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Personnage Non Joueur
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Date du message: Dim. 18 Jan 2015, 22:57
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Les Grandes Plaines
// Les grandes plaines, ces étendues immenses et majestueuses qui entourent Al-Vor. Vous, petit homme, que vous soyez sur le dos d’une monture ou à pieds, paraissez inconcevablement minuscule devant la grandeur de la nature qui se dresse devant vous, derrière vous, à côté de vous, partout… Vous vous sentez fourmi et impuissant face à cette force. Pourtant, à chaque pas, vous vous émerveillez encore plus de la beauté du paysage. En effet, mille couleurs se présentent à votre regard et égayent votre voyage, mais attention… bien souvent beauté rime avec danger. Ici, tous les gibiers se côtoient, prédateurs et proies. Vous faites d’ailleurs partie de ces derniers, les proies. Alors, restez sur vos gardes et ne vous laissez pas envahir par la féérie des lieux si vous tenez à rester en vie.
En ce qui concerne votre direction, sachez que si vous dirigez vers le centre des Grandes Plaines, vous trouverez Al-Vor, tout à fait au Nord, ce sera Ondiane, la cité des Rêveurs. Si vous décidez d’aller à l’Ouest, c’est la forêt de Baraïl que vous rencontrerez, à l’inverse, en allant à l’Est, vous serez coincé par les terribles Dentelles Vives, mais en les longeant, vous finirez par atteindre le somptueux lac d’Al-Chen. Encore une dernière recommandation avant de vous laisser vous aventurer dans ces étendues sauvages, si vous allez trop au Nord, vous vous retrouverez bloqué par une rivière, alors prenez garde ! //
[Merci à Izaac Reagan et Amarel Prince pour ce lieu]
Dernière édition effectuée par Katleen Makerley (Lun. 28 Aoû 2017, 22:54) ; édité 1 fois |
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Gagnant du jeu de l'oie
Messages : 1741
Guilde : Les Marchombres
Maison : Serpentard
Poudlard : 6e année |
Date du message: Dim. 18 Jan 2015, 22:59
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[RP entre Amarel Famor et Zaackary Dark]
Si un voyageur avait décidé de s’aventurer dans les Grandes Plaines, voilà ce qu’il y aurait vu. Un jeune garçon, seul, marchant au beau milieu de cette immense étendue, un baluchon se balançant nonchalamment sur son épaule gauche. Sa démarche était rapide, mais gauche. L’impétuosité ne le rendait pas maître de son corps et il trébucha plusieurs fois sur une petite centaine de mètres. Son esprit bouillonnait, il ruminait des pensées, les mêmes qui le hantaient depuis bientôt plus d’un mois. Il repensait sans cesse à sa rencontre avec cet étrange personne, au fond de lui, il savait qu’il était marchombre, mais il n’osait le penser et encore moins le dire à haute et intelligible voix. Des choses comme ça, ça ne se disait pas. Cela se murmurait à la limite et encore que, le vent aurait eu tôt fait de l’emporter au loin et de l’amener aux mauvaises oreilles. Or, il ne voulait pas risquer que sa rencontre s’ébruite.
Sitôt après que l’inconnu soit parti, il avait eu honte. Honte d’avoir réagi de la sorte. Après réflexion, il était évident que ce n’était pas Elle. Il n’aurait pas dû effectuer un transport sur lui. Il n’aurait pas dû perdre son calme. Il n’aurait pas dû… Stop. Cela suffisait de ruminer. Il ne pouvait pas revenir en arrière, c’en était ainsi. Il devrait vivre avec dorénavant et y penser à chaque instant de sa vie ne lui serait d’aucune utilité. Il devait avancer. D’où ce long voyage qu’il entreprenait. Il avait décidé que changer d’air lui serait favorable, il devait arrêter de se morfondre, de traîner dans cette taverne et de s’en faire dégager par le propriétaire parce qu’il ne consommait jamais rien. Non, il n’en avait pas les moyens. Durant des jours et des jours, il était resté, à fixer l’endroit où s’était tenu l’étranger. Son esprit devait lui jouer des tours, mais il avait l’impression qu’une étrange présence y flottait encore. Cependant, l’impression avait dû être créée à force de contempler l’endroit. Au bout d’une énième fois où un des gros bras du tavernier l’avait jeté dehors, il avait décidé de se reprendre et de partir.
Sa destination ? Al-chen. Il voulait littéralement changer d’air. Peut-être que là-bas, on l’accepterait en tant qu’apprenti pêcheur ou poissonnier. Il allait bientôt avoir quinze ans, un âge plus que suffisant pour commencer à se trouver un métier, à gagner sa croute. Il n’allait pas rester un vagabond, un bon à rien toute sa vie non plus. Non, il était temps pour lui de grandir, d’arrêter de se comporter en enfant. Cependant, il ne se pensait pas encore assez mature lorsqu’il avait pris cette décision à Al-Vor et il espérait que ce long voyage l’aiderait à grandir. Il voulait aussi avoir un peu plus d’expérience de la vie avant de se lancer dans cette dure bataille sans réfléchir.
Ce voyage avait aussi pour but de le rendre en paix avec lui-même, de lui permettre de se défouler, de se vider de tout son ressentiment, d’extérioriser sa colère. Ainsi, une fois toute trace de civilisation disparue, il avait commencé à hurler à s’en briser les cordes vocales. L’écho de sa rage se faisait entendre au loin et finissait inlassablement par revenir vers lui. Quand il n’en put plus, il s’arrêta et fit une pause. Il triturait sa main, celle qui avait heurté une table environ un mois auparavant. Elle était restée violacée pendant plusieurs jours et l’avait fait souffrir pendant quelques temps. Autant physiquement que psychologiquement. Elle lui rappelait son débordement. Et cela, il ne le comprenait pas. Il s’était toujours fichu des relations et codes sociaux. Jamais, il n’avait eu honte, de regrets ou bien de remords. Il se fichait des autres, de ce qui leur arrivait, de leur réaction, de comment il agissait envers eux. Cet étranger avait chamboulé tous les principes de Zaackary. Il avait réussi à le faire douter et à le faire se remettre en question. Et ça, c’était quelque chose. Jusqu’ici, personne d’autre n’avait réussi à percer sa carapace, c’en était troublant et excessivement déconcertant.
Peu à peu, la fatigue prit le dessus sur la conscience du garçon. Il avançait tel un automate, en posant un pied devant l’autre, puis en recommençant. Il ne s’arrêtait que quand il n’en pouvait vraiment plus. Il s’abrutissait par l’effort. Si bien, qu’une après-midi, il se rendit compte qu’il n’avait plus d’eau, il lui restait un peu de viande séchée, mais plus une seule goutte d’eau. Cette situation eu l’effet d’une violente claque qui le ramena à la réalité. Il se rappela qu’il n’avait pas encore bifurqué pour prendre la route vers les Dentelles Vives. S’il continuait tout droit, vers le Nord, il tomberait sur Ondiane, la cité des Rêveurs. Là-bas, on accepterait sûrement de lui donner de l’eau et peut-être quelques vivres. Avec un peu de chance, il ne devait être qu’à deux jours de marche. Peut-être survivrait-il ? Peut-être… ou peut-être point.
Il réussit à marcher une dizaine d’heures de plus, puis ses jambes avaient flanché sous son propre poids. Il s’était effondré, au milieu de la route. Hagard, il n’arrivait pas à se relever et à genoux, il supplia le ciel de lui venir en aide. Dans un dernier effort, il releva la tête avant de basculer dans le vide. La dernière chose qu’il vit avant de perdre connaissance fut la poussière sur le chemin qui se soulevait pour former un nuage. Le ciel l’avait peut-être entendu… peut-être qu’il n’était pas suffisamment mauvais pour qu’on le laisse mourir… ou peut-être que ce nuage de poussière était généré par un prédateur… dans ce cas, le jeune homme n’allait bientôt plus avoir aucune problème de conscience et ce pour un très, très long moment.
[HRP : Merciii :3]
Dernière édition effectuée par Izaac Reagan (Lun. 19 Jan 2015, 10:38) ; édité 1 fois |
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Joueuse
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Guilde : Les Marchombres
Maison : Serpentard
Poudlard : 7e année |
Date du message: Lun. 19 Jan 2015, 22:12
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C’est quoi ce truc ? Ce n’était pas qu’Amarel n’était pas très futé, contrairement à ce qu’on pouvait songer en le voyant s’exclamer de la sorte devant le jeune homme évanoui, c’était qu’il ne prenait pas, la plupart du temps, le temps de l’être au bon moment. Et ce genre de phrase longue et alambiquée était une preuve supplémentaire du caractère si particulier de celui que l’on avait bien souvent le regret d’appeler par son titre : Maître Marchombre. « C’est quoi ce truc ? » donc. Une boule de poils dégringola la manche de son maître pour chuter sur le corps et trottiner vers les oreilles, la gorge, le nez et les paupières. « Arrête de l’embêter Crétin ! Reviens ici, espèce d’imbécile ! » Une voix sifflante, beaucoup d’amusement et une légère inquiétude qui la teintaient, et un saut plus tard, Amarel se retrouva debout à côté du garçon, donnant un coup de pied ressemblant plus à une caresse qu’autre chose dans ce qu’il estimait être les côtes.
Un gosse évanoui, et vraisemblablement pas naturellement, ce n’était guère ce qu’on attendait à trouver dans les grandes plaines. Et Amarel était formel à ce sujet, opposant à toute personne sceptique l’argument imparable d’avoir grandi dans les collines de Taj. Un gosse évanoui, donc, ce n’était pas commun. Et ce qui l’était encore moins, assurément, c’était que le gosse ressemblait en tout point à la description que lui avait fait Adrek quelques semaines plutôt, arguant que, citons le, un gosse comme ça te permettra de progresser sur la voie à coup de pieds dans le fion, ce qui avait suffisamment intrigué un Amarel oisif pour qu’il se mette aussitôt en chemin. Posant Crétin sur l’encolure de son cheval, Amarel s’y appuya le temps d’observer le gosse. Deux semaines plutôt, donc, il était parti d’Al-Jeit pour rejoindre Al-Vor. Il l’avait cherché, ce gamin ! Quelques tavernes, deux trois bas-quartiers, même chez un Analyste en désespoir de cause. Et, enfin, il avait entendu que le gamin bizarre s’était enfin barré de la taverne qu’il squattait. Maintenant… était-ce le destin ou une malchance particulièrement heureuse qui l’avait mis sur son chemin alors qu’Amarel commençait sérieusement à songer rejoindre Ondiane pour faire une pause ? Très certainement un peu des deux. Un soupir, il consulta un instant son cheval du regard avant d’émettre à voix haute ses interrogations. « Mais du coup, j’en fais quoi de ce truc ? Ad’ m’a dit qu’il pouvait être intéressant, mais en dehors de servir comme carpette, je ne lui vois pas trop d’utilité pour le moment… » Oui, pas plus que futé, Amarel n’avait jamais fait vraiment preuve d’un humour hilarant. Ou qui faisait rire quelqu’un d’autre que lui, ce qui revenait plus ou moins au même, d’ailleurs. Un nouveau soupir, il se pencha pour saisir le gosse par les épaules, le redresser sans tenir compte d’une quelconque protestation et prit même le soin d’épousseter un peu les habits de sa marionnette d’une main nerveuse.
