La guinguette de Troïl

[Versipellis]

// Loreliese sembla à la fois intéressée et intriguée par les propos de Tikazar : //

- Non, pas du tout. Elle est célèbre peut-être ? Je vous avoue, je ne voyage que peu... Ma sœur est plus à voyager, je le crains. Le bois des arbres est-il violet ? Je suppose que la forêt doit son nom à la couleur violette, je suppose ?

// Tikazar allait confirmer l'intuition de la pâtissière, et donner plus de détails, mais sa nouvelle amie ne lui en laissa pas le temps. Elle se leva en effet en disant : //

- Attendez-moi un instant, je reviens. Mettons-nous plus à l'aise.

// Puis elle se dirigea vers un stand de nourriture, et revint avec un plateau garni ainsi que deux verres de jus de fruits. Tikazar apprécia cette aimable intention : il était en effet plus convivial de discuter autour de choses à grignoter, surtout dans ce lieu où les bonnes odeurs régnaient et constituaient une grande tentation pour l'estomac ! C'était apparemment aussi le point de vue de Loreliese, puisqu'elle expliqua : //

- Voilà de quoi nous sustenter pendant que nous discutons. Vous pourrez ainsi me dire ce qui est le plus typique ici. J'aime beaucoup le principe du naturel dans vos nourritures. C'est tellement éloigné de ce que nous avons chez nous, dans le monde certain. Mais avant, on parlait donc de forêts violettes ?

// Tikazar revint donc à l'explication qu'elle avait préparée : //

- Tout à fait. Vous aviez raison en disant que la forêt tirait son nom de la couleur violette. En revanche, ce n'est pas le bois qui est de cette teinte, mais les frondaisons. Les troncs, eux, sont d'une couleur très claire, presque blanche. C'est assez merveilleux, je trouve.

// Puis la commerçante reporta son attention sur le plateau que Loreliese venait d'amener sur la table. Elle jeta un regard rapide aux différents mets. Elle n'était pas une grande connaisseuse, mais il y avait au moins une chose qu'elle se devait de dire à la pâtissière. Elle tendit le doigt vers une petite coupelle dans laquelle s'enroulaient des filaments recouverts de sauce, et indiqua : //

- Je vous conseille de ne pas manger ça, ça a vraiment goût de branchiflore. Je ne sais pas comment font les gens de mon pays pour en avaler... Pour le reste, c'est très bon, vous verrez !

[Cassiopee]

// Loreliese savourait le moment. Une conversation agréable, des douceurs à déguster et le temps qui était ensoleillé. Il faisait bon vivre au Pays dYs.

Sa nouvelle comparse reprit son explication sans se faire prier. //

- Tout à fait. Vous aviez raison en disant que la forêt tirait son nom de la couleur violette. En revanche, ce n'est pas le bois qui est de cette teinte, mais les frondaisons. Les troncs, eux, sont d'une couleur très claire, presque blanche. C'est assez merveilleux, je trouve.

//Loreliese qui s'était déjà fait à l'idée de meubles violets se fit une raison et imagina sa boutique dans des tons blancs. Cela serait très agréable, réellement. La véranda serait réellement mise en valeur, il n'y avait pas de doutes à avoir. La pâtissière s'imaginait déjà installer des plantes aux fleurs violettes pour agrémenter les meubles et faire un joli clin d'oeil à leur origine.

Oui, elle avait pris ça décision, l'idée était splendide. //

- Vous m'avez convaincue. Cela me semble être une excellente solution.

// Tikazar fixait désormais le plateau de victuailles qu'elle avait rapporté et lui désigna du doigts un amas de couleur étrange. //

- Je vous conseille de ne pas manger ça, ça a vraiment goût de branchiflore. Je ne sais pas comment font les gens de mon pays pour en avaler... Pour le reste, c'est très bon, vous verrez !

- Vous vous rendez compte que je vais devoir vous poser la question. Fit Loreliese en rigolant. Comment diable connaissez-vous le goût de la branchiflore ? Je n'oserais même pas y toucher !

// La rouquine souriait largement en attendant le récit de son... amie ? //

[Versipellis]

// Tikazar semblait avoir convaincu Loreliese avec sa mention du bois de l'Irtych violet. En effet, la pâtissière lui sourit et déclara : //

- Vous m'avez convaincue. Cela me semble être une excellente solution.

// Puis elle prit un air plus espiègle et lui demanda : //

- Vous vous rendez compte que je vais devoir vous poser la question. Comment diable connaissez-vous le goût de la branchiflore ? Je n'oserais même pas y toucher !

