Taverne de Bayang

[Winona]

// Kaena buvait un peu d'eau et commença à manger le plat qu'elle avait commandé quelques instants plus tôt au comptoir de la taverne. Il avait un drôle de goût à vrai dire, comme si l'épais truc blanc qui se trouvait au fond de son assiette et entourait les quelques morceaux de viande était fait à base de koumis. Ce n'était pas mauvais, c'était juste surprenant. La jeune fille se dit que c'était peut-être une spécialité du coin. En proie à son questionnement sur sa nourriture qu'elle ne vit pas la réaction d'Even à ce qu'elle disait quelques instants plus tôt. Elle arrêta donc pour se remettre dans la conversation. //

- Cette marchombre... T'a-t-elle dit son nom ?

- Oui, Yaaleen.

// La rouquine, très peu bavarde n'en dit pas plus. Elle savait que si ce point intéressait particulièrement son maître, il lui poserait des questions plus détaillées là-dessus, et ils auraient tout le temps d'en parler. //

- Ces 'gens malintentionnés' lui en voulaient-ils particulièrement ?

- Je ne sais pas. On les a senti et vu arriver de très loin. Ce n'était qu'un nuage de poussière à l'horizon. C'était peut-être seulement des brigands et ils ont voulu attaquer dès qu'ils nous ont vu.

// Elle ne pouvait s'en tenir qu'à des suppositions, ils n'avaient échangés aucun mot durant les quelques minutes qu'ont duré la bataille avant qu'elles prennent la fuite. Ils n'avaient pas forcément des têtes de mercenaires du chaos, si jamais on pouvait dire que des mercenaires avaient une tête particulière comparé à d'autres personnes. Cependant, l'apprenti senti que son maître ne voulait pas parler de choses graves ou tristes ce soir, il voulait rester sur une note joyeuse, et les paroles de ce dernier confirma son intuition. //

- La cuisine de l'Auberge Monde est toujours aussi délicieuse ?

// Kaena eut un sourire en repensant aux repas qu'elle y avait pris. //

- Excellente, comme quand on y allait avec mes parents.

// Elle se perdit quelques instants dans ses pensées en se demandant justement où est-ce qu'ils pouvaient bien être dans ce pays, sur quels chemins leur mission les avaient emmenés cette fois-ci. De même, elle chassa ces pensées, elle aurait bien le temps d'y penser plus tard. //

- C'est dommage, le soir où on est parti en urgence, il y avait un cours de flamenco dans l'Auberge après le repas.

// Elle eut un drôle de sourire et ajouta sur un ton plus bas : //

- Je t'y aurais bien vu en train de danser.

[Selena Edelwes]

- Oui, Yaaleen.

// Ce nom résonna longtemps dans le vide intersidéral de l'esprit d'Even. Yaaleen. Beaucoup de voyelles dans un si petit nom. En même temps... C'était de la triche, elles étaient doublées ! Even haussa les épaules, se contentant de noter mentalement cette information, puis se concentra sur les réponses de son apprentie. //

- Je ne sais pas. On les a senti et vu arriver de très loin. Ce n'était qu'un nuage de poussière à l'horizon. C'était peut-être seulement des brigands et ils ont voulu attaquer dès qu'ils nous ont vu.

// Even se demanda comment une simple bande de brigands pouvait sentir aussi mauvais, mais ne fit aucun commentaire. Il y avait peut-être un dessinateur avec eux... Et puis le lieu de l'attaque était étrange. Even devrait se renseigner. Plus tard. Vite. L'heure était à un autre type de questions existentielles, à savoir la nourriture de l'Auberge Monde. Au sourire de Kaena, le marchombre devinait sa réponse. //

- Excellente, comme quand on y allait avec mes parents.

// Le regard de Kaena se fit rêveur. Sans doute songeait-elle à ses parents. Even avait ce même regard lorsqu'il pensait à sa famille : une douce nostalgie teintée d'affection. Le marchombre avisa son verre vide et le remplit avec le fond du pichet, reste de son repas avant... Avant sa sieste. //

- C'est dommage, le soir où on est parti en urgence, il y avait un cours de flamenco dans l'Auberge après le repas.

