Bas-Fonds

[Miss RP]

Bas-Fonds

// Les bas-fonds d'Al-Far ne sont pas ce que l'on pourrait appeler un endroit très sympathique. Ou alors il faut être habitué à y vivre.

Si vous vous promenez dans ces quartiers là, faites attention à votre bourse ou tout autre objet de valeur que vous pourriez avoir sur vous. Vous y croiserez de nombreux voleurs, notamment des enfants qui ne sont pas encore assez âgés pour travailler et qui essaie de subvenir à leur besoin par les moyens qu'ils ont à disposition.

C'est une suite de tavernes assez louches ou de magasins plutôt sombres que vous trouverez en ces lieux. Mais si la promenade vous tente, pour admirer les rues tortueuses, les petites ruelles coupes-gorges ou impasses dont la couleur prédominante est le gris, souvent sombre. //

Lieu de Isara

[Katleen Makerley]

[Début de RP entre Meliane Sil'Nayim (Mademoiselle Pit) et Yaaleen Armyan (Katleen Makerley)]

// Toujours et encore la même quête pour Yaaleen Armyan. Trouver et éradiquer les mercenaires du chaos. Tous, sans aucune exception. Du Sud au Nord. De l'Est à l'Ouest de Gwendalavir. Elle n'avait pas encore visité les bas-fonds d'Al-Far réputés pour héberger les plus sombres assassins et répugnants voleurs, mais aussi des enfants orphelins, vivant sans le sou, dans les petits recoins de la ville. Bien évidemment, le nombre de criminels ici n'était pas égal à celui de la capitale alavirienne, mais pour la superficie de Al-Far, c'était un énorme ratio. Alors, les ennemis de l'empire pouvaient facilement se cacher dans cette cité.

Yaaleen n'avait même pas besoin d'attendre la nuit pour scruter les rues mal famées à la recherche de ses cibles. La marchombre avait enfilé sa tenue noire de jais pour ne pas se faire remarquer. Elle s'était salie le visage avec de la terre. Seule sa longue cape la distingait des autres passants. De toute façon, si on lui cherchait des noises, elle riposterait comme elle savait si bien le faire.

La jeune femme jetait des coups d'oeil à gauche et à droite sur les personnes qui la regardaient d'un air méfiant. Ils ne croyaient pas si bien faire. Un seul mouvement suspect de leur part et ils étaient morts.

Néanmoins, une jeune femme se démarquait des citadins. Elle semblait plus rayonnante que les autres gens qui avaient le regard terne et aucune lueur sur le visage. Elle paraissait suspecte aux yeux de Yaaleen. C'est pourquoi celle-ci se dirigea vers elle, ou plutôt se glissa vers elle, en toute discrétion. Histoire de la surprendre. //

- Que fais-tu ici ? lui demanda-t-elle de but en blanc.

// Le tutoiement était une caractéristique particulière de Yaaleen. Elle considérait que personne dans ce monde ne méritait le vouvoiement, à part son ancien maître. Elle empruntait inconsciemment cette particularité à la grande marchombre Ellana Caldin. //

[Mademoiselle Pit]

// Meliane déambulait dans les bas-fonds d'Al-Far, l'esprit vide et plein à la fois. Vide de peur et d'appréhension, vide de questions mais avide de réponses. L'esprit plein de paix et de joie, d'expectative et de hâte. L'esprit léger. C'était pour trouver des indices qu'elle était venue, des indices sur son passé, et étonnamment, alors qu'elle aurait dû avoir peur de ce qu'elle pourrait trouver dans ces quartiers mal famés dont elle connaissait la réputation, elle était sereine. Les badauds autour d'elle affichaient des mines renfrognées, ce qui ne la surprit guère. Les temps étaient difficiles dans tout l'Empire, peut-être encore plus à Al-Far.

