Rebecca m’en a tellement parlé que je pensais la connaitre par coeur. Ce n’est qu’en y entrant que j’ai réalisé à quel point je me trompais.
Mais laissez-moi tout vous raconter. (Je parle autant au journal qu’à celui qui lira ces lignes, bien sûr.)
***
J’avais faim.
Hyper, hyper faim en fait. Parce que ce matin, je n’avais rien avalé tellement j’avais la boule au ventre. Et dans le Poudlard Express, j’avais avalé 2 Chocogrenouilles et 1 Patacitrouille. Ne me demandez pas pourquoi, mais je n’avais juste pas envie de manger. Peut-être que j’étais trop impatiente. Ou trop stressée. Je ne sais pas, mais je suppose que vous vous en moquez.
Heureusement, on descendait du train. C’était moins une, parce que mon ventre commençait à gronder d’une manière assez sonore. Et plusieurs têtes se tournaient sur mon passage. Zut.
J’ai entendu une voix de stentor qui ordonnait aux 1ères années de le suivre. Je parle du propriétaire de la voix. Le problème, c’est que je ne le voyait pas du tout. Du coup, j’ai suivi les autres élèves, trébuchant sur des pieds ça-et-là. Je murmurais des « pardon » et des « excusez-moi » sur mon passage. Je ne savais même pas où on allait.
Puis tout le monde a stoppé. J’ai fendu la foule des 1ères années et j’ai émergé de la troupe, en ligne avant. Et j’ai reculé. On était sur la berge d’un grand lac, dont les eaux noires et moirées semblaient dormir tellement elles étaient immobiles. La lune argenté se reflétait dedans comme dans le plus poli des miroirs. C’était beau. Et curieusement, un peu effrayant.
Ah oui, je ne vous avait pas dit. C’était le soir, évidemment. Il était plus de 23h.
Bref. On nous a fait traverser le lac en barque. Je me suis retrouvée assise avec 3 personnes : un garçon taciturne et boutonneux aux cheveux bruns, avec une coupe au bol bizarrement coupée, une fille brune qui me dépassait d’une bonne quinzaine de centimètres, et une autre fille, aux cheveux blonds et aux taches de rousseur sur le nez. Elle m’a sourit avec gentillesse, et je lui ai aussi souris. J’avais un peu le trac, mais j’étais surtout excitée. Et rester sagement dans une barque sans bouger alors qu’on éprouve ce genre d’émotion, c’est le pire des supplices.
On est arrivé de l’autre côté du lac, j’ai levé les yeux, levé les yeux, levé les yeux, jusqu’à tomber sur un château gigantesque, plus noir que le lac dans la nuit de Septembre. Il était tellement pleins de tourelles, de tours et de cheminées qu’on avait l’impression qu’il se dressait d’aiguillons. Les fenêtres brillaient dans la pierre, et les centaines de petits éclats d’argent ressemblaient à des constellations. J’ai compris pourquoi Rebecca ne parvenait pas à me décrire Poudlard. Il était si beau, si étonnant, si rempli de choses à dire qu’on ne pouvait que se mélanger.
On ne nous a pas laissé longtemps à la contemplation du château, on nous faisait déjà grimper le perron. Quelqu’un à ouvert l’immense porte d’entrée, qui a émit un léger grincement, et on a tous franchi le seuil de Poudlard.
J’ai failli avoir un torticolis ce jour-là, à force de tordre le cou.
Le Hall d’entrée était si large qu’on aurait pu y faire entrer une troupe d’éléphant sans dommage. Un superbe escalier en marbre blanc trônait au milieu du Hall, placé de subtile manière pour que ses sculptures se voient le plus possible, ais-je pensé avec une certaine ironie.
Je n’étais pas au bout de mes surprises en fait. Je m’en suis aperçue quand je suis entrée dans la Grande Salle, avec les autres 1ères année.
Le plafond était si haut qu’on se serait cru sous le ciel. Mais en fait, on était vraiment sous le ciel.
Mais non, ça ne pouvait pas être un ciel. Comment on faisait quand il pleuvait ?