« Bonjour, moi c’est Amarel, et toi ? » Dommage pour la réputation des Marchombres qui en faisait des êtres mystérieux et sages, Amarel avait de multiples défauts parmi quelques qualités. Et comme toujours lorsqu’il était nerveux – non mais sérieusement, Adrek était il vraiment sérieux lorsqu’il lui parlait de prendre un apprenti ? Un apprenti plus grand que lui ? – il ne brillait pas vraiment par son intelligence, sa sagacité ou sa conversation.
Couleurs utilisées dans ce message : darkcyan |
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Gagnant du jeu de l'oie
Messages : 1741
Guilde : Les Marchombres
Maison : Serpentard
Poudlard : 6e année |
Date du message: Mar. 20 Jan 2015, 17:49
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Le nuage de poussière se rapprochait de plus en plus. Précision, premier mot. Quatre mètre, trois mètre, deux mètres, un mètre, arrêt net. La poussière qui retombe. Le calme d'une durée approximative d'une seconde tout au plus avant une exclamation brutale, franche, mais totalement inaudible pour le « truc » allongé par terre. Donc plutôt un son ressemblant de très près à ce qu'aurait entendu un type pas très malin qui se serait enfoncé un bouchon tout au fond de l'oreille, comme ça pour le fun. Curiosité, second mot. Bruit de trottinement, un petit machin de la taille d'un bidule qui descend très vite le long d'une manche et qui tout aussi vite s'approche de la chose sur le sol et observe, partout où il le peut. Réveil, troisième mot. Brusque et minuscule éternuement dans les oreilles. « Pop » dans la tête, des sons, à nouveau, par centaines. Chatouillis sur la pomme d'Adam, réflexe involontaire de la trachée, de l'oxygène, fraicheur, puis le feu. Boire. Obstacle devant les narines, suffocation, encore, de moins d'une seconde. Enfin, pression sur les yeux, gène temporaire, puis lumière vive, trop vive après le noir de l'inconscience. Phrase sortie du milieu de nulle part, exclamation :
« Arrête de l'embêter Crétin ! Reviens ici, espèce d'imbécile ! »
Poids atterrissant au sol. Tapotement dans les côtes. Mal. Boire. Mécanisme de survie complétement automatisé et entièrement dénué d'intelligence activé. Boire. Boire. Boire. Une seule idée à la fois, la plus dominante. BOIRE. Tentative de mouvement. Echec. Nouvelle tentative. Echec. Ultime tentative avant abandon. Echec. Abandon. Décision de tenter quelque chose de moins dur. Tentative de grognement. Echec. Energie épuisée. Attente. Repos des batteries. Boire. Boire. Boire. Nouvelle phrase, interrogation cette fois :
« Mais du coup, j'en fais quoi de ce truc ? Ad' m'a dit qu'il pouvait être intéressant, mais en dehors de servir comme carpette, je ne lui vois pas trop d'utilité pour le moment... »
Donnée déjà effacée de la mémoire. Pas la place. Remplacé par boire. Boire. Mission importante. Oubli. Boire. Niveau d'importance décrété élevé. Boire important. Donnée enregistrée. Boire important. Mouvement. Mains extérieures à son propre corps. Tentative de tenir la tête droite. Echec. Tête qui dodeline. Buste tenant plus ou moins droit avec aide extérieure. Boire important. Nouvelle action des mains. Frottement sur ses habits. Boire important. Nouvelle phrase, encore une interrogation. Répétition de données.
« Bonjour, moi c'est Amarel, et toi ? »
Tentative de réponse compréhensible et intelligible. Echec. Boire important. Effort de reconcentration. Tentative de réponse compréhensible. Echec. Boire important. Effort de reconcentration. Tentative de réponse. Echec. Boire important. Effort de reconcentration. Tentative de grognement. Réussite.
- Grrrrgneugrrr...brrrb...brrrb...
Tentative de mouvement. Semi-échec, semi-réussite. Effondrement sur la personne qui parle. Boire important. Main qui glisse. Rencontre obstacle. Tentative d'identification de l'obstacle. Objet. Boire. Reflexe stupide. Saisir l'objet. Jet de liquide. EAU. Regain d'énergie soudain. Saisir l'objet identifié comme une gourde en cuir. Boire. Soupir de soulagement. Ouvrir les yeux, doucement. Voir quelqu'un, nerveux, qui l'observe bizarrement. Avoir peur. Crier, ou plutôt gémir :
- Ahhhh...
Reculer respectueusement d’un mètre à quatre pattes. S’assoir en tailleur et tenir fermement la gourde comme si c’était la chose la plus importante au monde. Tenter de reconnecter ses neurones et boire un peu plus. Remarque que cela à un effet bénéfique sur l'état de conscience général, boire à nouveau donc. Réfléchir. Plissement d'un sourcil. Commencer à dire des choses stupides, se corriger soi-même et se répondre à soi-même, retrouvé sa sagacité et son intelligence au fur et à mesure de la prise de parole :
- Toi Amarel, juste ? Oui, juste, forcément. Un seul nom, deux personnes et c'est pas mon nom. D'ailleurs mon nom, c'est quoi ? Boire ? Non... Boire important ? Non, plus. Ah ! Zaackary. Oui, c'est ça, Zaackarydark. C'est long comme nom ça. Très long même, plus long qu'Amarel. ZA-ACK-A-RY-DARK, cinq syllabes. A-MA-REL, trois syllabes. Ouais, c'est super long comme nom. Trop long même, je crois que y a un truc en trop. Ackarydark ? Non, c'est moche. Je peux pas m'appeler comme ça. Raaah ! Stop. Réfléchissons. Un nom, ça se compose d'un nom et... d'un prénom ! C'est ça ! Zaackary plus-loin Dark. Oui, c'est ça. J'ai trop parlé, j'ai soif maintenant.
Enfin, votre cerveau fonctionne à nouveau correctement. Tranquillement, le garçon prit la gourde et but trois gorgées avec beaucoup moins d'avidité que la fois précédente. Puis, petit à petit, il se rendit compte du drame. Il se tenait face à un inconnu, au milieu de la route et il venait de débiter tout un tas de conneries. Cela ne lui ressemblait pas, pas du tout. Après quelques secondes de silence, il finit par se souvenir. Le manque d'eau, la déshydration, il était tombé dans les pommes. Cet individu, c'était certainement le nuage de poussière. Oui, c'était évident puisqu'il y avait un cheval à côté et la gourde qu'il tenait devait lui appartenir. Alors, si l'on résume un peu la situation, cette personne lui avait probablement sauvé la vie. Il serait logique qu'il le remercie, oui, mais non. Cela ne lui ressemblait tout bonnement pas. Non, ce n'était pas son genre. Il reprit beaucoup vite ses habitudes qu'il n'avait repris ses esprits et adopta une mine renfrognée.
- T'es qui toi d'abord. Je veux dire, à part Amarel, t'es qui et quoi ? Et puis qu'est-ce que tu foutais là ? Au milieu d'une route déserte, je veux dire. Et au milieu de nulle part surtout...
Le jeune homme tenait toujours fermement la gourde entre ses mains, comme pour se rassurer. Se rendant compte que cela pouvait paraître telle une attitude de faiblesse, il la lâcha d’une main et desserra sa prise. Doucement, mais sûrement, il se releva, essaya de paraître fermement ancré sur ses jambes, en vain. Par frustration, il vida le reste de la gourde en quelques longues gorgées et la rendit en la jetant vers son propriétaire.
- Je crois que j’avais soif…
En réalité, vous ne croyez, vous en étiez sûr, vous en étiez sûr et vous pensez même vous rappeler que ça a occupé la totalité de votre esprit pendant un long moment. D’ailleurs, cela vous fait penser que boire, c’est vraiment important.
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Joueuse
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Poudlard : 7e année |
Date du message: Mar. 20 Jan 2015, 20:54
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Eh bien… c’est pas gagné gagné, tout ça. Pas futé pour deux sous disions nous un peu plus tôt : chaque pensée tendait à confirmer ce premier constat. Redressant le gosse d’un geste brusque, considérant qu’épousseter les vêtements avait l’effet miraculeux de le rendre visible, audible et de lui conférer une certaine vivacité d’esprit qui manquait, donc, à notre Marchombre, Amarel avisa un instant la tête lourde du gamin qui était d’ailleurs trop grand pour son propre bien avant de le lâcher en se disant que de toute manière, s’il ne tenait pas debout, ce n’était plus son problème. Presque plus. L’important, dans le cas présent, c’était d’entamer le dialogue et la langue trop bavarde en cas de nervosité du Maître Marchombre s’agita un peu plus dans une présentation plus que sommaire. - Grrrrgneugrrr...brrrb...brrrb... fut une réponse, et Grrrrgneugrrr...brrrb...brrrb le laissa perplexe. Pendant un court instant – très court instant rassurons nous dans cet espoir futile – Amarel chercha à dissocier le nom du prénom avant de comprendre que ce n’était qu’un borognyme – mot qu’il affectionnait particulièrement – et de tendre d’un air involontairement blasé une gourde à l’assoiffé semi-évanoui qui venait de s’écrouler sur lui. Et zut. - Ahhhh... « He ! Je ne suis pas un polochon ! » Repoussant le gosse alors qu’il reculait déjà de lui-même, Amarel s’inquiéta précipitamment de son apparence en chassant quelques brins d’herbe perdus sur sa cape avant de regarder avec une curiosité certaine le Grrrrgneugrr vider sa gourde. Espèce étrange que ce truc, vu la sagacité dont il faisait preuve au travers de ses mimiques et de ses tâtonnements linguistiques. - Toi Amarel, juste ? Oui, juste, forcément. Un seul nom, deux personnes et c'est pas mon nom. D'ailleurs mon nom, c'est quoi ? Boire ? Non... Boire important ? Non, plus. Ah ! Zaackary. Oui... Il fallait bien que ça arrive à un moment ou à un autre : Amarel cessa totalement d’écouter les déblatérations jugées sans intérêt d’un gosse qui devait s’être tapé une insolation en plus d’une soif visiblement insatiable.