Alors qu'elle essayait de se souvenir de la ruelle où elle s'était réveillée sans mémoire, Meliane se surprit à penser à la vie qu'elle menait. Une vie faite d'inconnus, de leçons et de rencontres, qui chaque jour l'enrichissaient un peu plus. Le soleil était encore haut dans le ciel mais elle avait hâte que tombe la nuit. C'était à ce moment-là qu'elle se sentait le mieux, comme protégée par le ciel constellé d'astres qui semblaient rivaliser de splendeur.

Perdue dans ses pensées, Meliane déambulait dans les bas-fonds d'Al-Far, l'esprit léger. Alors qu'elle marchait d'un pas lent, profitant de tout ce que sa vue voulait bien lui offrir, oubliant pour une fois de rester sur ses gardes, la demoiselle fut interrompue par une voix. Indubitablement féminine. //

— Que fais-tu ici ? interrogeait la voix, un peu dure.

// Surprise, Meliane se retourna. La voix appartenait visiblement à une jeune femme, en effet, un peu plus âgée qu'elle. Une chevelure de jais, des traits fins et harmonieux, un surprenant regard ambré, qui la fixait d'une lueur dangereuse.

Elle hésita un instant avant de répondre. Non pas qu'elle ait peur, loin de là. Meliane en avait vu d'autres, des menaces, et elle savait garder son sang-froid en toute circonstances. Mais cette fois, c'était différent, sans qu'elle parvienne vraiment à comprendre pourquoi. Elle le sentait, simplement. Son interlocutrice dégageait une aura particulière, faite de confiance et de détermination ; elle donnait l'impression de pouvoir faire face à toutes les situations dans la seconde. Un étonnant mélange de force et de tranquillité. //

** Choisi bien ta réponse, Mel. Parce qu'elle, n'hésitera pas longtemps si ce n'est pas la bonne. **

// Elle choisit finalement une réponse diplomatique. Une réponse vraie, sans pour autant dévoiler toute sa vie. Dangereuse ou pas, une inconnue reste une inconnue ! //

— Je cherche mon passé.

[Katleen Makerley]

// Yaaleen remarqua que son interlocutrice prit un peu de temps avant de répondre. Avait-elle était trop menaçante ? Ou trop agressive ? L'inconnue semblait réfléchir à la réponse la plus adéquate, celle qui conviendrait le mieux à la marchombre. Au moins, elle instaurait un peu la peur. Cela pouvait se révéler pratique face à des ennemis plus coriaces que la jeune femme se trouvant devant elle. //

- Je cherche mon passé.

// Chercher son passé dans les bas-fonds d'Al-Far ? C'était une drôle d'occupation qui en aurait fait fuir plus d'un. La brune qui se trouvait en face d'elle avait bien du courage. Quelle idée de flâner dans ces ruelles plus morbides les unes que les autres, sans la moindre défense... Cela pouvait devenir vraiment très dangereux si un homme se prenait au jeu de l'embêter. //

- Tu joues à un jeu bien dangereux. N'as-tu pas peur de te faire attaquer ?

// Une idée commençait à germer dans l'esprit de Yaaleen. Si elle l'accompagnait, peut-être trouverait-elle des mercenaires du chaos - ou leurs serviteurs. Rien n'était moins sûr. Elle attendrait peut-être des heures avant d'en apercevoir un ou elle en trouverait un en moins de temps qu'il ne faut pour dire "Gwendalavir". //

- As-tu besoin d'aide ?

// Yaaleen était une jeune femme chanceuse. Elle avait vécu jusqu'à ses quinze ans chez ses parents. Ils l'avaient aimé, chérie, nourrie, élevée, comme il se doit. Elle avait grandi aux côtés de son grand-frère, Aïko, avec qui elle partageait une complicité sans faille. La marchombre avait eu une enfance des plus heureuses et s'imaginer ne pas avoir de parents était horrible pour elle. Alors l'aide qu'elle apporterait à cette inconnue aurait deux faces : l'aider à comprendre son passé et à aller mieux et trouver des mercenaires parmi les rues des bas-fonds d'Al-Far. //

[Mademoiselle Pit]

// Hésitante, Meliane surveillait la réaction de son interlocutrice. Elle était ici pour comprendre son histoire et chercher des indices, non pour se faire des ennemis, bien qu'elle se sache capable de s'en sortir au besoin. Sa vie de vagabonde l'avait préparée à de violentes réactions d'inconnus, parfois sans réelle raison.