En tout cas, c’était quelque chose qui ressemblait vraiment, vraiment beaucoup au ciel. Ça devait être un plafond magique. Oui, c’était plausible, dans la limite où un plafond enchanté d’une telle manière qu’il ressemble à s’y méprendre à un ciel étoilé pouvait être plausible.
4 longues tables couvertes de nappes blanches s’allongeaient tout le long de la salle, et prenaient fin en bas d’une estrade. Sur ladite estrade, une autre table, où les professeurs de Poudlard nous jaugeaient de haut. Tous les élèves de la salle se retournèrent et nous dévisagèrent avec curiosité.
Devant tous ces regards, j’ai senti mes joues devenir cramoisies. J’ai tourné mon regard vers l’estrade, où une grande femme vêtue d’une longue robe verte commençait à énumérer les noms dans l’ordre alphabétique, les yeux sur un long parchemin qui s’étendait jusqu’à terre.
Plus les élèves défilaient, plus je verdissais. Les « K » arrivaient à une vitesse vertigineuse. Les élèves enfilaient une espèce de chapeau (Rebecca m’a dit qu’il s’appelait le Choixpeau Magique), se voyaient répartir dans différentes maisons, sous les applaudissements de l’école. Alors que le 2ème « J » rejoignait la table des Gryffondor, j’allais me mettre à vomir quand on cria soudain dans la Salle : //
- Kenn, Lia !
// Mince ! Rebecca devait avoir parlé de moi dans le château, car tous les regards convergèrent vers moi. J’étais plus rouge qu’un feu de signalisation. Malgré tout, j’ai redressé fièrement les épaules, et je me suis avancée jusqu’à l’estrade, en tremblant un peu. J’ai pris le Choixpeau que le professeur me tendait, je me suis assise sur le tabouret en bois, et je l’ai enfilé avec une grimace de dégoût. Le Choixpeau bien sûr, pas le tabouret.
J’ai pensé dans ma tête, parce que j’étais polie : //
** Salut, Choixpeau. **
// Et une petite voix m’a répondu, au creux de mon oreille : //
- Oh, de la politesse, comme ta sœur. Décidément, c’est de famille.
** Heu, ouais. Ouais, vous avez sûrement raison. ** ai-je dit mentalement, parce que je trouvais ça bizarre, de converser avec un chapeau.
- Bon. Qu’est-ce que j’ai ici… De l’indépendance, du courage, de l’entêtement… Tout cela me fait penser à Gryffondor, tu sais.
** Peut-être. Moi, je n’en sais rien. **
- Oh, mais aussi de la détermination, de la fierté, une certaine confiance en soi, de l’orgueil, de la sournoiserie, une grande malice. Serpentard t’irais également à merveille.
** Rebecca était à Serpentard. Ça me plait, cette maison. **
- Excellent. Eh bien, je pense que nous allons en rester là ? Je t’envoie à...
** Attendez ! Attendez s’il vous plaît. J’aimerais vous demander quelque chose. **
- Oh, bien sûr.
** Comment faites-vous pour lire dans les qualités et les défauts des gens ? **
- Secret professionnel de Choixpeau, ma belle. Et si je te le disais, tu me croirais pas.
** Bon, d’accord. Et j’ai une autre question… Est-ce que vous savez si les élèves qui vous ont posé sur la tête, ils avaient des poux ? Parce que si c’est le cas, il me semble préférable de nous dire au revoir dans les secondes qui viennent.
- Tu le demanderas à chacun des élèves de Poudlard. Je n’en sais rien.
** Dans ce cas, vous avez raison. Nous allons en rester là. **
- Nous sommes du même avis, jeune demoiselle. Bonne rentrée à SERPENTAAAAAARD !!!
// J’ai retiré le Choixpeau de ma tête avec soulagement, je l'ai tendu au professeur et j'ai rejoint la table vert et argent, sous les applaudissement qui crépitaient dans la salle. Je me suis assise à côté d’une grande fille aux cheveux bruns, qui devaient être en 6ème année. Elle m’a dit : //
- Bienvenue à Serpentard, Lia.
- Merci. Je suis heureuse d’être parmi vous.