// Kaena ? Danser le flamenco ? Even haussa les sourcils. Il avait du mal à imaginer sa timide apprentie se prêter à une danse aussi... Sauvage ? Sensuelle ? Even baissa ses sourcils, les yeux perdus dans son breuvage blanchâtre. Il l'imaginait assez bien, réflexion faite. Sa chevelure flamboyante s'accorderait bien aux accents passionnels des guitares endiablées. Le marchombre prit une petite gorgée de koumis et savoura la douce acidité de la boisson. Ses parents n'avaient jamais compris comment il pouvait aimer un "liquide aussi infect que la tisane sucrée de ton paternel" selon sa mère. Pourtant, il manqua de le recracher en entendant la remarque de Kaena : //

- Je t'y aurais bien vu en train de danser.

// Even se força à avaler sa gorgée, les yeux écarquillés. Éviter d'arroser son apprentie en lui crachant dessus lui paraissait la moindre des politesses. Même si elle ne le méritait pas. Il essaya ensuite de parler... Essayer était le bon mot. Il ouvrit la bouche, la ferma, la rouvrit. Tel une carpe koï, il resta quoi. Trouvant un secours inespéré dans son verre de koumis, il le vida d'une traite. Elle n'avait pas pu dire ça... Si ? //

- Kaena Wil'Hakan, voudriez-vous bien me faire la grâce de répéter vos dernières paroles ?

// Even fixa d'un œil torve son verre vide, et éclata de rire : il venait de s'imaginer danser le flamenco. //

[Winona]

// Après avoir osé dire une phrase pareille, les joues de Kaena rosirent légèrement et elle aurait bien voulu disparaître, telle une petite souris, mais en même temps, elle voulait savoir comment Even Mecyan allait réagir à sa petite boutade, alors, pour une fois, elle le regarda droit dans les yeux et son maître n'était pas un grand méchant, il n'allait pas la manger toute crue ou lui faire un mal quelconque, il était simplement son gourou, mais un gourou version Marchombre. Elle n'eut pas à regretter son choix car déjà l'information avait fait mouche. Il haussait et baissait les sourcils, dans un rythme que lui seul maîtrisait. C'était un air de surprise, mais aussi de réflexion.

Après avoir manqué de s'étouffer, ce fut sa bouche qui se prêta à un autre rythme en s'ouvrant et en se fermant. La jeune fille pensa intérieurement qu'elle devrait lui poser plus tard des questions, mais ce n'était ni le lieu, ni le moment. //

- Kaena Wil'Hakan, voudriez-vous bien me faire la grâce de répéter vos dernières paroles ?

// La rouquine se mordit intérieurement la lèvre afin de paraître sérieuse, mais elle dut faire de gros effort pour ne pas éclater de rire. Elle ne voulait pas non plus que le barman et le reste de la taverne qui s'était bien remplie les remarquent et qu'ils deviennent le centre de l'attention. Alors, après avoir retrouver un semblant de calme, elle répondit doucement. //

- Je viens de dire que je t'aurais bien vu en train de danser.

// Elle se demanda si elle devait ajouter quelque chose, alors elle guetta à nouveau la réaction d'Even. Elle se sentait heureuse, elle avait, avec beaucoup de temps et de patience, réussi à sortir un peu la tête de sa coquille de timidité. Kaena continua donc sur sa lancée. //

- C'était un guitariste d'Al Jeit qui faisait la musique et sa femme dansait à côté, proposant aux gens de la rejoindre. Évidement, je n'ai fait que regarder de loin.

// Ajouta-t-elle rapidement avant qu'il commence à se faire des idées ou qu'il lui demande une démonstration là, maintenant. //

[Selena Edelwes]

// Even était parvenu à reprendre son sérieux alors que son apprentie semblait avoir du mal à contenir son hilarité. Où était donc passé la timide rouquine rencontrée sur l'Arche d'Al-Jeit par une merveilleuse journée il n'y a pas si longtemps ? Comme si elle avait entendu ses interrogations muettes, Kaena se calma et reprit la parole : //

- Je viens de dire que je t'aurais bien vu en train de danser.