Toujours est-il que l'étrangère, au lieu de bondir sauvagement vers sa gorge, une lame quelconque à la main, comme une vulgaire fille des rues l'aurait sans doute fait à sa place, semblait plutôt étonnée, au contraire. Presque surprise. //

— Tu joues à un jeu bien dangereux, remarqua-t-elle. N'as-tu pas peur de te faire attaquer ?

** Si tu savais, depuis le temps que ça ne me fait plus peur... **

// Sans tout à fait dévoiler ses pensées à la jeune femme qui lui faisait face, Meliane soupira de lassitude. //

— Non. Les truands d'ici sont plutôt inoffensifs. Et atrocement maladroits. Je n'ai aucune raison d'en avoir peur.

// Mais l'autre demeura immobile, ne sembla pas entendre ses paroles, comme perdue dans ses pensées. Il ne serait toutefois venu à l'esprit de personne d'essayer d'en profiter pour la surprendre ou lui voler sa bourse. Personne et surtout pas Meliane. Elle se contenta donc d'attendre une réponse. Qui ne tarda pas à venir. //

— As-tu besoin d'aide ?

// Cette proposition surprit la jeune femme, mais la conforta dans l'idée qu'elle ne risquait rien. //

** Besoin d'aide ? Eh bien je n'y avais pas songé, mais pourquoi pas.**

— À dire vrai, je ne dirais pas non à un coup de main. Mais moi même je ne sais pas vraiment ce que je cherche.

// Meliane, fit une pause. Hésita. Reprit. //

— Mais nous pouvons le trouver à deux.

// Pas une seconde, Meliane s'interrogea sur les raisons de son interlocutrice. Pas une seconde, elle douta de sa bonne foi, malgré son air méfiant. Pas une seule seconde, elle imagina qu'il puisse s'agir d'un piège quelconque. Pas un seconde, même, elle envisagea la possibilité de prendre une mauvaise décision en invitant une inconnue dans sa quête de vérité.

Mais, l'espace d'une seconde seulement, une flamme la réchauffa. Qui apaise les âmes et réchauffe les cœurs. La flamme de l'espoir. //

[Katleen Makerley]

- À dire vrai, je ne dirais pas non à un coup de main. Mais moi même je ne sais pas vraiment ce que je cherche. Mais nous pouvons le trouver à deux.

// Yaaleen hocha la tête. Leurs recherches ne seraient pas forcément fructueuses, mais elles pourraient avancer un minimum. Les deux jeunes femmes se mirent en marche, silencieusement. La marchombre avait l'impression de rencontrer beaucoup de personnes ces derniers temps. Elle avait revu Uralys, elle avait rencontré Even Mecyan - même si elle le connaissait déjà auparavant -, elle s'occupait d'enfants, elle avait guidé un garçon dans Al-Vor et maintenant elle était tombée sur cette jeune femme qui cherchait son passé. //

- Au fait, je me prénomme Yaaleen. Et toi ?

// Il était rare qu'elle dévoile son prénom à des inconnus. Mais la brune lui inspirait confiance. Elle ne ressentait aucun danger émanant d'elle.

Ils croisèrent des funambules qui répétaient leur spectacle sur un fil très fin. Yaaleen les observa quelques instants. Elle savait en faire de même bien évidemment, mais ça la fascinait quand même. Une centaine de mètres plus loin, c'était un barnum qu'elles aperçurent. Il faisait reproduire sa scène à sa bande. Les bas-fonds d'Al-Far étaient plutôt animés finalement, malgré la présence de badauds complètement soûls de la veille et de mendiants. //

- Tu n'as vraiment aucune idée de ce que l'on cherche ? Un endroit ? Une enseigne ? Un nom ?