// Vous savez, je me souviens vraiment de toutes les paroles, mot à mot. Je pense que quand on éprouve des émotions aussi fortes, aussi intenses, ça reste gravé un long moment dans notre esprit. Je vous souhaite de tout mon cœur qu’il s’agit pour vous de souvenirs heureux. Et je… //
- DRRRIIIIIIIIIIIIIIIIIINNG !!!!
// Lia sursauta si violemment qu’elle faillit laisser échapper le carnet. La sonnerie qui marquait le petit déjeuner venait de retentir, la ramenant à la raison, et elle n’était même pas encore descendue. Elle jeta un regard au petit carnet noir, corna la page déjà bien abîmée, attrapa son sac et descendit les marches 4 à 4. Eh bien, il ne lui restait plus qu’à l’apprécier, cette journée de reprise des cours. //
**********
Rentrée de Lindsey
- Bip-bip-bip, bip-bip-bip...
- Mmmm...
- Bip-bip-bip...
// Allongée sur le ventre, la bouche entrouverte, emmitouflée dans sa couverture, Lindsey, à moitié endormie, grommela une suite de paroles incohérentes. Elle n'avait qu'une seule envie, faire cesser ces bip-bip sonores et se rendormir jusqu'à midi. //
- Bip-bip-bip, BIP-BIP-BIP, BIP-B...
- STOP !!!
// La sonnerie se mit à hurler et Lindsey, agacée, extirpa sa main de sa couette et tâtonna fébrilement sur sa table de chevet. Elle rencontra son réveil, et abattit sa main dessus. À son grand soulagement, son affreuse sonnerie cessa.
Elle se redressa sur son séant, et regarda son réveil, furibonde. //
- Pourquoi est-ce que tu m'as réveillé, toi ? Pourquoi tu ne me laisse pas dormir tranquille ?
// Bien évidemment, l'objet de lui répondit pas, se contentant de continuer à émettre son tic-tac, sonore dans le silence matinal et feutré. Mais aux oreilles de Lindsey, ça résonnait plutôt comme un rire moqueur et insupportable. Elle l'attrapa et le fourra sous ses draps. Ah. Plus de tic-tac, ou, en l'occurrence, de rire moqueur. Mieux.
Zut, elle ne pouvait plus voir l'heure. Ou alors endurer le tic-tac horrifiant de son réveil pendant quelques secondes. Aïe.
Ironiquement, elle se dit que c'était un dur choix.
Tout en se disant que la situation était tout de même assez ridicule, elle se décida à soulever sa couverture de quelques centimètres, suffisamment pour pouvoir voir l'heure.
7 heures 17 et 21 secondes. 22 secondes. 23.
Elle rabattit vivement la couette sur son réveil et l'heure disparut à ses yeux. Et le tic-tac à ses oreilles.
Le regard de la jeune fille se posa sur son sac d'école qu'elle avait préparé le soir passé et se rappela soudain pourquoi son réveil avait sonné. Reprise des cours. Elle se pinça le haut du nez dans un geste terriblement las. Comment avait-elle pu oublier ?
Elle sortit mollement de son lit, s'approcha du grand miroir, sur la porte de l’armoire et détailla ses yeux bouffis et cernés, ses courts cheveux blonds ébouriffés qui pointaient dans tous les sens. Par Merlin, ça n'allait pas du tout.
La Serdaigle fila dans la salle de bain et prit une douche rapide, résistant à l'envie de se noyer. Elle se lava les dents et le visage, se brossa, puis revint dans sa chambre pour s'habiller. Et tandis qu'elle se préparait, elle tentait d'oublier que cette routine allait se reproduire tous les matins, encore et encore.
Elle allait enfiler, par habitude, ses habituels vêtements en cuir noir et rouge, qu'elle affectionnait beaucoup, avant de se souvenir qu'elle devait porter son uniforme de Poudlard. Elle grommela tout bas et finit par mettre en soupirant la longue robe de sorcière noire et la cravate aux couleurs de Serdaigle.