Amarel, donc, trouva plus intéressant de regarder son chuchoteur et de discuter silencieusement avec lui en surveillant d’un œil celui qu’Adrek jugeait potentiellement marchombrable. Ce n’était pas que le rêveur concevait quelques doutes sur la santé mentale de l’autre Maître Marchombre, c’était plutôt qu’il ne parvenait pas le moins du monde à prendre cette candidature au sérieux. Vraiment. Il essayait, de toutes ses forces, il fronçait les sourcils et enchaînait les grimaces à toute allure, mais il ne comprenait pas comment Adrek avait cru judicieux de lui conseiller de prendre un tel Zaack en apprenti, c’était tout simplement déraisonnable. Certes, il se savait lui-même particulièrement étrange dans la peau d’un Marchombre. Certes, aussi, tout le monde, lui le premier, avait étonné lorsque Zougui l’avait pris en apprenti. Certes, encore, c’était un enchaînement de surprise qui l’avait conduit à passer l’Ahn Ju, à obtenir une Greffe, à devenir un Maître Marchombre accompli avec quelques capacités. Certes, donc, il devait accorder le bénéfice du doute à Zaackary. Mais bon sang, par toutes les histoires d’amour de la Dame et du Dragon, comment pouvait il sérieusement accorder le bénéfice du doute à ça ? C’était une excellente question et c’était surtout une question à laquelle il n’avait pas de réponse, tout gentil et tout Crétin qu’il pouvait être. Un soupir, donc. Et le flot de parole s’interrompit le laissant sursauter face à ce vide soudain. « Ouais, j’suis assez d’accord moi aussi ! » Le réflexe de l’apprenti qui n’avait rien écouté des paroles de son maître. Amarel s’infligea une baffe mentale. Bon sang, ne pouvait-il pas être sérieux deux minutes celui là ? D’autant plus que la prise de conscience parfaitement lisible sur le visage du gamin augurait de bonnes choses à venir, bonnes choses qu’un Maître Marchombre comme Amarel l’était – pitié, mais quelle mouche avait piqué le Conseil ce soir là ? – ne pouvait que guetter avec une certaine attention. Et la mine renfrognée qui venait d’apparaître sur son visage ne pouvait qu’être les prémices de quelque chose d’intéressant. Non ? Amarel, cesse de tenter d’être intelligent s’il te plait. D’accord.
- T'es qui toi d'abord. Je veux dire, à part Amarel, t'es qui et quoi ? Et puis qu'est-ce que tu foutais là ? Au milieu d'une route déserte, je veux dire. Et au milieu de nulle part surtout... Un froncement de sourcil face à tant d’agressivité, Amarel jugea que si, ça, c’était Zaackary, alors il préférait nettement la compagnie de Grrrrgneugrrr. Et qu’Adrek s’était vraiment trompé sur toute la ligne. Ou alors qu’il n’avait pas la maturité suffisante pour comprendre ce qu’il se passait et qu’il valait mieux pour lui de continuer sa route et de rejoindre Ondiane où son petit frère n’allait pas manquer de lui offrir un bon chocolat chaud. Oh oui… Mais en attendant, ce n’était pas franchement correct, même pour un Crétin tel que lui, de laisser un Zaackary visiblement repentant, avec son - Je crois que j’avais soif…, sur le bord de la route. Dans un nouveau soupir, à croire qu’Amarel pouvait rivaliser avec les plus forts blizzards, il récupéra la gourde et fit remarquer d’un ton voulu sentencieux mais qui ne fit qu’accentuer ses traits et sa voix juvéniles. « Tu sais, ce n’est pas très poli de lancer les objets, comme ça. Surtout que tu as tout vidé. Mais je crois aussi que tu avais soif. » Un regard circonspect plus tard, le Marchombre s’approcha, suivi de son cheval. « C’est toi celui qui a rencontré Adrek ? Il m’avait dit que tu étais agaçant, mais pas à ce point là. En dehors d’Amarel, je suis un humain aux dernières nouvelles. Et un Maître Marchombre, mais ça doit se voir. Enfin… » Une petite pause dubitative. « Enfin je crois. J’espère. Il paraît… Enfin, c’est mon affaire, pas la tienne. » Pendant un court instant, Amarel envisagea la possibilité de s’accroupir mais se fit dans le même temps la réflexion qu’il était déjà suffisamment plus petit que Zaack pour ne pas s’embarrasser de tout ça. « Et toi ? En dehors d’être un gosse agonisant sur le bord d’un sentier reliant deux villes, ce qui explique au passage que je sois là, tu fais quoi ? Tu t’es paumé ? »
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Gagnant du jeu de l'oie
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Date du message: Mar. 20 Jan 2015, 22:57
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Zaackary capta que le prénommé Amarel n’avait pas écouté un mot de ce qu’il avait déblatéré quand il répondit simplement, surpris que oui, oui, il était assez d’accord. Il soupira. Ce n’était pas important. Surtout qu’il avait plutôt honte de tout ce qu’il avait dit. Alors, au final, heureusement qu’il n’avait peut-être pas tout écouté. Oui, c’était une excellent chose, avec un peu de chance, il allait oublier qu’il venait de sortir tout un tas de conneries sans queue ni tête. Le garçon n’aimait pas passer pour un imbécile devant un inconnu, qui, en plus, était plus petit que lui. - Bon, là, ça parait beaucoup, je suis intelligent et j’ai tout de suite capté que je n’avais pas à m’en faire, je vous l’accorde. Cependant, bien sûr que oui, je ne l’ai capté qu’après avoir réfléchi un peu mieux à ce qu’il venait de se passer, en prenant en compte la réaction de l’autre… oui, parce que bon, c’est sûr qu’il est là, devant moi, mais au départ, il n’y avait que son eau qui m’intéressait… bon, d’accord, je peux avoir mauvaise conscience et je vais le laisser parler un peu et m’intéresser un peu à lui, un peu, c’est tout, il ne faudrait pas que je devienne sociable. Ce n’est pas le but de la manœuvre, qu’on soit d’accord. –
Enfin bref, c’est vrai que maintenant qu’il y faisait attention, il dépassait l’autre homme d’une bonne tête. Cela le fit sourire. Et tout cela, il le pensait bien sûr après avoir commencé à rejeter l’autre en se montrant brutal dans ses paroles et un tant soit peu agressif. Sourire qui s’opposa donc à un froncement de sourcil. Un froncement de sourcil. Il revit l’autre, et son froncement de sourcil en guise de réponse. Il sentit son point se crisper à l’évocation de ce souvenir. Pourtant, les deux personnages n’avaient rien en commun. L’homme devant lui était assez petit, il avait presque l’air pataud et encore enfant quelque part au fond de lui, ou plutôt en surface, sentiment qui était accentué par la finesse de sa silhouette. Non, décidément, les deux ne se ressemblaient pas. Il n’avait pas la même… présence que l’homme de la taverne. Ni la même aura. Bref, ils n’étaient en aucun cas similaires. Néanmoins… rah… non. Ils n’avaient rien de commun. Pourtant… si… il y avait quelque chose, là, sous ses yeux qui lui disait : « Regarde, je suis là, tu ne me vois pas ? Mais si, stupide garçon, je suis là, tu sais, moi le petit détail qui devrait te sauter aux yeux et te faire penser au truc auquel tu dois penser. Non ? Tant pis, tu es stupide, bête. Je perds mon temps avec toi. » Tait toi donc petite voix, je ne suis pas stupide, l’autre est stupide, pas moi. Et puis d’abord, je ne vois même pas pourquoi je te réponds. Non, vraiment pas. Alors chut. Enfin bon, il y avait un truc, mais il ne le voyait pas. Toujours est-il que, sans tenir compte du combat mental qui se déroulait sous le crâne de Zaack, l’homme se faisant appeler Amarel soupira une énième fois et commença à le disputer pour avoir vidé sa gourde :
- Tu sais, ce n’est pas très poli de lancer les objets, comme ça. Surtout que tu as tout vidé.
« Mais j’avais vraiment soif pensa-t-il. Non, c’était même plus que ça, il fallait que je boive. C’était plus fort que moi. Et puis, pour qui il se prenait pour le sermonner comme ça. Ils ne se connaissaient même pas et… » Sa voix intérieure se tût.
- Mais je crois aussi que tu avais soif.
Il n’y comprenait plus rien. Une seconde plus tôt, son interlocuteur était en train de l’enguirlander, et maintenant, il l’excusait un peu de son attitude. Son but n’était pas de lui donner une leçon de moral ? Mais… Il abandonna toute tentative de comprendre, l’être devant lui avait l’air beaucoup trop complexe. Comme s’il avait compris ce qu’il se passait dans la tête du jeune gwendalavirien, le type lui jeta un drôle de regard, puis il s’avança, suivit de sa monture. Par réflexe, il recula. Maintenant qu’il l’avait vu changer de ton comme de chemise, il ne savait pas de quoi il était capable et il préféra rester à distance, par sécurité. D’ailleurs, il lui adressa à nouveau la parole. Les épaules de Zaackary se crispèrent un dixième de secondes.
- C’est toi celui qui a rencontré Adrek ?
- Hé ! Comment tu sais ça ? Tu l’as vu ? Il est où ce… Enfin bref, il est où ?
Sa réponse avait jailli. Brute. Naturelle. Honnête. Aucun mensonge, que la vérité. Ce n’est qu’après qu’il capta sa bourde. L’homme ne savait pas, il lui avait posé une question. Il s’interrogeait, il n’était pas sûr. – Idiot ! – Pour éviter de reproduire ceci, il écouta attentivement la suite.
- Il m’avait dit que tu étais agaçant, mais pas à ce point-là. En dehors d’Amarel, je suis un humain aux dernières nouvelles. Et un Maître Marchombre, mais ça doit se voir. Enfin… Il marqua une pause, comme s’il doutait de ce qu’il venait de dire et à ce qu’il allait dire. Enfin je crois. J’espère. Il paraît… Enfin, c’est mon affaire, pas la tienne.
Ces révélations lui firent l’effet d’une claque. Non, mieux, d’une douche glacée. Déjà, c’était un humain… bon, d’accord, je blague. Nous savons tous ce qui nous intéresse ici. C’était un Marchombre. Marchombre. Marchombre. Il répéta ce mot plusieurs fois dans son esprit et le murmura doucement, comme pour en prendre conscience. Et durant ce temps, l’homme prononça une autre phrase que le garçon n’entendit pas, ou ne sembla pas entendre.