// Ah la belle illusion ! Even écarquilla de nouveau les yeux et ouvrit grand la bouche. Il avait eu l'impression de passer de l'empyrée aux enfers en moins de trois secondes : une chute libre à grande vitesse et sans capsule à pression. Les pensées les plus simples tentaient vainement de se frayer un passage à travers le brouillard opaque de son esprit. Elles n'y parvinrent pas. Le sourire de Kaena en revanche, parla directement au cœur du marchombre. Il lui transmis la joie, la confiance... Even avait une preuve visible qu'il avait bel et bien apprivoisé son apprentie. Il ferma la bouche, sourit, fit une grimace pour remettre ses yeux en place et écouta les précisions de la jeune fille. //

- C'était un guitariste d'Al-Jeit qui faisait la musique et sa femme dansait à côté, proposant aux gens de la rejoindre. Elle ajouta rapidement : Évidement, je n'ai fait que regarder de loin.

- Tu aurais dû essayer, ce n'est pas tous les jours qu'on se retrouve convié à un atelier de flamenco, fit pensivement le maître marchombre. En plus ça t'irait bien ! ajouta-t-il malicieusement.

// Even Mecyan regarda par la fenêtre de la taverne. En distinguant de nombreux cumulus dans le ciel, il se dit que c'était une nuit propice à l'escalade. La pluie pourrait s'inviter et corser l'affaire. Mais il n'était pas encore assez tard et le marchombre goûtait pour l'instant la chaleur accueillante de la taverne. //

- Tu joues d'un instrument ? demanda-t-il en écho à leur discussion.

// À défaut de voir son apprentie danser, il se demandait s'il pourrait l'entendre. Puis la prévenant gracieusement de ses projets pour la soirée, il annonça avec enthousiasme : //

- Nous. Tour Est. Grimper. Tantôt.

// Enthousiasme, nous le savons, n'était pas synonyme d'éloquence pour le maître marchombre. Mais Kaena devait en avoir pris l'habitude, sans doute ne s'en formalisait-elle même plus... //

[Winona]

// Kaena vit qu'elle surprenait de plus en plus Even Mecyan avec ses paroles et qu'il ne comprenait pas forcément sa perte de timidité. Mais la jeune fille, de plus en plus en confiance avec son maître commençait un peu à peu à montrer un autre visage, celui d'une jeune fille pleine de vie. C'est sûr que ce n'est pas la première chose que l'on remarque quand on rencontre la rouquine, c'est un visage fermé et rougissant qui était sa façade. //

- Tu aurais dû essayer, ce n'est pas tous les jours qu'on se retrouve convié à un atelier de flamenco. En plus ça t'irait bien !

// Kaena fronça les sourcils. Elle n'en était vraiment pas si sûr. Elle se voyait très mal au milieu de gens en train de se dandiner sur un air de musique. Tous ces regards posés sur elle, non ce n'était pas du tout pour elle. Elle préférait agir dans l'ombre et discrètement. Cependant, elle faisait confiance à son maître et malgré son air malicieux, elle répondit : //

- Tu penses vraiment ? Je n'aime pas vraiment me montrer.

// Danser ne la dérangeait pas, seulement si elle savait qu'elle était parfaitement seule et que seul les dieux de l'Empyrée pouvaient la voir, alors dans ce cas, pourquoi pas. Et ce n'était pas la première activité qui lui viendrait à l'esprit dans ce cas là. Elle préférait de loin prendre son carnet et se mettre à dessiner. //

- Tu joues d'un instrument ?

// La rouquine n'eut pas le temps de répondre à sa question que déjà Even enchaînait. //

- Nous. Tour Est. Grimper. Tantôt.

// Elle ne put s'empêcher d'avoir un léger sourire et de hocher discrètement la tête en guise d’acquiescement. Elle était heureuse de pouvoir apprendre de nouvelles choses pour parfaire son apprentissage de Marchombre et ainsi continuer d'avancer sur la Voie. L'aquilon qui soufflait dans la matinée semblait s'être calmé, les tuiles du toit de la taverne ne s'entrechoquaient plus. Puis elle repensa à la question précédente. //

- Non.

