// Déjà, quand les professeurs leur avaient raconté cette histoire d’œuf d'or, elle n'y avait pas cru une seconde.
C'est vrai, quoi, qui pourrait faire grossir une simple pépite d'or jusqu'à la faire atteindre la taille d'un œuf ? Si l'or pouvait changer de taille, Gringotts serait en faillite depuis bien longtemps. Et puis, la probabilité qu'un veine d'or se cache dans les entrailles de l'île était... comment dire ? Inexistante. Cette légende était bien trop
sibylline pour être vraie. A moins que le sorcier, dans sa grande intelligence, ait recréé un œuf du style Tournoi des Trois sorciers, qui produise un son assourdissant lorsque il est ouvert hors de l'eau, ce qui aurait assommé tous les cannibales de l'île et aurait permis au sorcier de s'enfuir tranquillement ?
Alors, quand les rires enjaillés de ses camarades tentèrent de lui faire croire qu'ils avaient trouvé un indice pour leur chasse à l'oeuf près du gigantesque Moaï qui les avait accueillis dès leur arrivée, elle éclata tout simplement de rire.
C'était grâce à ses bons résultats en Etude des graphèmes et en Botanique, comme dans toutes les matières d'ailleurs, ainsi qu'à sa conduite exemplaire, du moins en présence de professeurs, que Thalia avait été invitée à ces vacances sur l'île de Pâques ; les élus avaient été au nombre de deux par maison. Sa première motivation, en dehors de cette chasse à l’œuf d'or vouée à l'échec, était de prendre l'air, le soleil, de pouvoir respirer le bon air marin pendant trois jours et de se promener dans un paysage féérique, calme, milieu de la nature. Sur ce point-là elle avait de quoi être satisfaite. Alors, s'il fallait se prêter au jeu de piste pour contenter le groupe, elle le ferait...
Le soleil réchauffait agréablement sa peau, encore pâle, qui n'attendait qu'un petit surplus de mélanine pour foncer. C'était l'un des inconvénients d'habiter en Angleterre, le soleil n'était pas au rendez-vous tous les jours... Ces petites vacances étaient la parfaite occasion pour parfaire son bronzage, en espérant ne pas attraper de coup de soleil.
La jeune fille se dirigea vers le Moaï, rejoignant les autres élèves qui s'entassaient autour comme un troupeau de moutons - seuls les bêlements frénétiques manquaient. La grande statue de pierre semblait en phase d'
ataraxie, avec son air serein, son visage sans expression, ses cratères d'ombre au niveau des yeux, son nez imposant et son sourire plat. La routine, pour une statue. Mais après tout, peut-être qu'il s'animait pendant la nuit, comme ce fameux Gnom-Gnom de
"La nuit au Musée".
- Mrs Hayden ! Venez voir ! La pierre est plus chaude au niveau des yeux de la statue ! décréta fièrement un troisième année, bombant le torse comme un paon.
** Tu parles d'une découverte, c'est vous qui réchauffez cette statue à force de vous agglutiner dessus ! ** ricana intérieurement Thalia.
// Néanmoins, ne pouvant refouler complètement sa curiosité, Thalia s’approcha du grand Moaï. Vu de près, il était impressionnant. Mais pas assez pour l’empêcher de grimper jusqu’au sommet de son crâne chauve. Alors que certains élèves s’élevaient magiquement dans les airs, Thalia préféra s’en remettre à la bonne vieille escalade. La roche rugueuse de la statue offrait des prises faciles, et en un rien de temps, la jeune fille se retrouva perchée sur le géant de pierre.
La brunette profita de cette position en hauteur pour admirer le paysage environnant. Entourée par l’océan d’un bleu éclatant, l’île comportait plusieurs collines, dont un ou deux volcans, ainsi que des plaines verdoyantes ; mais curieusement, aucune forêt ne se trouvait dans les environs. Est-ce qu’une éruption volcanique avait brûlé tous les arbres à portée de lave ? C’était un mystère. Avec le temps, ils auraient dû repousser.
Thalia inspira une grande bouffée d’air marin. Le sel lui picota agréablement les narines. Ah, que c’était bon, ces petites vacances sur une île perdue au milieu de nulle part… L’isolement était un remède inégalable pour s’éloigner un peu du reste du monde le temps de se reposer, même si ce voyage ne devait durer que trois jours. Y aurait-il du changement à leur retour ? Et qui sait, peut-être que le jour du départ, le portoloin refuserait de fonctionner, les contraignant ainsi à bivouaquer dans ce paradis terrestre quelques jours de plus ?
A côtés d'elle, couché sur le crâne de la statue, les bras dans le vide, le Serpentard qui avait interpellé la professeure d'Etude des Graphèmes tâtait les yeux du Moaï. Un carré de mousse à ses pieds interpella Thalia. Il semblait dissimuler quelque chose. Intriguée, elle gratta la mousse du bout de sa chaussure, et révéla au grand jour une... plaquette noire. Qui lui fit étrangement penser à un panneau solaire. Qu'était-ce ? Peut-être un mécanisme pour activer la statue, de quelque manière que ce fut... Mais comment ? L'espèce de panneau solaire semblait légèrement surélevé, ce qui lui fit penser que c'était sans doute un interrupteur à presser. Elle asséna donc un grand coup de talon sur la plaquette pour vérifier sa théorie, mais elle ne bougea pas d'un pouce. //
** Peut-être qu'un sort ferait mieux l'affaire. **
// Thalia sortit sa baguette en soupirant. Elle s'était promis de ne pas utiliser la magie pendant ces trois jours, mais sa résolution n'allait pas pouvoir tenir. //
- Expulso ! s'exclama-t-elle.