- Marchombre…
Il ne comprenait pas. Il n’avait rien de commun avec Elle, mais il l’était aussi. Marchombre. L’autre encore, là, cet Adrek, il lui ressemblait, dans son attitude, ses gestes, mais lui… Non, il n’y croyait pas. Pourtant si. Et c’est là que cela lui sauta aux yeux. Bien sûr que si, il l’était. Il avait le Truc. Le Truc qu’ils ont tous, sans qu’on sache vraiment le définir. Cependant, durant toute la confrontation, jamais il n’avait eu l’impression de La voir à travers lui. Jamais. Ce n’était pas possible… Il ne voulait pas y croire. Non. D’ailleurs, il lui fit part de son doute, chose qui allait certainement paraître déplacée, mais le garçon était vraiment en plein désarroi. Il était troublé au plus profond de son être. Lui qui en avait toujours voulu à tous ceux qui pour lui La représentait. Il se trouvait dans l’incapacité d’en vouloir à Amarel, comme s’il y avait une totale dissociation des deux. Oui, pour la première fois, il n’établissait pas le parallélisme entre Elle et quelqu’un de leur type.
- Mais… Ce n’est pas possible… Non… Tu ne peux pas être Marchombre. Tu n’es pas comme Elle… Non, pas comme Elle… Pas du tout… Tu comprends ? Non ? C’est pas grave… Ce que je veux dire c’est que c’est invraisemblable. Ce n’est pas envisageable, tu ne peux pas être Marchombre sans lui ressembler à Elle. Bon, évidemment, tu as le Truc qu’ils ont tous. Mais tu n’es pas Elle. Jusqu’à maintenant j’ai toujours cru que vous étiez tous pareil. Surtout après avoir rencontré l’autre, Adrek comme tu l’appelles. Il lui ressemblait trait pour trait, attitude pour attitude. J’ai cru La voir. J’ai éclaté. C’était trop, je ne pouvais pas supporter de La voir, même si ce n’était pas Elle, il L’était tout de même. Je ne pouvais pas… Tu comprends ? Non, je ne pouvais vraiment pas.
Les larmes sortirent de ses yeux et roulèrent sur ses joues, mais il n’y fut pas sensible et continua sa tirade.
- Tu sais, souvent, quand j’entends ce mot, je suis comme soudain empli d’une telle rage qu’elle m’empêche de respirer. Ce mot me dégoûte. Mais tu es différent. Tu n’es pas comme Elle, ni comme lui, Adrek. Non, tu es différent. Et puis, je crois qu’au fond je n’arrive pas à t’en vouloir, non, tu m’as donné ton eau. J’ai tout vidé, mais j’avais soif… qu’est-ce que je dis… je serais bien allé la remplir mais j’ignore où est ce qu’il y a de l’eau. Je ne me serais pas laissé mourir de soif sinon, tu ne crois pas ? Enfin, bref, non, je ne peux pas t’en vouloir. Je peux toujours essayer, mais ça marche pas. J’arrive pas à te voir comme Elle. Je ne ressens aucune sorte de colère. Je ne comprends pas. Pourtant, à chaque fois c’est la même chose, je suis en colère, je veux me venger, je veux qu’ils souffrent, comme moi j’ai souffert. L’absence, c’est la pire des souffrances. Parfois, tout petit, j’aurais même préféré me faire transpercer par des poignards émoussés que de rester seul, loin d’Elle. Elle qui m’a laissé. Je suis perdu…
S’il y eut une suite et une fin à cette phrase, elles furent étranglées dans un sanglot. Il tomba à genoux, totalement désemparé. Cet abcès qui grossissait, jour après jour, depuis des mois, des saisons, des années venait de percer. Tous les mauvais sentiments qui s’y entassaient venaient de sortir, de se transformer plutôt ou de disparaître. En tous cas, ils n’étaient plus là. Et soudain, il ressentit un vide, un grand vide. Il n’était plus rien. Une coquille vide. Il ne sentait même plus son âme. Sa principale raison d’être, de se battre contre la vie venait de mourir, lui avec. Sans force, il se recroquevilla en position fœtal avant de chuter sur le côté. Tel un petit enfant, sortant du ventre de sa mère, il était vide et avait besoin de repères. Son monde, ce sur quoi il s’était forgé, bâti venait de tomber en lambeaux. Amarel avait anéanti les barrières de Zaack. Il avait tout ravagé sur son passage. Tout. Il n’y avait plus rien. Plus aucune carapace ne le protégeait. Lui, d’habitude si avare de paroles venait de vider son sac, devant un inconnu. Lui, d’habitude sans confiance pour personne, venait de livrer les tréfonds de son âme à un étranger. Lui d’habitude si solitaire avait besoin de quelqu’un. Dans un dernier effort de parole, comme si c’était les seuls mots qu’il connaissait, il implora :
- Aide-moi, s’il te plaît… Aide-moi…
Les larmes reprirent, totalement silencieuses. Cette fois ci, ce n’était plus que l’ombre d’un Zaackary Dark qu’il y avait au sol. Il était en position de faiblesse et avait décidé de s’abandonner à son sort, pour la première fois de sa vie. De même que pour la première fois de son existence, il s’était résolu à demander de l’aide. Où diable cela le mènerait-il, il n’en savait strictement rien. Néanmoins, une chose était sûr, pour la première fois depuis fort, fort longtemps, il avait confiance.
[HRP : Désolée, à partir d'un moment, ce RP a totalement échappé à mon contrôle, les mots sortaient tout seuls, du coup, c'est allé dans une direction à laquelle je ne pensais pas du tout au départ et je comprends parfaitement que cela te paraisse très bizarre, voir même suprenant '-' Et puis bravo, tu as cassé Zaackary è.é (je rigole)]
Dernière édition effectuée par Izaac Reagan (Mer. 21 Jan 2015, 13:59) ; édité 1 fois
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Joueuse
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Date du message: Ven. 23 Jan 2015, 12:47
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Ce n’était vraiment pas volontaire, il fallait le croire ! Pas volontaire, pas voulu ou prémédité ! Vraiment ! Mais malgré tous ses efforts – aucun, certes, mais c’étaient tous les siens qui formaient le nul – Amarel n’avait pas réussi à écouter jusqu’au bout Zaackary. En règle générale, le Maître Marchombre n’avait aucune peine à écouter la nature, ou à prêter un peu attention à ce que lui disait Zougui, surtout lorsqu’il n’était qu’un apprenti avide d’apprendre. Mais s’il y avait bien un défaut que rien ni personne n’avait pour le moment réussi à corriger chez lui, c’était sa capacité plus que surnaturelle à se perdre dans ses pensées dès que son intérêt se trouvait malmené par une conversation peu à son goût, un papillon voltigeant non loin de là où tout simplement de la fatigue. Malgré tous ses efforts, donc, Amarel n’avait rien écouté. Et le pire, c’était qu’il ne parvenait que de justesse à s’en vouloir. Parce que même si ce n’était guère poli ou à la hauteur de la réputation des marchombres d’être à ce point dans la Lune, il avait beau chercher : rien dans les propos du garçon ne jouaient en sa faveur. Ou en la défaveur d’une absence totalement justifiée de ce fait. Ou quelque chose dans le genre, les pensées du Marchombre devenant bien trop alambiquées pour qu’il soit certain de leur grammaticalité. Et pendant un bref instant, même, Amarel se demanda s’il y avait bien une personne au monde d’autre que lui capable de suivre ses pensées sans se lasser.
Sûrement pas, entendit-il Zougui lui chuchoter à l’oreille d’une voix plus qu’amusée. Un soupir, Amarel se raccrocha aux branches et ramassa la gourde avant d’infliger à Zaackary ce qu’il voulut être une remontrance mais qu’il ne put qu’agrémenter d’une remarque le décrédibilisant dans les règles de l’art. Au moins, avantage certain lorsqu’on était aussi peu futé qu’Amarel, il n’avait pas suffisamment d’orgueil pour s’horrifier de son ridicule. Comme quoi, même lorsqu’on était bête, on avait de la chance d’une certaine manière. Ou alors… la chance et la bêtise étaient inextricablement liées, ce qui pouvait expliquer qu’il existât encore des gens bêtes malgré la dure loi de l’évolution. Sujet intéressant, à creuser, mais qui n’était pas réellement dans les priorités d’un Amarel aux yeux écarquillés et aux sourcils froncés – l’ensemble lui offrant une mimique assez particulière – qui ayant fait ce qu’il pensait niveau remontage de bretelles, fit quelques pas en avant, Brindille sur ses talons, pour mieux enchaîner sur ce qui devenait véritablement intéressant. - C’est toi celui qui a rencontré Adrek ? Une petite voix inquisitrice et étonnée, duveteuse, comme son menton semblant tout juste sortir de l’adolescence malgré ses vingt-deux ans bien tassés. - Hé ! Comment tu sais ça ? Tu l’as vu ? Il est où ce… Enfin bref, il est où ? D’un haussement d’épaule, Amarel ignora les questions de Zaackary pour bien se concentrer sur les siennes. Une chose à la fois, c’était la règle si on ne voulait pas s’éparpiller. Une chose à la fois, et tous les siffleurs rentreront dans l’enclos, c’était l’un des dictons – ou proverbes ? – préférés du fermier Famor, père d’Amarel et éleveur de Siffleurs depuis des générations. Poursuivant, donc, Amarel acheva de se présenter. Marchombre. Et ouais, Zaackary, tu fais face à un marchombre. A première vue, et Amarel le sentait, ce n’était guère évident. Mais si on plissait les yeux… On commençait à voir qu’il n’était pas seulement un jeune homme aux traits infantiles et aux yeux perdus dans le vide, mais qu’il irradiait de cette présence tranquille inhérentes à ceux qui parcouraient la Voie, qui se connaissaient et connaissaient les limites inexistantes, à ceux en totale adéquation avec des convictions intérieures et leur moi réel.
En voyant Amarel et son sourire légèrement crétin, il était difficile de savoir qu’il était vif et coriace dès que l’on menaçait son intégrité physique. En voyant Amarel et sa tendance à mordiller sa lèvre inférieure, il était difficile de percevoir ses capacités physiques et sa souplesse intrigante. En voyant Amarel rester pendant des heures en observation devant une fleur, il était difficile de… Non. C’était dans cet état de concentration que l’on pouvait le mieux comprendre que les moindres muscles du Marchombre étaient fait pour parcourir la Voie en courant, que rien n’était capable de le déstabiliser ou de le faire douter de ce qu’il était réellement. Une confiance aveugle le liait à son Maître Marchombre, même si elle n’était plus en vie. Et c’était d’ailleurs sûrement pour cette dernière raison, le décès plus que précoce de celle qui le guidait sur la Voie, qu’Amarel pouvait paraître aussi atypique. Parmi les Marchombres, on recensait de nombreux orphelins qui auraient pu devenir délinquants. Des apothicaires, des rares Dessinateurs, des fermiers, des Itinérants… Mais à sa connaissance, Amarel n’avait jamais croisé de Marchombres qui auraient pu, comme lui, tout à fait prétendre à une vie chez les Rêveurs. C’était peut être aussi pour cette raison que rien en lui ne pouvait faire penser au premier coup d’œil qu’il était l’égal d’Adrek, de Baler, ou de tous ces autres Marchombres qui se faufilaient dans les foules de Gwendalavir. - Marchombre… Un frisson parcourut les épaules d’Amarel. Oui, oui, Marchombre. Maître Marchombre même. Vraiment. Marchombre. Un mot qui voulait tout et rien dire, une promesse en somme, plus qu’un qualificatif. Le brun hocha la tête, incapable d’en dire davantage. Et n’en ayant pas envie, aussi.