// L'hstoire n'avait rien d'extraordinaire pour Tikazar, mais elle avait conscience que son style de vie était rare dans les trois mondes. Elle raconta donc à Loreliese : //

- Eh bien, vous savez, c'est mon métier que de parcourir le multivers à la recherche d'objets rares. La branchiflore fait partie des curiosités du Monde Certain auxquelles je me suis intéressée. J'en vends dans mon magasin.

// Sentant que son interlocutrice s'attendait à quelque chose de plus extraordinaire, Tikazar précisa : //

- Cela dit, j'en utilise parfois moi-même. C'est fort pratique pour aller récolter des beaux coquillages au fond de la mer. En été seulement, cela dit. L'eau est trop froide l'hiver. Mais bon, le goût disparaît vite, alors que l'heure d'émerveillement devant les fonds océaniques dure.

// Puis elle revint aux affaires et demanda : //

- C'est donc d'accord pour l'Irtych violet ! Ca vous intéresserait que je vous y emmène, afin que vous puissiez vous rendre compte vous-même de ce que je vous propose ?

// Tikazar maîtrisait le Galdr du voyage, et elle se sentait tout à fait capable d'emmener Loreliese dans le Monde Incertain. Elle savait que l'orée de l'Irtych violet ne représentait que peu de danger : les roukhs ne s'y aventuraient pas, et pour ce qui était des mauvaises rencontres, Tikazar aurait une arme avec elle. Et sa magie, bien sûr, ne l'abandonnait jamais.
Montrer l'Irtych violet à Loreliese n'était pas nécessaire pour réaménager sa pâtisserie, mais la commerçante avait envie de faire découvrir les merveilles du multivers à quelqu'un d'autre : depuis le temps qu'elle arpentait seule le monde... Elle vendait des pièces détachées des lieux merveilleux qu'elle rencontrait, mais ces petits morçeaux ne pouvaient rivaliser avec la beauté des paysages entiers. //

[Cassiopee]

// Loreliese écoutait avec délice ce que lui racontait cette femme. Plonger dans les mers avec des branchiflores pour découvrir des trésors enfouis semblait être tellement extraordinaire. En un sens, Tikazar était comme sa soeur. Anne parcourait le monde depuis bien des années maintenant. Elle ne s'était arrêtée que provisoirement dans le monde certain pour passer une grossesse tranquille et sans complication.

Ainsi, lorsque l'Ysienne lui proposa de voyager, Lorelise se figea.

Voyager ? Avec elle ? Voir toutes ces merveilles qu'elle lui décrivait ? Etait-ce seulement envisageable ? Oh, elle devait bien avouer que la femme qui lui faisait face était en bonne santé, elle ne semblait pas blessée et ne souffrait pas d'une peur panique semblable à la sienne, c'était une évidence.

Mais elle s'était jurée qu'elle ne devait plus se renfermer sur son petit monde. Elle voulait s'affirmer, découvrir le monde pour un jour pouvoir transmettre ce goût de la vie à ses enfants. Elle ne voulait pas qu'il ait peur comme elle de la magie. Elle s'admonestait régulièrement à ce sujet sans parvenir à un compromis correct entre elle... et elle. C'était tellement ridicule de se laisser envahir par sa peur.

Alors, elle se lança. //

- Oui. Il était franc et empli d'un certain... soulagement. Mais à une condition. J'aimerais que nous signons un contrat. Rien de légal ou autre, juste... Comment dire. Juste un contrat simplement synallagmatique. Je m'engage à voyager avec vous, à faire taire cette peur panique que j'ai de la magie, ce qui ne va pas être simple... et en échange, vous m'aideriez. Ce voyage, j'aimerais le voir comme le début d'une thérapie d'un genre nouveau. Et vous auriez ainsi une compagne de voyage régulièrement.

// Loreliese avait bien conscience qu'elle s'engageait pour un travail long et difficile sur elle-même. Mais elle était détendue avec cette femme. Elle ne suintait pas la magie comme certains sorciers et elle avait l'air de confiance. Ne pas en profiter aurait criminel. //

- Avons-nous un accord ou voulez-vous rajouter quelque chose ?

[Versipellis]

// A la surprise de Tikazar, qui se serait attendue à de l'enthousiasme de la part de Loreliese, la pâtissière sembla très refroidie lorsqu'elle lui proposa de visiter l'Irtych violet avec elle. La commerçante en fut déçue : elle qui croyait que sa nouvelle connaissance était du genre téméraire... Loreliese s'expliqua en ces termes : //

- Oui. Mais à une condition. J'aimerais que nous signons un contrat. Rien de légal ou autre, juste... Comment dire. Juste un contrat simplement synallagmatique. Je m'engage à voyager avec vous, à faire taire cette peur panique que j'ai de la magie, ce qui ne va pas être simple... et en échange, vous m'aideriez. Ce voyage, j'aimerais le voir comme le début d'une thérapie d'un genre nouveau. Et vous auriez ainsi une compagne de voyage régulièrement.