// Cette fois-ci, la plaquette sombre réagit, en s'enfonçant dans la pierre. Puis, après quelques secondes pendant lesquelles Thalia se demanda quelle avait été l'utilité de son acte, le Moaï tout entier se mit à bourdonner, allant crescendo, jusqu'à gronder plus fort qu'un essaim d'abeilles, et les vibrations qui le parcouraient simulaient un tremblement de terre pour les quelques élèves intrépides qui surmontaient son crâne. //
- Euh... Il se passe quoi là ? demanda le troisième année, toujours allongé, la voix légèrement timbrée d'inquiétude.
- Thalia... commença une Gryffondor.
- Quoi ? Ne me dis pas que tu n'aurais pas appuyé si tu avais vu cet interrupteur ? se défendit celle-ci, qui commença toutefois à se demander ce qu'elle avait fait.
// C'est ce moment là que choisirent Kathleen Hayden et Jack Spire pour arriver, touts sourires. Lesquels se muèrent en grimace consternées. Thalia échangea un regard avec ses deux colocataires de crâne de Moaï. Ce fut bref avant qu'ils parviennent à une décision muette. Que le Serpentard de troisième année hurla au grand jour. //
- SAUTEEEEEZ !!!!!!!
- Amortissimo ! s'exclama Thalia dans un même temps, désireuse de ne pas se tordre une cheville.
// A sa grande stupéfaction, la magie se plia au sortilège qu'elle avait prononcé à la volée, et qui n'existait probablement pas avant que... Elle avait inventé un nouveau sortilège ! Peut-être grâce aux courants telluriques plus prononcés présents sur cette île ?
Juste avant que leurs pieds ne touchent le sol, l'air se condensa sous les trois sorciers pour amortir le chute, les déposant en douceur au sol. //
- Géant !!! s'exclamèrent en choeur les deux autres.
- Merci, répondit Thalia d'une petite voix, encore ébahie.
// Malheureusement, personne à part eux n'avait assisté à l'exploit de la Serdaigle. Tous les regards étaient tournés vers le Moaï. Contrairement aux craintes de la brunette, celui-ci n'avait pas explosé - dommage, elle appréciait beaucoup les feux d'artifice - mais presque... Enfin, partiellement. Pour être exacte, deux rayons lumineux turquoise surgissaient de ses yeux et allaient se perdre au loin, dans le ciel, en direction du centre de l'île. Le Moaï bourdonnait toujours. Tout le monde semblait hypnotisé, époustouflé, et personne ne parlait, absorbé dans la contemplation de ce spectacle aussi surprenant qu'étrange qui se déroulait sous leurs yeux... //
- ... Vous croyez qu'il s'agit d'un mécanisme créé par le peuple de Mû ? lâcha une fillette d'une douzaine d'année aux cheveux noirs de jais au bout de plusieurs longues secondes de silence.
- Evidemment, répondit ironiquement le Serpentard, retrouvant sa langue et son sarcasme avec.
"Lorsque tous les Moaï lanceront des éclairs bleus avec leurs yeux, alors surgira des océans le mythique peuple de Mu !"
// La fillette se renfrogna. //
- N'importe quoi... Tu n'as aucun moyen de prouver que j'ai tort !
- Et tu ne peux pas non plus prouver que tu as raison, Maïa, mince alors ! Tout ce blabla du continuent englouti de Mu c'est une légende, tout autant que le fait que Stonehenge ait été construit par des extraterrestres.
- Mais il n'y a qu'eux qui auraient pu mettre en place un tel système !
// Pendant que les deux élèves continuaient à se disputer, Thalia tendit l'oreille. Derrière, un peu en retrait, Jack Spire et Kathleen Hayden conversaient entre eux à voix basse. Est-ce que ce qui venait de se passer était compris dans leur programme ? Ou est-ce que la Serdaigle avait réussi à déjouer les plans que leur concoctaient leurs professeurs pour se lancer sur les traces de l'un des plus grands mystères de tous les temps ? Ça paraissait un peu gros quand même, mais... Cette manière dont les deux enseignants discutaient lui faisaient penser qu'il y avait un imprévu dans toute cette histoire.
A côté, le Gryffondor et la fillette brune cessèrent enfin leurs chamailleries, comme s'ils avaient réussi à conclure un accord. //
- On s'est dit qu'on pourrait faire le tour de l'île pour activer toutes les autres statues et voir ce qui se passera ensuite, expliqua Maïa, jetant quelques regards en direction des professeurs, comme pour attendre une confirmation.
On a trois jours, donc si on se divise en deux groupes, un qui longe la côte par l'Est et l'autre par l'Ouest, c'est réalisable.
- C'est d'accord, acquiesça Jack Spire, songeur.
Un peu de marche vous fera le plus grand bien. Qu'en penses-tu Kathleen ?
- C'est une très bonne idée ! renchérit la professeure d'Etude des Graphèmes.
Alors, qui veut être dans quel groupe ?
// Après quelques minutes, les groupes furent faits, de sorte que chacun contienne quatre élèves, dont un de chaque maison. Capucine la Gryffondor, Léo le Serpentard, Maïa la Poufsouffle et Thalia partaient vers l'Est avec Kathleen Hayden, tandis que Jack Spire emmenait leurs quatre autres camarades à l'Ouest. Puis ils se mirent en route ; cette promenade le long de la côte réjouissait Thalia au plus haut point. Ces trois jours sur une île perdue au milieu de l'Océan Pacifique commençaient à prendre une tournure intéressante... //
( ... )
// Midi.
Dans le ciel, le soleil avait atteint son zénith, assommant de ses rayons les malheureux marcheurs voyageant à pied à travers l'île.
Activer toutes les statues s'était révélé une tâche pénible. Non seulement elles étaient affreusement nombreuses, mais il fallait aussi s'élever dans les airs pour pouvoir enclencher l'interrupteur, ce qui était une tâche fatigante. Heureusement, aucun moldu ne semblait de passage sur l'île (probablement un stratagème du directeur de Poudlard) sinon il aurait fallu trouver un moyen de camoufler à leurs yeux les rayons lumineux...