- Mais… Ce n’est pas possible… Non… Tu ne peux pas être Marchombre. Tu n’es pas comme Elle… Non, pas comme Elle… Pas du tout… Tu comprends ? Non ? C’est pas grave… Ce que je veux dire c’est que c’est invraisemblable. Ce n’est pas envisageable, tu ne peux pas être Marchombre sans lui ressembler à Elle. Bon, évidemment, tu as le Truc qu’ils ont tous. Mais tu n’es pas Elle. Jusqu’à maintenant j’ai toujours cru que vous étiez tous pareil. Surtout après avoir rencontré l’autre, Adrek comme tu l’appelles. Il lui ressemblait trait pour trait, attitude pour attitude. J’ai cru La voir. J’ai éclaté. C’était trop, je ne pouvais pas supporter de La voir, même si ce n’était pas Elle, il L’était tout de même. Je ne pouvais pas… Tu comprends ? Non, je ne pouvais vraiment pas. Il écarquilla les yeux. « Si. Si, je te t’assure. Non. Si je peux. Bien sûr que je l’ai. Bien sûr que je ne suis pas Elle, je suis un mec. Adrek aussi. Si tu peux. Oui, je crois que je commence à comprendre. » Il avait fait de son mieux pour enregistrer les mots de Zaackary pour n’oublier aucune question, aucune remarque. Et tout fier de lui, Amarel tenta de lui offrir un sourire rassurant, sourire perdu devant les larmes qui coulaient sur les joues du gamin.
- Tu sais, souvent, quand j’entends ce mot, je suis comme soudain empli d’une telle rage qu’elle m’empêche de respirer. Ce mot me dégoûte. Mais tu es différent. Tu n’es pas comme Elle, ni comme lui, Adrek. Non, tu es différent. Et puis, je crois qu’au fond je n’arrive pas à t’en vouloir, non, tu m’as donné ton eau. J’ai tout vidé, mais j’avais […] Je suis perdu… Cette fois, il avait voulu, il avait vraiment fait des efforts pour tout écouter. Mais c’était pesant de se concentrer aussi longtemps sur des sons qui n’avaient aucune utilité alors que Zaackary avait tout résumé en trois petits mots à la fin. Vraiment. Pourquoi écouter un long monologue alors que celui qui l’énonçait le résumé, hein ? C’était une excellente question. Et Amarel se souvint d’un des maîtres mots que lui avait confié Zougui dans la deuxième année de son apprentissage. Ce n’était pas véritablement un maître mot, c’était plus une maxime. Mais pour un jeune homme comme Amarel, ça revenait au même. Patience rime avec impatience. C’était presque comme Patience et Débilité se confonde lorsque tu oublies de penser. Dans les deux cas, Amarel ne devait pas se targuer d’être patient juste parce qu’il ne s’énervait ou ne s’ennuyait jamais. Être patient, ça voulait aussi dire être attentif, être concentré, être ouvert et ne surtout pas être fermé. Alors il devait apprendre, encore apprendre, à tout écouter même lorsque ça n’avait aucun intérêt. A s’ennuyer pour ne pas s’absenter. A écouter pour ne plus s’ennuyer. A apprendre pour ne plus seulement écouter. A conclure pour ne plus seulement apprendre. C’était un enchaînement, de cause à effet, d’effet à conséquence, c’était un enchaînement et même si Zaackary lui offrait un résumé, il devait tout écouter. Un soupir. Plus calme. Plus posé. Plus Maître Marchombre, sûrement. Et lorsqu’un sanglot fit tomber à genoux le gamin, les rides inquiètes creusèrent le front d’Amarel qui tapota maladroitement l’épaule de Zaack. « Si tu es perdu, tu n’as plus qu’à retrouver ta voie. Ou la Voie, vu que j’ai l’impression que pour toi comme pour moi, les deux se confondent. »
Pitié. Qu’il se réveille, qu’il soit un peu malin pour une fois. Et Amarel essayait. - Aide-moi, s’il te plaît… Aide-moi… Sans trop savoir comment s’y prendre, Amarel posa un genou contre terre pour regarder le gamin dans les yeux. C’était une évidence. « Bien sûr. Pourquoi est ce que je ne t’aiderai pas ? Adrek m’a conseillé de venir par ici pour une bonne raison. Et c’est toi la raison. Mais d’abord, tu vas te relever, tu vas sécher tes larmes et tu vas essayer d’avoir l’air un peu plus solide parce que sinon le Tigre des Prairies qui est là bas va croire que tu es un repas comestible. » Il n’y avait pas vraiment de malice dans la voix d’Amarel. Tout n’était qu’une évidence, de la présence du tigre qu’il percevait à une vingtaine de foulée aux larmes du gamin qui le mettaient mal à l’aise. Se détournant de Zaack – de toute manière, ce n’était pas vraiment son problème si le gosse ne suivait pas ses conseils – Amarel chercha un instant dans ses affaires avant d’en sortir un poignard au manche patiné qu’il tendit au gamin. « Je sais pas toi, mais je n’ai pas envie de rester dans le coin et je me sens tout nu sans une lame sur moi. » Oui, cette phrase pouvait sembler incongrue émanant d’Amarel. Mais lorsqu’on commençait à le fréquenter un peu, il ne fallait pas s’arrêter à de tels détails. « Les Tigres des prairies ont tendance à croire que tout est comestible, surtout si ça respire et si ça sent bon. Mais attention, je ne parle pas de ce que nous on définirait comme sentir bon, hein ! Par exemple, aux yeux de cette bête, on est un peu des rôtis trop agités pour être parfaitement mangeables, mais sinon on ferait un bon diner. Tu veux devenir un Marchombre ? Je pense qu’on trouverait un bon lit à Ondiane, c’est sympa et j’y connais des gens. L’apprentissage dure trois ans. Sinon on peut aussi aller vers Al-Chen, on aurait le temps d’atteindre les premières fermes avant la nuit. Et ça va être difficile. » Amarel s’interrompit. « Tu me suis ? »
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Date du message: Sam. 24 Jan 2015, 21:19
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Zaackary venait de prendre une claque mentale gargantuesque. Si énorme qu’elle l’avait totalement désarçonnée. Tout son petit monde de rage et de fureur venait de s’effondrer, le laissant pantois et… cassé. Oui, c’était ça le mot, entièrement cassé. Lui, qui d’habitude n’avait aucune compassion ni aucune considération à l’égard des marchombres autre que de la haine, venait, pendant tout un laps de temps, d’éprouver de la gratitude à l’égard de l’un des leurs. Bien sûr, il ne savait pas que c’en était un pendant tout ce temps, mais justement, c’était encore pire. S’il ne l’avait pas deviné, cela voulait dire que non, il n’était pas pareil. Il était différent. Ah ça oui, pour être différent, il l’était. Cela ne faisait aucun doute. Non, aucun doute. - Oui, j’ai vraiment besoin de tout répéter. Il faut que je sois sûr, que je comprenne ce qui vient de se passer. – Donc, en clair, il s’était fait duper. Ou non. Peut-être que tout simplement, c’était uniquement le signe qu’il lui fallait pour évoluer, grandir. Nous sommes tous différents, personne n’est pareil. Nous pouvons chercher à ressembler ou à ne pas ressembler à différentes personnes, mais nous restons nous. Une entité unique. Et en face de lui se trouvait aussi une entité unique. Cependant, la question n’était pas là pour le moment. Non, pour le moment, un monsieur du nom d’Amarel était en train de répondre à des questions et des interrogations qui n’avaient, ni n’attendaient pas vraiment de réponses. Cela restait tout de même une attention gentille et même si le jeune homme n’était pas en mesure de l’apprécier, elle en restait appréciable.
- Si. Si, je te t’assure. Non. Si je peux. Bien sûr que je l’ai. Bien sûr que je ne suis pas Elle, je suis un mec. Adrek aussi. Si tu peux. Oui, je crois que je commence à comprendre.
Qui plus est, Zaackary était trop bouleversé pour répondre ou interpréter les paroles qu’on venait de lui dire. Non, il ne pouvait pas, peu importait l’effort qu’il aurait pu fournir à essayer de capter le sens de ces paroles. Cela aurait eu le même résultat. Rien. Le néant. L’esprit du jeune garçon était vide, aussi vide que la poche d’un riche marchand venant de se faire piller par un voleur. D’ailleurs, Zaackary ne se souvenait même plus de ce qu’il avait dit un instant auparavant. Tout se bousculait dans sa tête et tout sortait sans qu’il y réfléchisse avant. Ce qu’il sentait surtout, c’était ces larmes, intarissables, naturelles. Il n’y avait rien de plus vrai que ces larmes-là, des larmes de peur, des larmes d’incompréhension, des larmes de vide. Des larmes que rien ni personne d’autre que leur hôte ne pouvait arrêter. Et d’ailleurs, il devait les arrêter, elles l’épuisaient. Elles l’épuisaient tellement que lorsqu’il termina sa tirade, il tomba et se recroquevilla sur lui-même. Il n’avait plus la force d’articuler un traitre mot et surtout, il avait besoin de quelqu’un à ses côtés. Quelqu’un pour lui dire que tout irait bien, pour lui donner des repères, de nouveaux repères. Sa prière silencieuse, muette fut exaucée. Tout doucement et très calmement, Amarel soupira avant de lui tapoter l’épaule de manière fébrile. Puis, le Marchombre prononça ces mots si simples et pourtant si fort de sens :
- Si tu es perdu, tu n’as plus qu’à retrouver ta voie. Ou la Voie, vu que j’ai l’impression que pour toi comme pour moi, les deux se confondent.