** Il va peut-être falloir que je développe un peu plus. **

- Ça ne m'a jamais vraiment tenté. J'écoutais des troubadours lors de nos voyages, mais je n'ai jamais essayé.

// C'est vrai qu'elle n'avait jamais touché un seul instrument de sa vie. //

[Selena Edelwes]

[NB : Ce RP est à situer avant le contexte.]

// Kaena ne semblait pas partager l'avis de son maître, à en juger par son visage désapprobateur. Son froncement de sourcils ne laissait aucun doute sur ses pensées qui auraient pu se traduire par "t'es malade mon pote", la basse familiarité en moins. Toutefois, Even eut la surprise de voir le visage de son apprentie changer d'expression. Elle sembla considérer la chose avant de demander : //

- Tu penses vraiment ? Je n'aime pas vraiment me montrer.

// Even Mecyan leva discrètement les yeux au plafond. Il répondit rapidement par un murmure grave : //

- Je ne pensais pas au regard des autres. Seulement à la danse.

// Après avoir prononcé ces mots, il marmonna un "non" inintelligible. Puis il hocha la tête. Enfin, il rebondit sur un sujet proche en demandant à Kaena si elle jouait d'un instrument. Even ne l'avait jamais vu avec un quelconque instrument et cela l'aurait donc étonné de la part de son apprentie, mais il la savait assez secrète alors...
Kaena hocha la tête à la mention de leurs projets de la soirée et Even ne pouvait qu'être ravi de l'enthousiasme qui transparaissait dans ses yeux. //

- Non.

// Even écarquilla les yeux. Il allait devoir revoir sa définition du hochement de tête et sa perception de l'enthousiasme... //

- Ça ne m'a jamais vraiment tenté. J'écoutais des troubadours lors de nos voyages, mais je n'ai jamais essayé.

// Ah. Elle répondait à sa question. Even reprit sa respiration. Il nota dans un coin de son esprit de lui enseigner quelques rudiments de musique à l'occasion, comme une autre façon d'appréhender la Voie.
Maître et apprentie continuèrent de converser jusqu'à ce que la taverne s'éclaircisse. La foule qui avait rempli l'établissement s'en était allée, ne restait plus que quelques voyageurs ou ouvriers nocturnes. Even Mecyan se leva et enfila sa pénule, faisant signe à apprentie que l'heure était à présent à l'escalade. //

- Roseylin refusera de me donner un dessert la prochaine fois si je ne la salue pas en partant, je reviens dans un instant. La Tour Est nous attend !

// Even se glissa entre les tables et passa une petite porte qui donnait sur la cuisine de la taverne. Là, la terrible tenancière était occupée à trier un grand nombre de fèves. Elle fabophilait depuis de nombreuses années maintenant et avait donc réuni une collection assez impressionnante. Le marchombre la salua, non sans ajouter un compliment sur le ts'lich en porcelaine qu'elle tenait entre ses mains, puis rejoignit son apprentie.
Ensemble, ils sortirent de la taverne. La nuit était à eux, les tours d'Al-Far aussi. //

[Fin de RP]

[Katleen Makerley]

[Début de RP entre Thaloran Vaarnedan (Jade O'greaney) et Yaaleen Armyan (Katleen Makerley)]

// Yaaleen, les Tintallë et Aksel étaient encore et toujours en fuite. Leurs vies étaient rythmées par leurs divers déplacements jour après jour. Les enfants n'en pouvaient plus de cette situation, n'ayant pas des sentiments robotiques mais de réelles émotions. Malheureusement, la marchombre et l'apprenti n'avaient pas la possibilité d'y changer grand chose. Ils essayaient de se maintenir au mieux de la situation à Al-Jeit, mais ce n'était pas non plus aisé de rester discret.

Ils étaient arrivés à Al-Far en début de soirée et avaient décidé de s'octroyer une nuit de sommeil bien méritée dans un vrai lit ainsi qu'un bon repas chaud. Certes, cette taverne ne proposait pas non plus de la grande cuisine mais c'était meilleur que de la viande séchée de siffleur.