Las et transpirante, Thalia s'approcha du bord de la falaise. D'après les panneaux, ils avaient atteint la
Poike Peninsula. Tout en bas, les vagues léchaient les rochers, grignotant lentement mais sûrement le bas de la falaise. Qu'il faisait chaud... Si elle n'avait pas été sûre de s'écraser la tête la première sur la roche escarpée, la Serdaigle aurait plongé sans hésiter dans l'eau turquoise.
Un scintillement particulier à la surface de l'eau attira soudain son attention. Thalia aiguisa son regard. Malheureusement, les lentilles qu'elle portait ne corrigeaient pas toute sa myopie. Il lui avait pourtant semblé distinguer quelque chose... C'est alors que le scintillement revint. Cette fois-ci, elle aperçut les écailles d'une carapace de tortue qui frôlaient la surface. Une tortue ? Ici ?! Non seulement les tortues étaient ses animaux préférés, mais... En croiser en ce lieu était fortement étonnant... Elle avait lu quelques parts que les tortues ne venaient plus pondre leurs œufs sur cette île depuis des siècles ! //
** Il faut absolument que je la voie de plus près. **
// Guidée par son instinct, Thalia s'approcha encore plus près du vide et... Dégringola. La terreur l'envahit, et elle se roula en boule, tandis que les rochers lui écorchaient les bras. Si par malheur elle prenait un coup sur la tête... //
- Aaaaaah !!! Aaa.. .a... Amortissimoo !! bredouilla-t-elle, sa baguette tremblant entre ses mains.
// Par chance, le sort fonctionna. A moitié, certes ; la douleur fut bien présente lorsqu'elle s'écrasa sur une saillie rocheuse mais, au moins, elle n'avait rien de cassé. Lorsqu'elle se redressa, elle fut prise de tournis. Elle avait beaucoup d'égratignures, mais rien de très sérieux ; quelques-unes de ses blessures saignaient, mais ce n'était que superficiel. Plus de peur que de mal, en résumé.
Enfin, elle examina l'endroit où elle avait atterri. Elle n'était pas tombée jusqu'au bord de l'eau, mais le chemin n'était pas à moins de 20 mètres-dessus. Derrière elle, l'entrée d'une grotte s'ouvrait dans la paroi rocheuse. La curiosité l'emporta. Thalia s'accroupit et pénétra à l'intérieur. Le plafond ne dépassait pas les 1 mètre 30 de hauteur. Sur le mur de droite, éclairé par la lumière du soleil, étaient gravées de mystérieuses inscriptions, dont un qui ressemblait à s'y méprendre à un poulpe. Le reste de la grotte était plongé dans la pénombre. //
- MRS HAYDEN ! VENEZ VOIR !!! s'écria Thalia.
// Quelques minutes plus tard, Kathleen Hayden se faufila par l'entrée étroite de la grotte, escortée par Léo, Capucine et Maïa. Ces deux dernières s'émerveillèrent devant les symboles gravés sur les parois de la grotte comme si elles venaient de découvrir les grottes de Lascaux. Quand à la professeure d'Etude des Graphèmes, elle se pencha vers les gravures - enfin, encore plus qu'elle était déjà penchée, puisqu'on ne pouvait pas tenir debout dans la grotte -, fascinée. //
- Je connais ces symboles, déclara-t-elle en souriant.
Ce ne sont pas des graphèmes, mais des pétroglyphes, c'est-à-dire des runes encore plus anciennes... Au fait, comment as-tu découvert cette grotte Thalia ?
- Hé bien, euh... je regardais la mer, puis je me suis penchée et euh... enfin bref. Pensez-vous que vous pouvez parvenir à les déchiffrer ? s'enquit-t-elle pour esquiver la question.
- Hum... je pense que oui. Les sorciers de Gifdu m'en avaient touché deux ou trois mots. Je devrais pouvoir comprendre le sens général, seulement, il me faudra du temps... Vous n'avez qu'à retourner dehors et vous reposer dans un coin d'ombre...
- Je préfère partir explorer le fond de cette grotte ! s'exclama hardiment Capucine, dont la voix fut amplifiée par l'écho.
- Dans ce cas je t'accompagne Indiana Jones, tu serais bien capable de te perdre... pouffa Léo.
- Et moi, ajouta Maïa,
je reste avec vous Mrs Hayden ! Je pourrais vous aider à comprendre la signification de ces pétroglyphes... On va dire que je serai votre assistante !!!
Comme tu voudras, rigola Kathleen Hayden.
Et vous les spéléologues, soyez prudents ! Jack Spire me tuerait s'il vous arrivait quoi que ce soit ! les prévint-elle avec un clin d’œil.
// Thalia avait le choix. Ou pas vraiment, en fait. Soit elle se joignait à Capucine et Léo découvrir les secrets de cette grotte humide et ténébreuse, mais s'aventurer dans l'obscurité la plus complète, ayant pour seule source de lumière le bout d'une baguette éclairé, ne l'enthousiasmait pas des masses... et qui savais si des esprits ne hantaient pas le fond de cette grotte ? Brrr. Cette possibilité fut écartée d'office. Ou bien elle restait avec Maïa et Kathleen Hayden jusqu'à ce que la professeure parvienne à trouver une traduction correcte. Cela non plus, ça ne la motivait pas. Le mieux serait de retourner à l'extérieur, et peut-être pourrait-elle retrouver la tortue marine qu'elle avait cru apercevoir... //
- Je vais dehors, annonça-t-elle distraitement.