Elle fit rapidement le tour de ses
fournitures. Non, tout allait bien, elle n'avait rien oublié. La jeune fille rangea précautionneusement son
accessit qui garantissait sa réussite au BUSEs. Elle avait tellement travaillé pour en avoir le plus possible qu'elle en avait encore des frissons. Depuis, elle ne s'en séparait plus, ça lui rappelait, étrangement, qu'on pouvait toujours réussir.
Elle trouvait ça ridicule, évidemment, et elle n'en parlait à personne. Ça aurait engendré des moqueries assez gênantes.
Lindsey jeta un coup d'oeil attristé au temps magnifique dehors, souffla un bon coup et sortit prendre son petit déjeuner.
La Grande Salle était une véritable
pétaudière. La reprise des cours devait avoir un effet de superactivité sur certains, c'était le capharnaüm le plus total. Ça et là retentissaient des rires nerveux, des bouts de conversation surexcitées, de secs rappels à l'ordre de la part des professeurs, des exclamations de dépits. Les élèves allaient et venaient en une foule vêtue de robes noires. Elle sentit soudain une main prendre la sienne et l'entraîner sans ménagement hors de ce méli-mélo. C'était une de ses amies de Serdaigle. //
- Tu as vu ce fourbi ?
- Il me semble que j'y ai jeté un coup d'oeil, en effet, dit la jeune Serdaigle, morose.
- Aïe, tu n'as pas l'air contente. Inutile de demander pourquoi. Aller, on va manger.
// Elle longèrent la table des Serdaigles et s'installèrent. //
- Tu ne t'es pas noyée de désespoir sous la douche ?
- Ma foi, je suis assise à côté de toi et en train de te parler, donc tu as, jusque là, tout à fait raison.
// Son amie éclata de rire et lui tendit la cafetière. //
- Tu vas faire la tête encore longtemps ? Tiens, ils distribuent les emplois du temps.
// Lindsey prit le
parchemin que son directeur de maison lui tendait, et le parcouru en portant sa tasse à ses lèvres, puis recracha sa gorgée de café en postillons devant elle, ignorant les exclamations dégoutées de ses camarades qui étaient assis à côté. //
- Aaaaaah ! Mais qu'est ce que c'est que cet emploi du temps ??! rugit-elle, horrifiée.
C'est un outrage ! Je n'aurais plus la moindre seconde pour m'entraîner ou me reposer !!
// Elle se tut en voyant les professeurs se tourner vers elle avec un air désapprobateur, puis reprit dans un chuchotement furieux : //
- Non mais tu as vu ça ? Je vais mourir ensevelie sous les livres !
- Tu t’attendais à quoi ? C’est ça la 6ème année. Regarde le mien.
- La reprise des cours ne devrait pas exister ! Tout le monde tire une tête blasée. Personne n'aime ça, pourquoi on continue à se l'infliger ?
- C'est comme ça. Et tout le monde n'est pas comme toi, Mlle Singh Anahita semble plutôt s'en réjouir.
// Lin' tourna la tête vers Jasmeet, leur jeune professeur d'Histoire de la Magie et une des enseignante préférées de la Serdaigle. En effet, elle paraissait radieuse. Sa mine souriante contrastait avec celles de ses collègues qui, pour la plupart, semblaient assister à un enterrement. Pour la première fois de la journée, la jeune fille blonde se mit à rire. //
- Oui, je vois ça. Je commence par Métamorphose, Mélédia va me tuer si je rate le sortilège, elle est déjà de mauvais poil. Je veux dire de mauvaise plume.
- Aïe ! Je compatis de tout mon coeur. En attendant ton décès, tu devrais finir ton petit déjeuner avant le début des cours. C'est dans 1 demi heure.
// Lindsey vida son bol de café et termina ses tartines de miel le plus vite possible. Elle se leva et attrapa son sac d'une main et sourit à son amie. //
- J'y vais. J'espère que tu vas survivre de ton côté.
- J'y compte bien, pas d'inquiétude.
// Et la jeune Serdaigle disparut en fendant la foule d'élèves qui se pressaient dans la Grande Salle. Peu désireuse de rester plus longtemps au milieu de tous ces gens, elle s'esquiva par un petit escalier sur le côté et faire un détour pour rejoindre le 3ème étage. Ouf, enfin seule.