// Une information, même minime, les aiderait à coup sûr à s'orienter vers une réponse. Là, elles erraient au hasard, sans aucun but. Et Yaaleen n'avait aucun mercenaire du Chaos possible dans son champ de vision. //

[Mademoiselle Pit]

// Meliane et la jeune inconnue commencèrent à marcher, côte-à-côte. Quelle chance elle avait de trouver si rapidement de l'aide ! Bien qu'elle n'ai jamais douté de réussir seule la découverte de son passé, Meliane n'était pas mécontente d'avoir de la compagnie. Si elle appréciait la solitude plus que la foule des villes, elle aimait aussi partager de bons moments avec des amis fidèles en qui elle avait toute confiance. Les deux jeunes femmes ne se connaissaient pas encore, mais Meliane savait qu'elles pourraient ensemble développer une belle amitié. Elles étaient taillées dans la même pierre, cela lui semblait évident. Toutes les deux étaient de ces personnes indépendantes qui n'ont pas peur du danger. //

** Si j'ai raison, j'espère avoir l'occasion d'apprendre te connaître bientôt, chère demoiselle. **

// Comme en écho à ses pensées, l'inconnue déclara : //

— Au fait, je me prénomme Yaaleen. Et toi ?

— Je suis Meliane Sil'Nayim. Ravie de marcher à tes côtés, Yaaleen !

// Elles échangèrent un sourire confiant. Meliane sentait que toute la tension qui avait marqué les premiers instants de leur rencontre s'était évaporée, et, de cela surtout, elle était vraiment ravie. Les recherches allaient pouvoir commencer. //

— Tu n'as vraiment aucune idée de ce que l'on cherche ? Un endroit ? Une enseigne ? Un nom ?

// Elle tournèrent au coin d'une rue pour s'engager dans une autre, à peine plus large. Celle-ci, une fois n'est pas coutume, était relativement animée, pour un quartier réputé mal famé. Des artistes de rues dévoilaient leur spectacle, réussissant de justesse à réunir quelques passants parmi les mendiants, ivrognes et enfants des rues qui déambulaient autour d'eux. Meliane pris le temps de saluer un gamin, qui lui renvoya un sourire joyeux, avant de répondre. //

— Il est vrai que j'ai sans doute été un peu pessimiste en disant que je n'avais aucune idée. Regarde.

// Elle lui montra la petite cicatrice qu'elle avait sur la main gauche, entre le pouce et l'index. Longue de trois centimètres à peine et cicatrisée depuis longtemps déjà, elle avait été causée par une lame si bien aiguisée qu'il n'en restait qu'une fine marque plus claire que la peau, bien visible malgré tout. //

— Cette cicatrice que tu vois, c'est le seul indice que j'ai sur mon passé. Tu vois comme elle est fine ? La lame qui a coupé ma peau était très bien aiguisée. D'excellente qualité même. Bien loin de la plupart des armes barbares que l'on trouve habituellement ici.

// Yaaleen et Meliane avançaient toujours, et cette dernière en profita pour se diriger vers la ruelle où on l'avait laissée pour morte. //

— Regarde, Yaaleen. Ici, il y a un an et demi à peine, je me suis réveillée sans mémoire et sans nom. Je n'avais que cette cicatrice pour me crier que j'étais quelqu'un, que j'avais une identité. Étrangement, c'est elle qui m'a donné la force de vivre. Il y a peu, j'ai rencontré un vieux marchand de mon village natal, Bilam. Il m'avait reconnue car je ressemble beaucoup à mon père, et je portais au cou cette bague de ma mère. Elle est belle n'est-ce pas ? Ma mère, je ne l'ai jamais revue, je n'ai aucun souvenir d'elle. Le marchand m'a conduite à mon père, mais je ne suis pas restée longtemps chez lui, à peine quelques mois. Je ne supporte pas la sédentarité.