// La jeune fille franchit de nouveau l'entrée étroite de la grotte et fut un instant aveuglée par la luminosité du soleil réfléchie par la mer. Lorsque ses yeux s'habituèrent enfin, elle commença à désescalader prudemment la falaise pour atteindre le niveau des vagues. De la, elle espérait mieux repérer la tortue qu'elle avait vue, si celle-ci revenait. En attendant, elle s'allongea sur un rocher, et contempla les nuages, essayant de deviner ce qu'ils représentaient. Ca, un hippocampe... Ou, non, un hippogriffe aquatique, plutôt. Elle sourit en se remémorant cette étrange rencontre. Elle était convaincue qu'elle reverrait cette mystérieuse créature un jour ou l'autre. Et là, un nuage en forme... d’œuf ? Pouvait-on réellement lire l'avenir dans les nuages ? Si elle avait posé cette question à Frey Damaris, le professeur de Divination, sans doute lui aurait-il répondu que oui. Mais, elle, elle n'y croyait pas. Pourtant il faudrait bien qu'elle improvise un semblant de prophétie lors de l'épreuve des BUSEs, l'année prochaine, histoire de ne pas rendre copie blanche... Enfin, elle avait encore un an pour apprendre par cœur une prophétie tout prête, écrite noir sur blanc sur une page d'un livre de la section "Divination' de la Bibliothèque de Poudlard ; alors, il n'y avait pas de quoi s'inquiéter pour le moment.
Une esquisse de sourire florissant sur ses lèvres, Thalia ferma les paupières.
Elle fut réveillée par des petits coups assénés sur son pied. Il lui semblait que sa sieste avait à peine duré cinq minutes. L'esprit encore un peu embrumé, elle se redressa et s'étira en baillant. Elle était jolie, cette tortue marine qui la scrutait de ses yeux sombres en amande...
- Hein ?!!
// La Serdaigle recueillit un peu d'eau salée dans le creux de ses mains et s'aspergea le visage. C'était malin, ses yeux la piquaient maintenant... Enfin, quoiqu'il en soit, elle n'était pas victime d'hallucinations, car la tortue était toujours là, immobile et impassible à la fixer sans sourciller - chose plutôt facile quand on n'a pas de sourcils. //
- Hum... bonjour ? tenta Thalia.
// Incroyable ! La tortue ne répondit pas. Elle n'avait jamais su engager la conversation avec les reptiles à carapace. Mais qu'est-ce qu'elle attendait, cette tortue ? Pourquoi restait-elle là sans rien faire ? Ça devenait presque stressant. La Serdaigle poursuivit donc sa tentative de dialogue. Quitte à passer pour une folle. //
- Comment ça va ? Tu te la coules douce ? L'eau est bonne ? Moi c'est Thalia Sandway et toi ? Je suis enchantée de faire ta connaissance, j'ai toujours rêvé de rencontrer une fière et majestueuse tortue des mer telle que toi ! Dis, tu ne vois pas d'inconvénients à ce que je te caresse ? Non ? Super.
// Pleine d'espoir, Thalia tendit sa main, comme une petit fille réalisant enfin son rêve. Et puis qui sait, peut-être que la tortue l'emmènerait faire un tour sur sa carapace ? Il suffisait simplement d'y croire. Mais, alors que sa main frôlait la peau à la fois rugueuse, lisse et humide de la tortue, celle-ci se métamorphosa. D'un coup. Vloum. Thalia fut tellement surprise qu'elle recula brusquement vers l'arrière, trébucha, et se retrouva étendue sur les rochers, sans défense. La stupéfaction lui coupa le souffle et la voix, de sorte qu'elle ne fut pas en mesure d'appeler de l'aide.
Face à elle, la créature marine commença à grandir, maigrir, et une multitude de cheveux grisâtres incroyablement longs lui poussèrent au sommet du crâne ; ses yeux rétrécirent, sa peau rosit, ses nageoires se muèrent en mains, fripées et frêles, tandis que sa carapace blanchissait et s'assouplissait pour recouvrir le nouvel être d'une tunique blanche. En un rien de temps, la tortue des mers s'était métamorphosée en petit vieillard ridé et courbé. /
Thalia chercha un échappatoire, une porte de sortie, n'importe quoi par le moyen duquel elle pourrait s'éclipser rapidement. Elle n'en trouva pas. Elle était coincée entre la mer et la falaise. Ô, monde cruel. //
- Vous... un... nimagus ? parvint-elle à articuler fastidieusement, en focalisant tout la force de sa volonté.
// Le vieillard la dévisagea intensément. Il avait conservé ses iris ténébreux, qui lui donnaient un air inquiétant. Puis il sourit de toutes ses dents de travers recouvertes de tartre. Thalia lutta contre l'envie furieuse de prendre ses jambes à son cou, puisque cette option lui était actuellement impossible. Elle fut incapable de prononcer le moindre mot supplémentaire. Mais ce ne fut pas nécessaire, car le vieillard se résolut à lui répondre. //
- Bien vu, jeune demoiselle, répliqua-t-il d'une voix chevrotante.
Je me nomme Maestrakionechu, mais je préfère que l'on me nomme Maestro, et mon animagus est une tortue... Mais ça, tu as déjà du le remarquer, ajouta-t-il en pouffant.
// Thalia se détendit légèrement ; ce vieil homme était certes très singulier, mais il n'avait pas l'air agressif ou hostile. //
- Oh... Et ça vous arrive souvent de surgir devant les touristes à l'improviste ?
// Maestro plissa les yeux, et Thalia se dit que, finalement, il était peut-être plus coriace qu'il n'en avait l'air, aussi ne baissa-t-elle pas sa vigilance. Au cas où. //
- Non. Mais tu n'es pas un touriste ordinaire, remarqua-t-il.
Tu dégages un mana hors du commun. J'ai d'abord cru que tu étais une descendante des anciens rois de l'île, mais je vois à présent que ce n'est pas le cas...
// Le vieillard aurait pu parler chinois ou cambodgien que la Serdaigle n'aurait pas plus compris ce qu'il venait de dire. //
** Mana ? Mais qu'est-ce c'est que ce truc ?! **
- C'est ta force magique, expliqua naturellement Maestro.