// Tikazar avait été larguée au mot "synallagmatique". Le juridique n'était pas son fort : elle essayait d'aller au plus simple dans les papiers et vouait une sainte horreur à l'administration. Et pourtant, elle n'était pas si lourde à Ys... Est-ce que Loreliese cherchait à paraître docte en employant des mots aussi compliqués ? Est-ce qu'elle tentait de l'embrouiller ?
Elle se concentra sur la suite des paroles de la pâtissière. Peur de la magie ? Thérapie ? Peut-être les propos confus qu'elle avait employés précédemment étaient là pour cacher quelque chose de plus profond.
Tikazar en était là dans ses réflexions lorsque Loreliese lui demanda : //

- Avons-nous un accord ou voulez-vous rajouter quelque chose ?

// Prise au dépourvu, la commerçante bredouilla : //

- Ahem... Euh... Oui, pourquoi pas.

// Elle expliqua : //

- Je ne suis pas très paperasse, alors franchement, je préfèrerais aller au plus simple, mais si cela vous rassure, signons quelque chose. Que voulez-vous mettre dans les termes ?

// Si Loreliese voulait un contrat, qu'elle l'établisse : Tikazar n'avait pas l'intention de se plonger là-dedans. Se rendant compte du ton froid qu'elle avait employé, elle tenta de détendre l'atmosphère en revenant sur un terrain plus chaleureux : //

- En tout cas, ce sera un plaisir de voyager en votre compagnie.

** Si vous ne me posez pas d'autres embûches administratives... **

[Cassiopee]

// Loreliese allait tout simplement paniquer. Tikazar était redevenue aussi froide qu'à son arrivée et ce n'était tout simplement son intention. Elle se serait bien écrasé le crâne quatre ou cinq fois sur la petite table en chêne sur laquelle reposaient leurs plateaux. Pourquoi était-elle une sombre idiote affolée aussi facilement ? Pourquoi ? //

- Je suis navrée. Je ne voulais pas parler d'un vrai contrat... Je suis paniquée à l'idée de voyager et j'en suis au point de baragouiner sans réfléchir vraiment à mes paroles. Écoutez, nous allons faire ce voyage, oublier que je suis une idiote et profiter. Cela vous va ?

// Il fallait qu'elle prépare un sac de voyage déjà... Ou non. Sa soeur avait toujours son sac de voyage avec elle. Un sac prêt à partir. Bien qu'elle était un peu plus fine qu'Anne, tout le reste irait très bien. Il fallait juste changer les affaires de toilettes et elle serait parée. //

- Que diriez-vous de le faire d'ici deux semaines ? Ma sœur ne doit pas accoucher avant un bon mois et demi. Je suis toute à vous et tant que je ne réfléchis pas à tout ce qui me fait peur... Je suis très motivée. Emmenez-moi avec vous.

// Elle lui fit son sourire d'excuse en espérant que cela fasse flancher la brunette. Elle avait surtout l'impression d'être un éléphant pataud essayant de se faire pardonner la casse occasionnée dans un magasin de porcelaine. Mais bon. Elle essayait, non ? //

[Versipellis]

// Effrayer Tikazar ne semblait pas être ce que Loreliese souhaitait : d'ailleurs, la pâtissière sembla deviner l'embarras de la commerçante face à cette histoire de contrat. Elle précisa en effet : //

- Je suis navrée. Je ne voulais pas parler d'un vrai contrat... Je suis paniquée à l'idée de voyager et j'en suis au point de baragouiner sans réfléchir vraiment à mes paroles. Écoutez, nous allons faire ce voyage, oublier que je suis une idiote et profiter. Cela vous va ?

// Voilà qui convenait beaucoup mieux à Tikazar… Cette dernière acquiesça : //

- Oui, cela me va.

// Loreliese proposa ensuite : //

- Que diriez-vous de le faire d'ici deux semaines ? Ma sœur ne doit pas accoucher avant un bon mois et demi. Je suis toute à vous et tant que je ne réfléchis pas à tout ce qui me fait peur... Je suis très motivée. Emmenez-moi avec vous.