// Meliane sourit tristement et se perdit en instant dans des pensées obscures. Elle poussa enfin un soupir énergique. //

— Bref ! Excuse-moi. On n'est pas ici pour pleurer. Quand je me suis réveillée, la blessure saignait encore. Elle était nette mais bien profonde. Je ne connais qu'un type d'arme capable de faire ce genre de blessure, et qu'une seule boutique vendant ce type d'arme. Tu vas me dire que mon agresseur ne l'a pas forcément achetée ici, mais je sais que si, et je sais aussi que cet agresseur habite à Al-Far. Avant de quitter cette ville, j'ai erré quelques jours, et je me savais espionnée. Je n'avais pas osé riposté alors, j'étais trop faible. Mais je suis absolument certaine que cet individu habite ici, je l'ai même croisé plusieurs fois en déambulant dans les rues, depuis deux jours. Visiblement, lui aussi se souvient de moi. Il m'évite.

// Doucement, pour que son geste ne sois pas mal interprêté, avec une lueur douce dans les yeux, Meliane pris les mains de Yaaleen dans les siennes. //

— Yaaleen. Si je te raconte tout ça c'est parce que je veux que tu me fasses confiance, on va en avoir besoin. Je propose que nous allions voir cette boutique, que nous parlions au marchand, puis que nous suivions ce type qui m'a volé mes souvenirs. Qu'en penses-tu ?

[Katleen Makerley]

// Yaaleen écouta attentivement la jeune Meliane lui raconter ce qu'elle savait de son passé. Finalement, elle en connaissait plus qu'elle ne l'avait annoncé. C'était un bon signe pour atteindre son objectif ! D'autant plus que la marchombre n'avait pas un temps infini à lui consacrer. Gwendalavir était en belligérance à cause des mercenaires du Chaos et elle devait sévir contre eux tant qu'il n'y en avait pas encore trop. Après, ce serait trop tard et beaucoup plus difficile d'agir. Elle ne voulait pas que son monde devienne une région dans laquelle régnerait l'absolutisme. C'était déjà un peu le cas puisque c'était un empereur qui dirigeait le pays, mais il le faisait sagement.

La marchombre fut sortie de ses pensées par un contact physique. Elle sursauta, ne s'attendant vraiment pas à ça. Ses mains se trouvaient dans celles de Meliane et ça la gênait un peu. Yaaleen n'avait jamais aimé qu'on la touche et elle prit sur elle pour ne pas retirer ses mains immédiatement. //

- Yaaleen. Si je te raconte tout ça c'est parce que je veux que tu me fasses confiance, on va en avoir besoin. Je propose que nous allions voir cette boutique, que nous parlions au marchand, puis que nous suivions ce type qui m'a volé mes souvenirs. Qu'en penses-tu ?

// La marchombre se recula doucement et fixa la jeune femme. Donc elle voulait en fait retrouver son agresseur ? C'était une drôle de façon de découvrir son passé. Mais elle comprenait. Si sa cadette pouvait obtenir des réponses de cet homme, ça valait le coup d'essayer. //

- Je ne sais pas qui est cet homme, mais il va regretter de croiser notre route, déclara Yaaleen avec un sourire qui se voulait confiant.

// Faire le bien, c'est toujours tout ce qu'elle avait voulu. Aider les gens, quelle que soit leur situation. Toujours soutenir les plus impuissants - bien qu'elle n'insinuait pas ici que Meliane était plus faible qu'elle. //

- Tu nous conduis à cette boutique alors ?

[Mademoiselle Pit]

// Yaaleen dégagea doucement ses mains. Meliane plongeait ses yeux dans les siens, pleine d'espoir. Elle attendait la réponse de son interlocutrice. Qui ne tarda pas à afficher un sourire confiant. //

— Je ne sais pas qui est cet homme, mais il va regretter de croiser notre route, affirma-t-elle.

// Meliane éclata d'un rire frais et soulagé. //

— Bien. Je n'attendais rien de plus.

— Tu nous conduis à cette boutique alors ?

— De ce pas.