Dis-moi, tu ne m'as pas l'air très au courant pour une élève de Poudlard.
// Cette fois-ci, Thalia faillit tomber par terre. Même si, en fait, elle était déjà par terre. //
- Comment... ?
// Puis elle comprit. Alors ça, c'était le comble. Ça ne lui suffisait pas d'être animagus, à ce vieux fou. //
- Vous êtes Légilimens, déclara Thalia.
// Des lumières pétillèrent dans les yeux du bonhomme. Puis, sans raison, il éclata d'un rire tonitruant qui fit s'envoler quelques mouettes somnolant sur la mer. La brunette ne voyait pas ce qu'il y avait de drôle, mais bon. A présent, elle n'avait plus peur. Son effroi avait été chassé par l'intrigue et la curiosité. Qui était cet homme ? Que faisait-il ici ?... Quel âge avait-il ?
Maestro hocha la tête. C'était tout de même pratique, elle n'avait même pas besoin d'énoncer clairement ses questions. Mais le fait qu'un inconnu puisse lire à sa guise dans ses pensées lui donnait des frissons. Il faudrait qu'elle songe à prendre des cours d'Occlumancie à l'avenir.//
- Je comprend tes interrogations, jeune padawan, hé, hé. Alors, si tu as du temps devant toi, laisse-moi t'expliquer mon histoire... Jadis, j'étais un habitant du peuple de Mû. Seulement, j'étais jeune, et bête, cela surtout ; or à Mu, seule la vivacité d'esprit compte, les autres sont rejetés de la société. Je pouvais déjà entendre les pensées des gens, car ce don m'avait été offert à ma naissance par la nature, et ainsi je voyais clairement que je ne comptais pas pour eux. J'étais malheureux. J'ai découvert très vite mon pouvoir de métamorphose. Tu comprends bien que j'ai sauté sur l'occasion ; à cette époque, les tortues étaient considérées comme les animaux envoyés des Dieux. Tout le monde me vénérait ! ... Ça, c'était le beau temps. J'ai commencé à me plaire sous cette forme. Je me suis transformé de plus en plus souvent, jusqu'à ne plus du tout reprendre ma forme humaine. Je suis devenu animal à part entière. Je vivais avec les autres tortues, et, comme elles, j'étais attiré sur le continent par le mana dégagé par les anciens rois du peuple de Mu.
// Il marqua une pause. Son regard était vague, se perdait dans le vide. Thalia, suspendue à ses lèvres, n'osait souffler mot. //
- Lorsque le continent à disparu, ne laissant que cette île, mais entraînant avec lui tout le peuple de Mu dans les profondeurs abyssales, reprit-il, avec un soupçon de tristesse et de mélancolie dans la voix,
j'étais complètement dépaysé. J'avais oublié qui j'étais. Mais mon âme restait accrochée à ce lieu, car au fond de moi, je savais que toute mon existence se résumait au continent englouti. Les autres tortues sont parties. Comme les rois avaient disparu, leur mana ne les attirait plus vers l'île. Alors je me suis réfugiée sur ce petit îlot au Sud-Ouest de l'île, en face du village d'Orongo. Là, les siècles ont passé. Pendant tout ce temps, j'errais dans les océans, recherchant dans les profondeurs quelques traces des ruines de mon ancienne patrie ; hélas, je n'ai jamais rien trouvé. Mais, petit à petit, je me suis reconstruit. Et, un beau jour, je suis parvenu à reprendre ma forme originelle.
// Il stoppa de nouveau son récit, pour venir planter son regard dans celui de Thalia. //
- Ce fut dur. Très dur. Lorsque je me suis penché vers l'eau pour regarder mon visage, je ne me suis pas reconnu. Mes cheveux avaient blanchi, ma peau s'était ridée. J'étais faible, j'étais laid. J'avais vieilli.
// Il soupira, puis tourna ses yeux vers le ciel. //
- C'est à partir de ce moment que je suis devenu fou. Alors, dès qu'un sorcier dans ton genre arrivait sur l'île, je croyais que les rois du peuple de Mu étaient revenus, tellement votre Mana ressemble aux leurs. Cet étranger à l’œuf d'or, là, dont parle la légende ; sa pépite, c'est moi qui la lui ait offerte en offrande. Ça lui a bien servi, le bougre. Il m'a abandonné, moi, misérable vieillard, en reprenant la mer...
// Comme Maestro semblait avoir définitivement fini de raconter sa vie, Thalia s'empressa de poser les questions qui lui brûlaient la langue : //
- Alors, le peuple de Mu a vraiment existé ? Est-ce qu'ils ont un rapport avec les statues ? Et avec les pétroglyphes de la grotte ? Et où avez-vous trouvé cette pépite d'or ? Savez-vous où se trouve l’œuf d'or aujourd'hui ?
// Maestro la dévisagea, un petit sourire au coin des lèvres. Puis il éclata de rire, en se tenant le ventre à deux mains. //
- AH AH AH AH !!! Tu croyais vraiment que j'allais te le dire ?! OUH OUH OUH !!!! Ce que t'es drôle ! Ça fait longtemps que je n'avais pas autant ri ! HI HI HI !!!! Tu n'as qu'à aller à Orongo pour voir si j'y suis ! HO HO HO !!!
// Puis avant que Thalia n'ait pu se jeter sur lui pour l'étrangler, le Légilimens utilisa son pouvoir d'Animagus pour se retransformer en tortue marine et disparut dans l'eau. Si la brunette avait eu des nageoires, elle l'aurait pour sûr poursuivi. Ce vieux schnok s'était moqué d'elle ! Est-ce qu'une seule phrase de son récit était vraie ? Rien de moins sûr. Et dire qu'elle s'était laissée berner comme une... comme une chèvre ! La comparaison n'était pas très imagée, mais elle ne trouvait pas d'autre animal pouvant symboliser son idiotie à l'instant. Elle allait se mettre à bêler, tiens. //
** Reviens ici espèce de lâche !!! **
fulmina-t-elle intérieurement en espérant que le vieillard lise dans ses pensées.