Certes, à première vue, cela paraissait complétement stupide. Particulièrement le fait que s’il était perdu, il n’avait plus qu’à retrouver sa voie. Néanmoins, si on est perdu, on ne peut pas vraiment retrouver sa voie, puisque l’on est perdu. Cependant, il parla ensuite de Voie, pas la voie, non la Voie. Un peu comme lui parlait d’Elle et non d’elle tout simplement. Prononcé par le Marchombre, cette Voie avait l’air magnifique, attirante et envoutante. Aux oreilles du garçon, ce mot chantait, comme le chant d’un oiseau au lever d’un jour d’été, un chant merveilleux qu’on aimerait entendre sa vie durant. Et cette personne, en face de lui, avait l’air de savoir comment l’entendre toute sa vie, ce chant si attrayant. Alors, quoi de plus normal que lui demander de l’aide. – Non, ce n’est pas ce qu’une personne normalement constituée aurait fait, je vous l’accorde. Quand quelqu’un vous parle d’une Voie différente d’une voie, vous avez plutôt tendance à fuir et faire courir le bruit que cette personne-là, il vaut mieux l’éviter parce qu’elle n’a plus vraiment toute sa tête. Cependant, Zaackary n’est pas une personne normalement constituée. Non, c’est un ado de bientôt quinze printemps, sans repères, sans vie et sans chemin à suivre, sans voie à parcourir. Alors oui, pour notre adolescent, c’était normal de lui demander de l’aide et c’est d’ailleurs ce qu’il osa faire. – Et heureusement, le curieux personnage lui répondit. Il s’agenouilla même à moitié de façon à pouvoir plonger ses iris dans les siens.
- Bien sûr. Pourquoi est-ce que je ne t’aiderais pas ? Adrek m’a conseillé de venir par ici pour une bonne raison. Et c’est toi la raison. Mais d’abord, tu vas te relever, tu vas sécher tes larmes et tu vas essayer d’avoir l’air un peu plus solide parce que sinon le Tigre des Prairies qui est là-bas va croire que tu es un repas comestible.
Perturbé, et surtout presque abasourdi. Zaackary se redressa d’un coup. L’aider ? Il avait vraiment accepté ? Et il avait reparlé d’Adrek. Il passa une main dans ses cheveux et eut un regard très perplexe. Son esprit revenait au débat qu’il avait eu précédemment. Vous savez, quand on parlait des entités uniques, que personne n’est pareil et tout le reste ? Bien, ça à l’air de vous revenir. Donc, notre garçon était revenu à ce cheminement et essayait d’en trouver un aboutissement. Si chacun était unique et se développait alors de façon unique, alors cela voulait dire qu’Elle s’était développée d’une telle façon qui serait forcément différente de la façon dont les autres personnes et les autres Marchombres se seraient développés… Son raisonnement se trouva interrompu lorsqu’il revint sur un élément que l’autre avait prononcé… un tigre ? Un vrai tigre ? Cela fit tilt dans l’esprit de Zaack, il était temps de se ressaisir. D’un geste rapide de la main, il sécha ses joues et ses larmes, puis il se releva. D’abord tremblant, puis plus assuré, il prit conscience de la situation et avait totalement abandonné son cerveau. La doctrine frontalière avait repris le dessus.
- Bon, qu’on soit d’accord, je vais soudain paraître très bête et je ne vais pas trop réfléchir, j’ai commencé, hein, mais là, tout de suite, j’ai assez envie de sauver ma peau, alors je continuerai plus tard.
Amarel exprima par la suite des évidences en lui tendant un poignard, par exemple, le fait qu’il ne désirait pas vraiment rester dans le coin ou encore qu’il se sentait nu sans une arme. Se sentir nu, quelle idée saugrenue. Sans trop réfléchir, on lui tendait une arme et il réfléchissait comme un frontalier, il prit le poignard. Pourtant, il avait déjà deux poignards accrochés à sa ceinture et une épée courte dans son dos. Néanmoins, on ne refuse jamais une arme.
- Merci…
Il adopta rapidement une posture de garde, une main sur son poignard et une autre tenant celui d’Amarel. Ce dernier n’avait d’ailleurs pas sa langue dans sa poche en ce moment, puisqu’il ne cessait de parler.
- Les Tigres des prairies ont tendance à croire que tout est comestible, surtout si ça respire et si ça sent bon. Mais attention, je ne parle pas de ce que nous on définirait comme sentir bon, hein ! Par exemple, aux yeux de cette bête, on est un peu des rôtis trop agités pour être parfaitement mangeables, mais sinon on ferait un bon diner. Tu veux devenir un Marchombre ? Je pense qu’on trouverait un bon lit à Ondiane, c’est sympa et j’y connais des gens. L’apprentissage dure trois ans. Sinon on peut aussi aller vers Al-Chen, on aurait le temps d’atteindre les premières fermes avant la nuit. Et ça va être difficile. Il marqua une petite pause. Tu me suis ?
Et là, il se produisit un second drame depuis le début de cette rencontre incongrue. Zaackary se détourna totalement de la présence du tigre. Les paroles de l’homme l’avaient captivé. Son raisonnement reprit. Nous disions donc, si tout le monde était unique et se développait de façon unique, alors cela voulait aussi dire qu’Elle s’était développée d’une façon qui serait forcément différente de la façon dont les autres personnes et les autres Marchombres se seraient développés. Donc, si Zaackary décidait de dire oui, alors, normalement, il devrait se développer différemment d’Elle. Donc, il pouvait envisager de dire oui. Il le pouvait. Il en avait envie. Il voulait entendre et vivre cette Voie qui paraissait merveilleuse. Plus que tout, il voulait fouler cette Voie avec son âme plus qu’avec ses pieds. Ce serait difficile. Difficile comment ? Comme l’abandon qu’il avait connu ? Pire ? Parce que dans tous les cas, il s’en fichait. Il n’avait rien et on ne peut pas refuser un chemin qui parait si beau lorsque l’on n’a rien. Marchombre. Ce mot sonnait si juste, si fort. Il réveillant les sens de Zaack. Puis, il se demanda s’il avait vraiment envie de le suivre pendant trois ans. Il fallait dire qu’Amarel n’avait pas vraiment l’air très dégourdi et on aurait plutôt dit un enfant qu’un adulte… mais pourquoi pas. Le jeune homme fit un pas de côté et un pas devant pour se camper face à son interlocuteur.
- Bon, comme nous risquons certainement de trépasser prochainement, je vais peut-être redevenir intelligent et finir de raisonner. Du coup, avant que nous ne mourions, je tenais à dire certaines choses. D’abord, il n’est absolument pas question que je devienne comme Elle, mais je pense que je peux emprunter la même Voie sans devenir comme Elle. Bah oui, puisque tout le monde se développe différemment. Du coup, je pense que je vais dire oui. Mais j’ai pas envie de dire oui, parce que oui c’est un mot trop faible pour répondre à cette proposition et que je ne suis pas faible non plus. Alors, je ne vais pas dire oui… Au tigre, qui en avait profité pour s’approcher, d’un ton très ferme et très autoritaire. Oh, toi, ce n’est pas le moment ! Tu ne vois pas que c’est important ! Alors chut ! Et va-t’en voir ailleurs si on y est ! Zou ! Je suis en train de décider de ma vie. Est-ce que je décide d’être stupide et de le rester ? Ou est-ce que je vais au-delà de mes principes entièrement cons ? Alors tu comprends bien que je n’ai pas vraiment le temps de m’occuper de toi.
Le poignard qu’Amarel lui avait donné fusa, telle une flèche entre les deux pattes de l’animal, comme pour le dissuader de faire un pas de plus. Même si ça ne l’en dissuaderait certainement guère. Imperturbable, il poursuivit :
- Aujourd’hui, je fais le choix délibérément fou de te donner trois ans de ma vie, que ce soit dur ou invivable, je le veux. Et euh… Ondiane c’est plutôt chouette quand on va se faire dézinguer par un tigre des Plaines… Hum, et au cas où nous survivrions, juste au cas où, je suis sûr autant que je te suis. Que ce soit maintenant, ou plus tard.
Zaackary inspira profondément, il venait de donner trois années de sa vie à un presque inconnu, sans regrets. Doucement, pour ne pas énerver le tigre, il prit son épée courte, jugeant les poignards inutiles à cette distance. Il n’attaqua point, non, il hésitait, c’est vrai, le tigre n’avait pas vraiment l’air de vouloir les attaquer non plus. Non, il ne grognait même pas. C’était… étrange, très étrange. Zaackary ne voulait pas ôter la vie à un être vivant s’il ne risquait pas sa propre vie. Et là, en l’occurrence, tous les facteurs extérieurs qu’il décelait ne lui indiquaient pas qu’il allait décéder prochainement. Alors non, il n’attaqua pas et attendit bêtement.
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Joueuse
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Date du message: Sam. 07 Fév 2015, 17:51
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Il y avait quelque chose de particulièrement amusant avec Amarel, c’était qu’on avait souvent un doute sur le fait qu’il fut sérieux ou non dans ses propos. Dans la lune, suivant une logique plus que particulière, on pouvait croire qu’il n’était pas tout à fait en phase avec le reste des gens. Vraiment. Répondre à toutes les questions – rhétoriques par ailleurs – posées par Zaackary, c’était déjà pas mal en soi, mais tenir sans s’interrompre ni montrer le moindre doute deux voire trois discours en parallèle et portant sur des sujets totalement différents et, pires, plus que sérieux… C’était une véritable preuve qu’à déjà d’être intelligent, Amarel avait un mode fonctionnement qui le démarquait de la plupart des gens, marchombres ou non ça allait sans dire. Une pause, il s’interrompit, finalement. Pour mieux laisser les choses et les mots voleter entre lui et le gamin qui le dépassait d’une bonne tête – chose relativement frustrante d’ailleurs. Un Tigre des prairies, donc. Un magnifique tigre, un spécimen sans aucun doute plus gros et plus beau que ceux qui se promenaient plus au Sud. Cela faisait bien cinq minutes qu’Amarel avait perçu la lenteur de son déplacement, son souffle, sa simple présence. Sens surdéveloppé ? Sixième sens ? Instinct de prédateur ? Non, loin de tout cela, Amarel avait déjà du mal à être un homme relativement commun, on ne pouvait pas décemment le concevoir comme dépasser la normalité sur ce plan là. Mais s’il avait un point fort que personne, strictement personne, chez les Marchombres pouvaient ignorer chez lui, c’était sa tendance à être constamment en phase avec la gestuelle marchombre et la communion qu’elle pouvait apporter avec la nature environnante. Observateur, capable de repérer les changements et les mouvements les plus infimes sans même se forcer, lorsqu’Amarel était dans ses pensées et totalement détendu, il ne pouvait pas être surpris. Jamais. Ou très rarement, il ne fallait pas non plus tomber dans les extrêmes, Amarel pouvait toujours surprendre même dans les pires bêtises.