Après avoir mangé et s'être fait une rapide toilette, les Tintallë étaient partis se reposer dans leur chambre avant de tomber dans un sommeil profond, sous la surveillance d'Aksel. La brune en avait donc profité pour descendre dans la taverne afin d'écouter ses usagers et de capter la moindre information un tant soit peu intéressante qui pourrait leur indiquer un possible retour ou non à la capitale.

Cela faisait un bon quart d'heure qu'elle était assise au fond de la taverne, scrutant une bonne partie de l'endroit quand elle entendit son prénom à voix basse. Elle tourna la tête vers la droite et tomba nez-à-nez avec Thaloran Vaarnedan. Cette fois, elle resta maîtresse de ses émotions et ne laissa pas son visage montrer la surprise qu'elle avait de voir le forgeron ici. //

- Tiens, Thaloran. Toujours en fuite ? demanda-t-elle d'une voix basse, bien consciente qu'il ne fallait pas qu'on les découvre, ni l'un ni l'autre.

[Jade Ogreaney]

// Cela faisait près d’un mois que l’homme avait quitté son échoppe et abandonné son commerce. Il n’avait prévenu personne. Il avait pris le minimum, sa cape de rodeur, une épée courte, son poignard, un arc et un baluchon contenant de quoi camper.
Il avait marché pendant de nombreux jours vers le nord, il avait quitté l’effervescence d’une grande ville pour les forêts et la campagne. Il chassait pour se nourrir et dormait à la belle étoile dans son campement de fortune. Il se cachait des gardes qu’ils pouvaient croiser sur son chemin et pour le moment tout aller parfaitement bien.
Arrivée à Al-Far, le blond en profita pour acheter quelques vivres et refaire affuter ses armes. Il ne savait pas quand serait la prochaine fois qu’il en aurait l’occasion. L’air était frais en cette fin d’après midi. Thaloran n’avait aucune envie de dormir dehors. Il jeta un coup d’œil autour de lui mais tout semblait désert. Il s’approcha de la vielle forgeronne pour lui demander : //

- Il y a-t-il une taverne ou une auberge dans le village ?

// Sa voix était rauque, il n’avait pas prononcé le moindre mot depuis des jours. Il écouta attentivement les instructions de la vieille dame. A droite et au bout du chemin. Il l’a remercia en déposant quelques pièces sur son établi. Après tout, elle avait fait du très bon travail et en plus elle l’avait aidé.
Il poussa la porte de la Taverne de Bayang d’un geste sure. Il espérait seulement ne pas se retrouver nez à nez avec un mercenaire ou un garde, il avait réellement envie de se reposer ce soir. Il s’assit sur un des tabourets vides du bar, à vrai dire, il n’y avait pas grand monde dans la taverne en ce jour maussade, et commanda de quoi boire et manger.
Tandis qu’il savourait son plat chaud et buvait goulument sa choppe, il croisa le regard d’une femme. Elle était là avant lui. Seule. Elle était assise de l’autre côté du bar et ne cessait de le fixer. Il l’a fixa à son tour, terminant son plat. Un longue minute passa et payant pour son repas, se leva pour se diriger vers la femme qui ne l’avait pas lâché du regard. Les commissures de ses lèvres se plissèrent en un sourire et elle se retourna en faisant un signe discret à Thaloran de la suivre. Il monta les marches qui menaient à l’étage de la taverne et s’engouffra dans la pièce où venait de rentrer cette femme. //
*******

// Le blond redescendit de la chambre une ou deux heures plus tard. Réajustant sa ceinture et vérifiant que ses armes étaient bien là, il se retrouva rapidement dans la pièce principale de la taverne. A sa gauche, il crut reconnaitre une silhouette. Il s’approcha doucement et murmura à voix basse : //

- Yaaleen ?

// Il pointa la chaise vide en face d’elle du doigt et s’y assis en même temps qu’elle lui répondait : //


- Tiens, Thaloran. Toujours en fuite ? demanda-t-elle d'une voix basse, bien consciente qu'il ne fallait pas qu'on les découvre, ni l'un ni l'autre.

// Thaloran grimaça, et passa une main sur son visage avant de répondre : //

- Tu dois bien le savoir non ? demanda-t-il doucement. Je n’ai pas l’intention de me rendre, et je ne peux pas retourner à Al-Jeit.