// L'esprit obscurci par des pensées noires, Thalia remonta la falaise jusqu'à l'entrée de la grotte. Avec toute cette histoire, peut-être que les autres en avaient fini avec l'exploration de la caverne et le déchiffrage des symboles gravés dans la paroi. Justement, alors qu'elle empoignait une dernière prise , Kathleen Hayden surgit à quatre pattes de l'entrée du souterrain, suivie par Maïa et les deux autres. Ils affichaient tous un sourire ravi, qui remonta un peu le moral de la Bleu-et-Bronze. Au moins, il y en avaient quelques-un qui s'amusaient. //
- Alors ? demanda-t-elle.
- Nous avons fait quelques découvertes intéressantes, expliqua posément la professeure,
mais je pense que ça peut attendre n'est-ce-pas ? Je trouve que la matinée a déjà été assez chargée, que diriez-vous de manger, puis de profiter du l'océan ? Je ne serais pas contre une petite baignade !
// Les exclamations de joie des trois autres tirèrent un sourire à Thalia. Elle avait encore deux jours et demi pour remettre la main sur Maestro et lui dire clairement ce qu'elle en pensait, de ses blagues à la noix ! Et puis, elle avait une petite idée d'où elle pourrait le dénicher... //
( ... )
// Orongo.
Après deux jours de marche, ils avaient enfin atteint le petit village cérémonial, construit sur un flanc du volcan Rano Kau, aux maisons de pierre à demi-enfouies dans le sol. C'était le point de rendez-vous que s'étaient fixés Kathleen Hayden et Jack Spire deux jours plus tôt.
Le voyage touchait à sa fin, et tout le monde était ravi de son séjour. Les deux dernières nuits à la belle étoile et les feux de camps avaient soudé élèves et professeur, et l'ambiance qui régnait au sein du groupe était donc plutôt bonne.
Après avoir admiré le cratère du volcan, qui offrait une vue impressionnante, le petit groupe était redescendu vers le village, où Kathleen Hayden avait appris grâce aux rune des la grotte que d'autre pétroglyphes étaient conservés. Si cette nouvelle avait enchanté la professeure d'Etudes des Graphèmes, elle avait en revanche un peu déçu les jeunes sorciers, qui s'attendaient à un indice sur la légende du peuple de Mu ou de l’œuf d'or.
Ils avaient continué à activer les grands Moaïs sur leur chemin, mais commençaient à douter que cela serve à quoi que ce soit. A vrai dire, Thalia soupçonnait fortement Maestro de ne pas être innocent à cette histoire. Elle avait gardé pour elle sa rencontre avec l'homme-tortue, et n'en avait plus entendu parler depuis ; cependant, elle comptait bien le retrouver aujourd'hui pour se venger de ses supercheries.
Aussi, lorsque Mrs Hayden commença à leur expliquer la signification du pétroglyphe représentant un homme-oiseau gravé sur l'une des pierres, la jeune fille prétexta un besoin urgent pour s'éclipser discrètement. Elle préférait opérer seule. //
** Par ici. **
// Thalia hoqueta. C'était sa voix. Il lui avait parlé dans son esprit. Elle en était sûre. Mais pourtant... Il y avait quelque chose de différent. Elle n'aurait su dire quoi.
"Par ici", lui avait-il dit. Mais où, ici ? //
** Ben à ta gauche, quoi, tu veux un plan ? **
// Et voila qu'il continuait à se moquait d'elle. Les oreilles de la brunette se mirent à chauffer. Elle s'efforça de maîtriser sa colère. De toute évidence, c'est ce qu'il voulait. Qu'elle s'énerve. Alors elle ne le ferait pas. Elle préféra plutôt répondre à sa provocation. Mais comment ? Elle n'avait encore jamais parlé à personne par la pensée. Enfin, elle pouvait toujours essayer. //
** Ce serait plus facile si tu n'étais pas trop lâche pour sortir de ton trou et te montrer au grand jour **
// Aucune réponse ne lui vint. L'avait-elle vexé ? Ou bien, il n'avait pas reçu son message mental.
Condamnée à suivre les indications de Maestro, Thalia pénétra dans la petite maison de pierre au toit recouvert de verdure qui se dressait à sa gauche. Il faisait plutôt sombre, mais elle parvenait à peu près à repérer les éventuels obstacles.
Cette confiance en elle fut une erreur.
Un pas de plus et un cri de frustration plus tard, Thalia se retrouva suspendue au plafond, emprisonnée dans un filet au mailles larges. //
- HAHAHAHAHAHAAA !!!!!!! s'esclaffa quelqu'un sur sa droite.
// Inutile de se demander qui c'était.
Ne pas se mettre en colère.
Ne pas se mettre en colère.
Surtout, ne pas se mettre en colère.
Pourtant, lorsque Maestro surgit de l'ombre pour se placer à la lumière du jour que laisser pénétrer la porte d'entrée, elle ne put retenir une énième exclamation de surprise.
Un garçon qui devait avoir 13 ou 14 ans tout au plus et qui arborait un grand sourire malicieux se tenait devant elle. Probablement d'origine chilienne ou tahitienne, il avait la peau couleur chocolat, des yeux bruns légèrement bridés et des cheveux noirs bouclés. Rien à voir avec le vieillard déca-centenaire qu'elle avait croisé l'autre jour. //
- Si tu me sors qu'en plus d'être Animagus et Legilimens tu es Métamorphomage, je te jure que...
- Il faudrait déjà que tu arrives à te libérer de ce filet, la coupa-t-il en rigolant.
Métamorphoquoi ?