Tigre des prairies, donc. Imposant. Il pouvait d’ici sentir sa présence, celle d’un roi sur son territoire qui toisait ses sujets pour mieux savoir s’il valait les conserver pour un usage futur ou venir directement prélever la dîme qui lui était due. Un sourire, Amarel se surprit à vouloir aller le voir, juste pour lui dire bonjour. Peut être même lui chanter, lui murmurer quelques mots de bienvenue. Le geste rapide de Zaack lui imposa, malheureusement, de rester sur terre. - Bon, qu’on soit d’accord, je vais soudain paraître très bête et je ne vais pas trop réfléchir, j’ai commencé, hein, mais là, tout de suite, j’ai assez envie de sauver ma peau, alors je continuerai plus tard. Le Marchombre fronça les sourcils devant cette entrée en matière totalement inattendue. Quand je disais qu’il pouvait toujours être surpris… je ne pensais pas à cette surprise là, mais bon, certes. Déconcerté, donc, Amarel en revint à ses pensées initiales, celles importées gentiment par le tigre, en extirpant de ses affaires l’un de ses premiers poignards, au manche patiné par l’usage. Allez, tiens, c’est cadeau… Lorsque je n’ai pas de lames sur moi, je me sens tout nu. C’était amusant de voir que sur certains points, il fallait les chercher, certes, mais ils existaient, les Marchombres se recoupaient tous. Et ne pas être désarmés – alors qu’il faut être franc : un marchombre est constamment une arme – était un de ces points. Même chez Amarel. Tendant le poignard, donc, à un Zaack qui l’accepta sans sourciller, Amarel revint sur l’important : - Merci… Non, pas la politesse du gamin. L’important, c’était plutôt la psychologie des tigres des prairies. Le côté amusant et logique dans le comportement, le déplacement fin et gracieux d’un félin. Et surtout, l’allure de steak tatare qu’ils ne devaient pas manquer d’avoir l’air tous les deux aux pupilles effilées de l’animal. L’important, c’était plutôt ce qu’ils allaient faire ensuite. Et là intervint la capacité étrange d’Amarel à suivre plusieurs idées à la suite sans marquer de pause. L’important, c’était que Zaackary devienne un marchombre et cesse de gesticuler comme un oiseau tombé du nid. L’important, c’était qu’Amarel continue de progresser, continue d’avancer sur la Voie, et si devant lui ce gamin était un pont, ou un tunnel, ou un raccourci vers un nouvel embranchement… il ne pouvait pas le laisser passer, c’était clair et limpide pour lui. Non ? Tu me suis ? Tu me suis. Cette phrase avait tellement de sens qu’Amarel hésita à prendre le temps de les lister. Tu me suis, tu me comprends, tes pas marcheront ils à la suite des miens pour que je t’aide à te révéler à toi-même comme Zougui a pu le faire avec moi ? Tu me suis, tu suis ma logique, tu suis mon instinct, tu suis mes ordres et mes conseils ? Un soupir, Amarel s’adossa à Brindille qui piaffa d’impatience. On avait différentes façons de percevoir un tigre des prairies et même si le marchombre le prenait plutôt sereinement, son cheval était un peu plus inquiet. Peut être connaissait il davantage son marchombre que ce qu’on pouvait penser, peut être était il plus futé que notre rêveur, peut être, aussi, ne faisait il suivre que le réflexe atavique qu’avait un équidé devant un félin, qu’avait un herbivore devant un carnivore, qu’avait, enfin, la proie devant son prédateur. Patient – stupide diraient certains – Amarel croisa les bras, laissant ses yeux dériver vers le tigre pour revenir sur le gosse qui semblait hésiter entre être estomaqué, paniquer, réfléchir et choisir. Un pas sur le côté, le gamin prit finalement une décision. - Bon, comme nous risquons certainement de trépasser prochainement, je vais peut-être redevenir intelligent et finir de raisonner. Du coup, avant que nous ne mourions… Blablabla. Ils n’allaient pas mourir, c’était une telle évidence pour Amarel qu’il cessa immédiatement d’écouter attentivement. Trop de paroles inutiles, trop de blabla, trop de pessimisme. Non merci, il n’avait pas besoin de tout cela. Pourtant, quelques mots lui parvinrent malgré tout. Comme des pierres, des gemmes posées sur la Voie, qu’il ne pouvait que voir et saisir, aussi crétin qu’il pouvait l’être. Tout le monde se développe différemment. Voilà qui était tout à fait vrai. Même si jusque là, il n’avait jamais rencontré de Tigre des prairies qui préférât les fraises à la chair tendre. Alors, je ne vais pas dire oui… Ca en revanche, c’était tout à fait stupide. Même Amarel pouvait l’entendre. C’était stupide, irresponsable, encore une fois inattendu, et les traits juvéniles d’Amarel prirent un coup de vieux lorsqu’il fronça les sourcils en claquant la langue de mécontentement. Il était déçu. Déçu que le gamin ne suive pas l’évidence, déçu de voir aussi qu’il s’était leurré. Oh, Amarel avait l’habitude de faire fausse route, mais par sur ce plan là. Parce que si Adrek avait fait en sorte qu’ils se croisent, parce qu’il sentait des tripes que ce gosse pouvait faire un Marchombre de tonnerre et que tout ce qu’il lui manquait, c’était justement ce qui faisait les points forts d’Amarel, parce que tout simplement, il ne pouvait en être autrement.
Amarel, donc, cherchait encore les mots pour dire le fond de sa pensée à Zaackary lorsqu’il comprit que si le gamin s’était interrompu, ce n’était pas pour s’amuser. Le tigre s’était approché, naturellement. Et le gamin avait pris peur. Ou en avait pris ombrage : dans les deux cas, c’était la même chose. …lleurs si on y est ! Zou ! Je suis en train de décider de ma vie. Est-ce que je décide d’être stupide et de le rester ? Ou est-ce que je vais au-delà de mes principes entièrement cons ? Alors tu comprends bien que je n’ai pas vraiment le temps de m’occuper de toi. Un large sourire s’étira, chassa les sourcils froncés, sur le visage d’Amarel. Parfois, ça pouvait être intéressant de tout écouter, en fait ! Hochant la tête, négligeant le fait que le tigre commençait à se mettre en colère, Amarel acquiesça vigoureusement aux propos de l’étrange spécimen qui se trouvait face à lui. « Voilà, c’est exactement ça ! En revanche, si tu pouvais éviter de l’agacer, je suis sûr qu’il serait plus récep… » Hum. Vu le ronronnement – grognement peut être, plutôt ? – qui venait de s’échapper des babines retroussées de l’animal, Amarel comprit qu’il était un peu trop tard pour faire de la pédagogie féline à son futur apprenti – parce que s’il n’avait pas dit oui, il n’avait pas dit non. Sourd, cependant, aux mises en garde de l’animal, Zaackary avait continué. - Aujourd’hui, je fais le choix délibérément fou de te donner trois ans de ma vie, que ce soit dur ou invivable, je le veux. Et euh… Ondiane c’est plutôt chouette quand on va se faire dézinguer par un tigre des Plaines… Hum, et au cas où nous survivrions, juste au cas où, je suis sûr autant que je te suis. Que ce soit maintenant, ou plus tard. Un large sourire, Amarel tapa dans ses mains dans un « Parfait ! » qui fit à nouveau chuter sa maturité. Dans un mouvement souple, gagnant cette fois très certainement quelques points, il fit passer Zaack dans son dos, pour s’approcher à pas de loup du tigre des prairies qui semblait attendre quelque chose. « Bonjour toi… » Plus rien d’enfantin. La voix d’Amarel avait gagné quelques échos rauques, à l’image de sa crédibilité. Un murmure, pas tout à fait le chant marchombre, mais un murmure impératif, qui lui imposait un contact visuel durable avec l’animal. « Calme toi. Il n’y a rien pour toi ici, tu comprends ? » Les pattes de l’animal se tétanisèrent. Le grognement s’intensifia, Amarel continuait de murmurer, sans quitter les yeux du tigre. Ses doigts tâtonnèrent, se saisirent du poignard, firent quelques pas en arrière. Un sifflement péremptoire, Amarel sentit sans avoir besoin de regarder que son cheval était pleinement attentif. « Zaack, puisque je suis supposé te sauver la vie, tu grimpes sur Brindille sans écraser Crétin et tu me tends un arc et une flèche, dans des mouvements lents, compris ? » Un pas en arrière, Amarel sentit son murmure fléchir, son emprise sur l’animal faiblir. Il ne voulait pas chanter, Zaackary n’était pas digne du chant marchombre – pas encore. Et puis, pour une fois qu’il maîtrisait totalement la situation, ce n’était pas le moment de rendre tout cela trop simple. C’était Amarel : il fallait toujours qu’il gâche tout, même lorsqu’il commençait à mériter son rang de Maître.
Sa main partit en arrière, sans même douter un seul instant d’y trouver le contact satiné de son arc, échangeant l’arme contre le poignard. Entrant dans le temps du tigre, dans sa respiration, dans la dilatation de ses pupilles, le Marchombre choisit de se concentrer un peu plus. Une acuité particulière, une souplesse dans ses mouvements qui trahissait la gestuelle qu’il avait fait sienne au plus haut point, lorsqu’Amarel se mit en action, ses gestes furent si précis qu’ils en parurent flous, rompant le contact visuel avec le tigre pour décocher une flèche qui se planta exactement où il le souhaitait, déchirant douloureusement la chair du tigre qui roula dans la poussière, interrompu dans son bond. D’un coup de talon, après être monté dans un même mouvement sur son cheval, Brindille partit en avant tandis qu’Amarel s’extirpait peu à peu de sa concentration, avec une difficulté similaire à celle vous prenait lorsque vous deviez vous lever un matin, trop tôt, pour aller nager dans un cours d’eau glacé. Après quelques minutes de galop, il fit ralentir leur course, et sauta à terre. Sans se soucier de la poussière ? Quelque chose n’allait pas ? « Tu vas bien ? » Les yeux gris d’Amarel survolèrent Zaackary. Le Marchombre tituba, un étrange picotement lui parcourant la colonne vertébrale. « C’était bien. Tu as fait le bon choix. Mais fallait pas le provoquer, le tigre. » Le picotement devint douleur. Amarel tituba un peu plus. « Ondiane, c’est une bonne idée. Ils ont des jolies fleurs, en plus, tu vas voir. » Chancelant, Amarel, trébucha, cherchant à trouver l’origine de cette douleur grandissante. Sa main partit dans son dos, revint humide. Finalement, il n’avait peut être pas aussi bien que ça anticipait le saut du tigre, qui avait eu le temps de lui lacérer le dos avant de s’écrouler. « Ouille. Heureusement qu’il n’est pas venimeux. » Des étranges tâches de lumière s’attardèrent sur son champ de vision.