Elle monta les marches quatre à quatre, ne croisant que Nick-Quasi-Sans-Tête, le fantôme de Gryffondor, qu'elle salua poliment.
Ah, et Peeves lui versa un flacon d'encre sur la tête, comme d’habitude, mais elle était si navrée qu’elle ne lui prêta même pas attention. Elle effectua un demi tour par les toilettes des filles pour aller se nettoyer, mais les pleurs de Mimi Geignarde était si déchirants qu’elle finit par se résoudre à aller en cours ainsi.
Quand la jeune fille arriva devant la porte de la salle de Métamorphose, elle était la première. Le couloir était désert, et on n’entendait rien, à part quelques bruits de conversations lointaines, en dessous d’elle.
Elle regarda longuement la porte de bois sombre en pensant aux horreurs qui allaient s’y passer, quand une voix sèche la fit violemment sursauter. //
- Vous êtes déjà là ?
// Lindsey se retourna d’un bloc, et se retrouva nez à nez avec Mélédia de Tourmente, la professeur de Métamorphose. La jeune fille, étonnée, la regarda. Elle ne l’avait même pas entendue arriver.
Les longs cheveux lisses et argentés de son professeur n’avaient pas changé. Elle conservait toujours ses yeux gris sombre et ses longues ailes blanches duveteuses, qui lui donnaient l’air d’un ange. Ce qui contrastait de manière saisissante avec son visage sadique et terrifiant, malgré ses traits enfantins.
Étrangement, Lindsey se sentit heureuse de la revoir. La harpie était une de ses professeurs préférées, en dépit de son caractère brusque et cruel. Elle ne l’aurait avoué pour rien au monde, mais elle l’effrayait un peu aussi. Et le fait de la craindre engendrait le respect. Elle répondit donc poliment : //
- Bonjour professeur.
- Oui, c’est ça, bonjour. Entrez.
// Aïe ! Les vacances n’avaient pas plus changé son caractère que son physique. Et le fait que Lindsey était douée en Métamorphose ne faisait pas d’elle une privilégiée, elle était traitée comme les autres. Elle hocha la tête sagement, histoire d’éviter un éventuel coup de griffe dans la poitrine, et suivit la jeune harpie à l’intérieur de la salle. Elle regarda un instant le professeur de Tourmente dans les yeux. Celle-ci ne cédant pas, elle finit pas détourner le regard et posa ses affaires sur son bureau. La jeune Serdaigle s’assit tout au bord de sa chaise, un peu nerveuse de se retrouver seule avec un professeur comme Mélédia, qui terrorisait tout le monde. Elle tressaillit quand les yeux de la harpie se posèrent sur elle. Lindsey finit par ouvrir la bouche. //
- Vous… euh… vous avez passé de bonnes vacances ?
// À peine eut-elle prononcé ces mots qu’elle eut envie de se donner des gifles. Mais qu’est ce qu’elle racontait ? C’était la question à ne surtout pas pas poser quand on se retrouvait seul à seul avec un professeur, et encore moins Mélédia de Tourmente. La harpie fixait ses yeux vifs sur elle et la jeune fille se prépara à endurer ses sermons. //
- C’était… reposant.
// Le ton était si revêche et emprunt d’un tel mépris que la Serdaigle se retint de se donner des coups de pied. //
** Super, je me suis ridiculisée dès les 5 premières minutes. **
// Elle sortit ses affaires en silence, histoire de ne pas croiser le regard de son professeur, et ne dit plus rien, les joues encore écarlates. Mélédia ne disait rien non plus, mais Lindsey aurait juré entendre ses petits soupirs excédés.
Heureusement, la sonnerie stridente qui marquait le début des cours lui offrit une parfaite diversion. Quelques secondes plus tard, le reste de la classe déferlait dans la pièce, dans un silence religieux.
Oui, Mélédia avait le pouvoir de maintenir sa classe dans le plus grand calme sans aucuns efforts.
Quand le professeur de Tourmente annonça le sort qu’ils allaient apprendre, Lindsey eut un sourire ravi.
Finalement, peut-être que cette journée n’allait pas être si mal que ça… //