- Métamorphomage, répéta-t-elle.
Jamais entendu parler. Tu veux parler de ma capacité à changer de forme spontanément ?
// Et sur ce, il crispa son visage. Deux secondes plus tard, Thalia put admirer en face d'elle sa parfaite réplique. Comme un sœur jumelle. C'était assez perturbant. Effrayant, même. Et puis, vue d'en face, elle était vraiment horr... Non. Pas question de laisser entendre de telles pensées à Maestro. Elle avait un honneur à garder. Si on poeut parler d'honneur alors qu'on vient de se faire capturer dans un filet de mailles par un gamin plus jeune que soit. D'apparence, en tout cas. //
- S'il-te-plaît, Maestro, arrête ça, c'est flippant... répliqua-t-elle calmement.
Et je te serais très reconnaissante de me déposer à terre, cette position commence à devenir très inconfortable.
- Hors de question ! répondit-il sur un ton moqueur.
Tu es bien plus amusante pendue au plafond. Et puis c'est décoratif, tu sais.
- Comme tu voudras, rétorqua-t-elle.
DIFFINDO !
// Le sort fusa, découpant les mailles du filet, qui céda. Thalia parvint à se redresser dans sa chute pour se rattraper sur ses pieds. Bien, elle avait conservé un peu de dignité.
Maestro / Thalia-bis afficha un visage horrifié et, sur le coup, se retransforma en gamin de 14 ans. Thalia ne put s'empêcher de se demander si c'était sa véritable apparence. //
- Comment t'as fait ça ? s'exclama-t-il.
- Chacun ses secrets. On n'a faire un marché, tu réponds à mes questions et je répondrai aux tiennes. C'est d'accord ? proposa-t-elle, ravie que la situation tourne en sa faveur.
- J'ai pas confiance. Tu réponds d'abord.
- Hum, on va dire un question chacun, et je commence à répondre si tu veux.
- Ok. Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que c'est que Poudlard ? Pourquoi en voulez-vous à mon œuf ?
// Thalia haussa un sourcil. //
- Ça fait trois questions. Mais si tu insistes... Nous sommes des sorciers, c'est-à-dire que nous disposons de pouvoirs magiques, et nous les utilisons en lançant des sorts grâce à nos baguettes magique. Poudlard est une école de sorcellerie, qui forme les jeunes sorciers. J'ignore de quel œuf tu parles, mais... Si tu parles de l’œuf d'or, c'est juste... Une légende que nous ont raconté nos professeurs, et c'est le motif de notre séjour sur l'île. A mon tour maintenant. Quel âge as-tu réellement ? Est-ce que c'est toi qui a créé le mécanisme des statues ? Et pourquoi tu me poses des questions alors que tu es Legilimens ?
// Un fin sourire s'étira sur les lèvres de Maestro. //
- Tu n'es peut-être pas aussi bête que tu en as l'air après tout.
- Merci.
- En effet, je peux lire dans les pensées des autres, mais je ne maîtrise pas encore très bien ce pouvoir... Il m'est impossible de dénicher des informations que les personnes n'expriment pas clairement dans leurs esprits. Oui, c'est moi qui ai créé ce mécanisme, pour voir qui arriverait à le comprendre. Quand j'ai vu que tu avais activé la première statue, j'ai commencé à vous espionner pour en apprendre plus. Quant à mon âge, tu me vois actuellement sous ma forme véritable.
// Thalia commençait à mieux comprendre l’enchaînement des événements qui s'étaient produits sur l'île depuis leur arrivée, mais quelques points méritaient encore d'être éclaircis.
Quant à Maestro, le nombre de capacités qu'il possédait par rapport à son âge la laissait perplexe. Si ce type devenait mal intentionné en grandissant, plus tard, il pourrait devenir véritablement dangereux. Cela l'étonnait que le Ministère de la Magie n'ait pas encore détecté la présence d'un sorcier comme lui sur cette île, bien qu'il n'ait pas de baguette magique et ne puisse donc pas lancer de sortilèges... Cela dit, elle avait cru comprendre que le Ministère avait quelques problèmes en ce moment, et qu'il agissait de plus en plus mystérieusement. Peut-être qu'ils auraient des surprises en rentrant de voyage. //
- Si je peux me permettre une question supplémentaire, même s'il y en a beaucoup qui se bousculent dans ma tête, qu'est-ce que tu sais à propos de l’œuf d'or ? l'interrogea Thalia, curieuse de voir jusqu'où s'étendaient les connaissances du garçon à ce sujet.
// Maestro pinça les lèvres ; et, pendant un instant, la Serdaigle craignit qu'il refuse de répondre. Mais ce ne fut pas le cas. //
- C'est un longue histoire... En fait... Tu vois cette histoire d'homme-oiseau qu'était en train de vous raconter l'adulte qui vous accompagne avant que tu ne t'en ailles ? Ben en fait, ça vient de là. Lorsque l'île était encore peuplée, une grande cérémonie avait lieu à la fin du mois de juillet, afin d'élire le tangata-manu, l’homme oiseau, celui qui dirigerait l'île pendant un an. Le village d'Orongo s'est construit autour de cet événement. Le rituel voulait que celui qui irait chercher le premier œuf de l'un des oiseaux, les manutaras, qui venaient pondre sur les trois îlots au sud-ouest du village, pour le rapporter intact sur l’île, serait sacré Homme oiseau. A la fin de la cérémonie, ces œufs sacrés étaient peints en doré, puis conservés soigneusement. Lorsque les habitants de l'île ont disparu, un seul œuf a pu être sauvé. C'est de là que partent toutes les légendes à propos d'un œuf d'or et caetera, blablabla, mais à la base, ce n'est que ça, expliqua-t-il.