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Gagnant du jeu de l'oie
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Guilde : Les Marchombres
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Poudlard : 6e année |
Date du message: Mer. 18 Fév 2015, 07:04
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En effet, Zaackary attendit très bêtement. En réalité, bien sûr que le tigre avait grogné, mais c’était comme s’il ne l’avait pas entendu. Non, il n’avait rien entendu, rien perçu n’émanant de ce tigre, point même sa respiration. C’était étrange. Exactement comme si sa conscience flottait à l’extérieur de son corps, comme s’il assistait à une scène irréelle et pourtant réelle sans toutefois y assister. Amarel, son maître Marchombre, puisqu’il était tel dorénavant, avait changé. Brusquement il paraissait plus vieux, plus mature. Puis, pendant quelques instants, certainement quelques secondes réelles, mais plutôt plusieurs minutes dans cet espace-temps fictionnel, le nouvel apprenti eut le temps de se repasser la séquence. Et voilà tout ce qui avait pu se passer, et surtout tous les détails qui avaient pu échapper à l’œil distrait du jeune garçon.
En réalité, il fallait se l’avouer, Zaackary avait commencé à paniquer à partir du moment où Amarel, très naturellement et très calmement comme s’il lui annonçait qu’il allait pleuvoir d’ici quelques minutes et cela en raison des énormes nuages noirs dans le ciel, telle une évidence, vous l’aurez compris, lui avait annoncé qu’il y avait un tigre des prairies non-loin de leur position. Enfin bref, il y avait un tigre des praires, et lui devait décider de son avenir très prochainement. D’ailleurs, il flippait tellement qu’il avait provisoirement mis son avenir sur pause, puis il avait rebroussé chemin et avait appuyé sur lecture, rien que pour voir où cela pouvait le mener. Et il avait dit oui, enfin non, il avait accepté la proposition d’Amarel, il l’avait suivi… Entre temps, il lui avait tendu un poignard, que stupidement, Zaack avait envoyé vers le tigre, sans le toucher. Et cela avait énervé le tigre, mais jamais il ne l’avait senti. Non, telle l’herbe en hiver, sa conscience avait gelé. Tout son organisme s’était figé à l’instar des sentinelles plusieurs décennies avant cet événement.
Néanmoins, tous ses sens étaient exacerbés, en alerte et pourtant totalement inefficaces. Ce jour-là était décidément le jour des paradoxes. Ainsi, il vit la profonde réflexion de cet être tourmenté, son combat intérieur pour gagner la concentration, ses sourcils se haussant, s’abaissant au gré de ses humeurs et son claquement de langue. Ce simple son lui parut étourdissant contrairement au murmure de ses paroles qui passaient à travers lui en lui soufflant, ce n’est pas cela qui est important, observe mon corps, observe ce qui t’entoure, là est La clé… Et cesse immédiatement cet air idiot sur ton visage, ce n’est pas cela qui va t’aider ! Le jeune homme cligna instantanément des yeux et se repassa le son, les épaules du maître Marchombre s’étaient soudainement abaissées l’espace d’un court instant. Déception. Pourquoi ? La réponse fusa. Parce que tu n’allais pas dire oui. À cet instant, l’homme devant lui, lui paraissait vieillard. Plus tard, il capta la joie enfantine dans un claquement de mains, ce qui eut pour effet de changer sa vision, il n’y voyait plus qu’un enfant. Amarel était un être complexe qui méritait d’être étudié et il se promit de s’en souvenir au cours de son apprentissage.
On en arrivait au moment le plus important, celui où la conscience de Zaackary avait entièrement décroché de son corps, envolée dans un battement d’aile de papillon. Son être s’était préparé à ce moment, il avait été plus réceptif que jamais et enfin, mais surtout, il avait réveillé l’hypersensibilité qui sommeillait en lui. La voix du Marchombre était devenue murmure et le tigre ne semblait que peu apprécier. Ses poils s’hérissèrent, son regard devint noir et un grognement sourd s’échappait de sa gorge. Amarel ne se laissa pas démonter et parla ou plutôt ordonna à son apprenti. Instinctivement, sans chercher à comprendre, sans se poser la moindre question, Zaack obéit et effectua l’action demandé, en soit, lui tendre un arc et une flèche…
Le temps s’arrêta.
Soudainement.
Le paysage était figé, seuls les personnages de cette scène irréelle se mouvaient. L’hémisphère gauche de Zaackary travaillait à plein régime pour tout décrypter. Le tigre fléchit sur ses pattes et se lança corps et âme dans un bond. Dans le même temps, le Marchombre décocha une flèche. Le spectateur ne s’attarda nullement sur ce geste et vit ce que le personnage, de sa position, n’avait pas vu. Il vit la patte du tigre se fendre d’un sourire étincelant avant de se revêtir d’une robe pourpre et luisante. Au même instant, le temps retrouva ses droits et sépara les deux protagonistes. Pour le geste du tigre, c’était trop tard. Amarel ne faisait déjà plus parti de son temps au moment où la main gantée d’os avait frappé. Pour lui, rien de cet effroyable instant n’était arrivé. D’un coup tonique du talon, il grimpa sur Brindille qui partit immédiatement. Plusieurs minutes s’écoulèrent au rythme du galop de l’étalon, c’est-à-dire très vite, durant lesquelles une bataille acharnée entre le temps et Amarel se jouait. Le temps remporta la victoire. Brindille ralentit sur ordre de son propriétaire. Ce dernier sauta à terre et ce qui devait arriver, arriva. Le sang coula enfin de la plaie ce qui eut pour effet de faire tituber le blessé. Sans se rendre encore compte de la situation, il prononça quelques mots qui perdaient de leur sens au fur et à mesure que la nature reprenait ses droits sur cet étrange personnage. Les fleurs sont jolies à Ondiane. Trébuchant, il prit conscience de sa blessure lorsque sa main revint vermeille d’un voyage dans son dos. Les yeux de l’homme aux traits juvéniles se virent passer un voile.
Zaackary bondit à terre. Enfin. Il retint Amarel et l’allongea sur le ventre. Ses réflexes prenaient le dessus. Aucune hésitation n’était possible, elle pouvait être fatale. Voir l’étendue des dégâts. Pas beau, pas beau du tout. Le sang coulait abondamment. D’une main, il se saisit d’une tunique dans son sac en bandoulière. Avec ses deux mains cette fois-ci, il fit pression sur la blessure. Le tissa s’imbiba d’hémoglobine. Il réaffirma sa prise ce qui arrêta l’hémorragie. Ouf. Enfin, c’était vite dit. Vous vous souvenez des gros nuages noirs de toute à l’heure ? Bien. Parce qu’ils étaient vraiment là.
La première goutte d’eau se fracassa sur la nuque du jeune homme alors qu’il farfouillait à nouveau dans sa sacoche et en ressortit une petite sacochette dont il sortit deux gousses d’ail qu’il ouvrit en deux dans la longueur à l’aide d’un petit couteau. Avec des gestes précis, il l’appliqua à même la plaie, ne se souciant guère de la réaction de son patient. Des phrases lui revinrent en mémoire, prononcées par la douce voix d’une femme. L’ail est un antiseptique efficace appliqué à même la plaie, tu peux aussi en utiliser ses vapeurs. Cependant, il d’autant plus efficace s’il est combiné à un baume au calendula. Mais oui, bien sûr ! Il sortit une petite boîte en bois de sa trousse magique, à l’intérieur reposait un baume odorant, jaune orangé. Il l’appliqua toujours sans aucune compassion à l’égard d’Amarel. Rapidement, pendant que l’onguent pénétrait, il se dénuda, déchira les manches et le bas de sa tunique pour en faire des bandes. Il pansa la plaie qui avait toujours l’air assez vilaine et se rhabilla. Précautionneusement, il remit son maître en selle et, le calant, il s’adressa à Brindille.
- Je sais que je ne suis pas ton maître, mais ton maître à des soucis, c’est grave, alors il faut que tu nous conduises à Ondiane. Et pour ça, je vais devoir te grimper sur le dos, d’accord ?
Prudemment, il se propulsa sur l’assise du cheval et passa ses bras autour d’Amarel tout en s’accrochant au col de Brindille qui s’élança au galop, comme s’il avait compris les paroles de Zaackary. Ils galopèrent pendant ce qui lui sembla une éternité, peut-être était-ce vraiment le cas. Il ne savait plus. Sa perception du temps était brouillée. La pluie s’était intensifiée, cela sentait l’orage. Le ciel craquait et grondait à la manière d’un torrent en colère. Ils devaient absolument gagner Ondiane avant le début de la nuit. Et surtout, avant le début du véritable orage, avec de violents éclairs et une pluie diluvienne qui ne tarderait pas à s’abattre sur les voyageurs. Du mieux qu’il pouvait, Zaack tentait de protéger le pansement de l’eau, cela ne marchait qu’à moitié et cela l’inquiétait. Si le pansement prenait l’eau, l’hémorragie risquait de repartir. Heureusement pour lui, au loin, à la limite de son champ de vision, il aperçut une ville. Ondiane. Il demanda à Brindille de fournir un effort sur-chevalin.
- Sauve l’avenir incertain de ton maître Brindille. Chasse les nuages de sa route.
Le cheval accéléra encore, ses flancs fumaient lorsque, enfin, il stoppa sa course aux portes d’Ondiane. Titubant, il descendit de cheval et alla frapper à l’énorme porte en bois. Revenant sur ses pas, il prit Amarel dans ses bras. Il ne savait pas s’il était inconscient, il n’était pas très réactif tout du moins. L’avantage que sa tête de plus lui procurait, c’était qu’il pouvait arriver à soulever le maître Marchombre. C’était sans compter ses muscles tétanisés qui fléchirent sous le poids de l’homme. La porte émit un grincement. Déception, ce n’était que le vent. Zaackary ne put avancer, il tomba à genoux. L’adrénaline redescendait, le privant de ses forces. Tout cela pour rien, Amarel allait mourir, devant Ondiane. Quelle p....n d’ironie. Vaincu par un orage, les rêveurs devaient être cloîtrés entre les quatre murs de leur cité et en raison du bruit, ils n’entendraient sûrement pas ses prières. Il rassembla ses ultimes forces et allongea Amarel devant lui. Sa vision se brouilla, ses paupières se baissaient, plus forte que sa volonté. Il n’eut le temps que d’entendre le craquement de la porte s’entrouvrant et des pas précipités. Sa voix rendue rauque par l’effort lâcha quelques mots.
- Je vous en prie, soignez-le, il faut qu’il vive… Il n’a pas fini de fouler de son pas le sol de ce monde… Il doit encore apprendre à un idiot comme moi…
Ses toutes dernières paroles s’achevèrent dans un souffle, incompréhensibles, si bien qu’elles ne sauront pas retransmises ici. Le voile de l’inconscience s’empara de lui. Son corps devenu poupée de chiffon s’effondra tandis qu’on prenait Amarel pour le transporter.
[RP potentiellement terminé après l'accord de mon partenaire pour un changement de lieu vers Ondiane.]
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