[Katleen Makerley]

// Le forgeron s'étais assis face à la marchombre. Celle-ci se demandait pourquoi l'avoir interpellée si c'était pour avoir l'air aussi blasé d'être installé ici. En effet, le blond avait posé sa main sur son visage comme pour cacher la réaction de son visage à la question de Yaaleen. //

- Tu dois bien le savoir non ? Je n’ai pas l’intention de me rendre, et je ne peux pas retourner à Al-Jeit.

// Se rendre ? Mais qui parlait de se rendre ? C'était un mot peut-être trop abusif pour signifier qu'il ne voulait pas voir son père. Bien évidemment, s'il ne voulait pas revoir le chef de la garde impériale il était certain qu'il ne pouvait pas retourner à la capitale. Les soldats préviendraient immédiatement leur patron. Mais après tout, cela faisait déjà... combien de temps s'était écoulé depuis qu'il avait été grièvement blessé ? Trois ans ? La brune n'était plus sûre, mais ça devait être dans ces eaux-là.

** Cela fait déjà trois ans que son père le cherche, s'il avait du le trouver à Al-Jeit il l'aurait déjà déterré de sa cachette... ** récapitula-t-elle. //

- Te rendre ? Pourquoi parles-tu de te rendre ? As-tu volé trois jambons au marché ?

// La jeune femme jouait peut-être aux plus bêtes, mais sa blague apaiserait peut-être quelque peu la tension naturelle qui régnait entre ces deux-là. Ils n'avaient rien à se reprocher l'un à l'autre et pourtant ils pouvaient tous deux sentir cette nervosité entre eux.

Le jeune homme ne lui répondit pas et elle surenchérit donc. //

- Et puis tu sais, après tout ce temps ton père t'aurait déjà trouvé, tu ne crois pas ?

[Jade Ogreaney]

- Te rendre ? Pourquoi parles-tu de te rendre ? As-tu volé trois jambons au marché ?

// Thaloran ne réagit pas, elle ne comprenait pas ce qu’endurait l’homme c’était certain. Peut-être croyait-elle qu’elle pouvait retourner voir son père comme si de rien n’était, que c’était aussi facile que de soigner un clupéotoxisme. Mais non il ne pouvait pas, après tout il avait été persuadé pendant trois longues années d’avoir tuer son propre père. Il n’avait jamais été présent pour lui mais il restait son père, celui qui avait épousé et aimé sa mère. Thaloran avait eu l’esprit rongé de remords après ce qu’il pensait avoir fait. //

- Et puis tu sais, après tout ce temps ton père t'aurait déjà trouvé, tu ne crois pas ?

// L’homme releva les yeux vers ceux de la jeune femme. Il n’en était pas aussi certain. Il avait appris à se fondre dans la foule, le plus simple avait été de rester à proximité du palais, personne ne se serait douté que Thaloran était encore dans le quartier. Il avait tout abandonné, même sa dignité, en devenant tueur à gage. //


- Je pense que je me suis plutôt bien débrouillé pour ne pas me faire repérer pendant trois ans et crois-moi il veut me retrouver pour une bonne raison…

// Le blond se redressa sur sa chaise et jeta un coup d’œil à la taverne. Elle était quasiment vide, les gens montaient se coucher ou quitter les lieux pour rentrer chez eux. L’air était lourd, les chaleurs arrivaient enfin. Quelques gouttes de sueurs perlaient sur le front de l’ancien forgeron. Il voyait la marchombre en face de lui en train de réfléchir à toute vitesse, à vrai dire il se demandait pourquoi il s’était assis à sa table, pourquoi il voulait lui parler. Peut être qu’il en avait marre de porter ce fardeau.
Il entendit le vrombissement des ailes d’un culicidé derrière son oreille et s’empressa de claquer sa main sur la peau de sa nuque pour l’éclater. En vérifiant, si il avait bien tuer la bestiole, il rajouta, comme si il se parlait à lui-même en marmonnant : //


- Je ne pense pas qu’un père veuille vraiment retrouver un fils qui a essayé de le tuer…