// Thalia écouta toute l'histoire sans broncher. C'était donc ça. La version de la légende de l’œuf d'or que lui proposait Maestro lui paraissait définitivement plus plausible que celle de Jack Spire et Kathleen Hayden. Elle se risqua encore à une dernière question. //
- Et sais-tu ce qu'il est advenu de cet œuf de manutara aujourd'hui ?
- Bien sûr ! répondit-il avec un sourire large jusqu'aux oreilles.
Ma famille se l'est transmis de génération en génération. Actuellement, je suis orphelin, et cet œuf est ma seule famille. Mais il ne me sert à rien. Tiens, d'ailleurs, tu m'as l'air de quelqu'un de confiance. Si tu le veux, je te le donne !
// Dès que ces paroles furent prononcées, Maestro disparut dans la pénombre, et revint aussitôt après, en portant un œuf entièrement doré gros comme un ballon de basket qu'il déposa dans les mains de Thalia.
Celle-ci n'en croyait pas ses yeux. Elle le tenait... Cet œuf de légende, qui avait traversé les siècles... Et pourtant, il était encore intact... La peinture dorée paraissait encore fraîche et brillait de mille feux... C'était tellement incroyable... //
- Tu... Tu... Tu es sûr ? Balbutia-t-elle, émue.
Il doit représenter beaucoup pour toi... et... enfin...
Non, non !protesta-t-il.
Pas de séquence émotion. Je te l'ai donné, point. Ca fait des siècles que je cherche un moyen de m'en débarrasser. Au sens figuré, bien évidemment. Allez, pars maintenant, tes amis doivent t'attendre.
- Comment puis-je te remercier pour...
- Ouste, te dis-je !
// Comme Maestro ne lui laissait pas le choix, Thalia sortit de la maison, ravie, son précieux butin dans les bras. Jamais elle n'aurait cru en arriver là. C'était merveilleux ! Elle avait hâte de rejoindre le reste du groupe pour leur montrer sa découverte.
Lorsqu'elle les retrouva, ils avaient retrouvé Jack Spire et les quatre autre élèves. Tous étaient assis dans l'herbe, à discuter, rigoler, et se raconter leurs aventures respectives. //
- Thalia !!! s'exclama Katleen Hayden.
Je commençais à m'inquiéter ! Où étais-tu passée ? Mais... Qu'est-ce que tu tiens à la main ??!!
// Avant que la jeune fille n'ait pu ouvrir la bouche pour le leur expliquer, Léo bondit sur ses pieds, tendis un doigt vers l’œuf doré et s'écria : //
- C'EST L’ŒUF D'OR DE LA LÉGENDE !!!!
// Aussitôt, la brunette fut assaillie de toutes parts pars ses camarades qui voulaient à tout prix voir, toucher, admirer ce célèbre œuf d'or. Tout le monde s'extasiait devant l’œuf de légende ; et personne n'aurait pu croire l'ombre d'un instant qu'il n'était pas authentique. //
- Regardez ! dit alors Maïa.
Je crois qu'on peut l'ouvrir.
- Mais c'est vrai ça ! Attends, passe le moi, ordonna Capucine, toute excitée.
// La Gryffondore arracha presque l’œuf doré des mains de Thalia, et chercha un moyen de l'ouvrir. Elle trouva vite ; il y avait une sorte de manette au sommet de l’œuf que la Serdaigle n'avait pas tout de suite remarqué. //
- Vas-y ! Ouvre-le ! cria Maïa.
// Capucine s'exécuta. Pendant un instant, tout le monde retint son souffle, à la fois curieux et angoissé de découvrir ce que l’œuf d'or renfermait. Puis un ressort fusa dans l'air. Un objet coloré se mit à se balancer au bout de ce ressort. Lorsqu'il eut cessé de s'agiter en tous sens, tout le monde put clairement distinguer une marionnette coiffée d'un bonnet de clown, qui tenait à la main une petite pancarte, sur laquelle on pouvait lire :
"Ahahah ! Je vous ai bien eus !!!"
En voyant ça, Thalia faillit se cogner la tête contre le Moaï le plus proche. Pas de chance, il n'y avait pas de Moaï au village d'Orongo. C'était évident ! Maestro s'était encore fichu d'elle, et elle était encore tombée à pieds joints dans le panneau. Pourquoi se montrait-elle toujours aussi naïve ? Ce gamin parvenait à lui faire croire ce qu'il voulait, et avec quelle facilité ! ... //
- Allons, les enfants, reprenez votre calme ! décréta Jack Spire.
Votre camarade nous a fait une petite farce, nous avons bien ri, mais maintenant, il est l'heure de retourner à Poudlard, le Portoloin nous attend... Quelque chose ne va pas Thalia ?
- C'est juste que... commença-t-elle. // Elle se reprit. //
Non, c'est bon. Tout va bien.
// Le professeur de Botanique hocha la tête, satisfait. //
- Bien. Alors, allons-y. Serrez-vous autour du Portoloin, s'il-vous-plaît. Et ne traînez pas, ce serait dommage de rester bloquer sur cette île jusqu'à temps que quelqu'un vienne vous chercher.
// Le petit groupe se referma autour d'une canette de ferraille vide et rouillée ; encore quelques minutes, et le Portoloin s'activerait.
Thalia se retourna, et jeta un dernier regard au maisons de pierres du village d'Orongo, comme si Maestro allait surgir de l'une d'entre elles en s'écriant :
"Hé, c'était une farce ! Le véritable œuf et ici ! Attrapez !". Elle avait la conviction qu'ils se reverraient, un jour ou l'autre. Un garçon avec autant de pouvoirs et aussi jeune que lui ne pouvait pas moisir sur cette île indéfiniment. Un jour, il s'en irait, et partirait explorer le monde, à l'aide d'un moyen moldu ou à la force de ses nageoires de tortue.
La jeune fille lâcha un soupir. Puis elle posa sa main sur la canette.
Un souffle de vent balaya le flanc du volcan. Tout se mit à tourner. Ils disparurent. //