// Tikazar réfléchit rapidement. Dans deux semaines ? Non, elle n'avait rien de prévu. Et cela serait largement suffisant pour qu'elle envisage la possibilité de faire d'une pierre deux coups avec ce voyage en en profitant pour se ravitailler en produits pour son magasin… Elle répondit donc à Loreliese : //

- Dans deux semaines, ce serait parfait. Mieux vaut partir tôt dans le Monde Incertain pour profiter de la lumière matinale sur l'Irtych violet : si cela vous convient, nous pourrions nous retrouver samedi à neuf heures devant mon magasin, à Dashtikazar. Le Bazar de Tikazar. Je vous noterai l'adresse sur un bout de papier tout à l'heure. Ça vous irait ?

// Très pragmatique, Tikazar communiqua ensuite à Loreliese quelques détails pratiques sur l'organisation du voyage : //

- Ne vous chargez pas trop : nous serons itinérantes, alors prenez un sac à dos et des vêtements confortables. De l'eau, aussi. Oh, et pas la peine de prendre des armes. Si on nous embête, je me charge de mettre des horions aux gêneurs.

// Tikazar se rendit soudain compte qu'elle avait embrayé sur les discours qu'elle tenait du temps où elle était mercenaire… Ce qui était sans doute déplacé avec cette pâtissière du Monde Certain, dans lequel, d'après ce que lui avait dit Aglaé, les dangers étaient beaucoup moins présents ! Là-bas, le port d'armes était relativement peu fréquent… Elle s'empressa donc de tenter de faire passer sa maladresse pour une boutade : //

- Mais bon. Normalement, nous devrions voir au pire quelques oiseaux, papillons et écureuils. Rien de bien méchant.

// Cela dit, elle connaissait des écureuils d'une race particulière qui n'étaient pas dangereux que pour les noisettes… Le Selenalus Editoralius pouvait ser révéler très coriace. Mais inutile de préciser cela à Loreliese… //

[Cassiopee]

// A la suite de son éclaircissement sur l'absence de véritable contrat, la brunette sembla se détendre et accepta aussitôt de maintenir le voyage. Cela rassura en grande partie la rouquine qui attendit pourtant l'avis de Tikazar sur la date de leur départ. //

- Dans deux semaines, ce serait parfait. Mieux vaut partir tôt dans le Monde Incertain pour profiter de la lumière matinale sur l'Irtych violet : si cela vous convient, nous pourrions nous retrouver samedi à neuf heures devant mon magasin, à Dashtikazar. Le Bazar de Tikazar. Je vous noterai l'adresse sur un bout de papier tout à l'heure. Ça vous irait ?

- Impeccable. Je pense rester justement au Pays d'Ys pour suivre une formation de cuisine. On m'a renseigné une petite pâtisserie à Troïl et je vous rejoindrai pour l'expédition. Je suppose qu'un des habitants m'aidera pour le trajet. J'ai vraiment hâte de voir ça.

// Le soulagement de Loreliese égala presque cette sensation grisante. Elle, Loreliese Laners, peureuse de son état et sorcière craignant la magie, elle partait en voyage ! Dans une foret inconnue, dans un monde inconnu avec une inconnue à peine rencontrée. Sa sœur allait en perdre les eaux en avance et ses parents allaient crier au miracle. Il ne manquait plus qu'un fiancé sous le bras et elle pourrait épater le monde entier. Ou du moins ses connaissances les plus proches en fait. //

- Ne vous chargez pas trop : nous serons itinérantes, alors prenez un sac à dos et des vêtements confortables. De l'eau, aussi. Oh, et pas la peine de prendre des armes. Si on nous embête, je me charge de mettre des horions aux gêneurs.

// Loreliese écarquilla les yeux à l'entende de ces dernières paroles, que diable voulait-elle dire par gêneurs ? Y avait-il des dangers plus important que ce qu'elle croyait ? Il fallait dire qu'elle n'avait jamais vraiment étudié les autres mondes, ne se croyant pas capable d'une telle... audace. Mais là, elle commençait un peu à se poser des questions peu rassurantes. //

- Mais bon. Normalement, nous devrions voir au pire quelques oiseaux, papillons et écureuils. Rien de bien méchant.

// Même si le ton était enjoué, il ne rassura qu'à moitié la rouquine. Peut-être aurait-elle besoin d'un petit remontant. Et elle prendrait un rouleau à pâtisserie dans son sac, juste au cas où l'on essaierait de...

Non, elle le prendrait avec mais il était hors de question qu'elle pense plus en détail aux dangers possibles. //

- Du moment que vous êtes ma protectrice, je pense que je peux tout faire. Comptez sur moi, Tikazar.

[Fin de RP]