// Elles se remirent en marche, Meliane devant. Elle avait déjà fait des repérages avant de croiser Yaaleen, mais elle n'était pas encore entrée dans le magasin. Elle le retrouva facilement, à l'angle d'une ruelle. Quelques marches descendantes menaient à une pièce éclairée par une petite et haute fenêtre ne laissant pénétrer que quelques rayons de soleil. De l'arrière boutique, séparée par un rideau sombre, provenait un bruit de lame que l'on aiguise. //

— Bonjour, appela Meliane.

// Le bruit cessa, et bientôt un homme apparut dans l'encadrement de la porte. La jeune femme lui décrivit brièvement le type d'arme qu'elle cherchait. Sans un mot, l'homme disparu derrière le rideau, puis revint avec une lame recourbée longue d'une vingtaine de centimètres, le tranchant du côté concave. Meliane se tourna vers Yaaleen. //

— C'est bien à cela que je pensais. Il nous reste à voir s'il porte une arme ressemblant à ceci.

// Elle affichait désormais un air grave. Elle savait qu'elle s'apprêtait à vivre quelque chose dont elle se souviendrait probablement toujours ; peut-être enfin découvrirait-elle sa vie d'avant.

Elles remontèrent dans la rue. //

— Je pense que mon agresseur m'a manquée de peu, et que seule la pointe de l'arme s'est fichée profondément dans ma main. Si ça te va, nous pouvons aller sur la terrasse d'une taverne où je l'ai souvent vu boire. Quand il arrivera, nous pourrons sans doute le coincer pour lui poser quelques questions.

// Au bout de quelques minutes, les deux jeunes femmes arrivèrent devant la taverne en question. Un jeune marchand au bout de la ruelle essayait maladroitement de vendre quelques bibelots. A ses vêtements, Meliane devina qu'il n'était pas d'ici. Il restait au moins une heure avant le coucher de soleil. Elles commencèrent à attendre. Meliane se perdit rapidement dans ses pensées, comme toujours. Les passants les regardaient de travers. Visiblement, les étrangers étaient de moins en moins bien perçus. Elles pouvaient entendre quelques conversations provenant des tables de l'établissement. On y parlait de certains commerçants qui voulaient rationner leurs produits tant les arrivages étaient rares, de boutiques vandalisées et de règlements de comptes. L'Empire allait mal et son état ne s'améliorait pas. Un homme vêtu de haillons passa près du jeune marchand. Il lui jeta un regard méprisant puis cracha à ses pieds. La situation de l'Empire pouvait-elle justifier de tels actes de discrimination et d'injustice à l'égard des étrangers ? Meliane voulu réagir mais elle avait un objectif à remplir ce soir-là, et ces comportements étant quotidiens, personne ne comprendrait sa réaction, ni l'homme ni le marchand. Non, il serait toujours temps de se battre pour une cause juste.

La jeune femme prit son mal en patience, et continua à attendre aux côtés de Yaaleen. //

[Katleen Makerley]

- De ce pas.

// Yaaleen ne dit plus un mot et suivit la jeune femme qui marchait très vite, déterminée à trouver l'homme qui l'avait blessée. Elles atteignirent rapidement la fabrique d'armes et la marchombre resta en retrait, tandis que Meliane discutait avec le vendeur. Elle jeta tout de même un coup d'oeil quand celui-ci montra le type de couteau qui avait laissé une cicatrice sur la main de la voyageuse.

Elles finirent par quitter l'échoppe, toujours en silence, pour qu'enfin l'une des deux prennent la parole : //

- Je pense que mon agresseur m'a manquée de peu, et que seule la pointe de l'arme s'est fichée profondément dans ma main. Si ça te va, nous pouvons aller sur la terrasse d'une taverne où je l'ai souvent vu boire. Quand il arrivera, nous pourrons sans doute le coincer pour lui poser quelques questions.

// Yaaleen avait du mal à suivre. La jeune femme semblait avoir de plus en plus d'informations plus le temps passait sans avoir rien fait pour les acquérir. Peut-être que la marchombre n'avait pas tout compris dès le début, mais de toute façon c'était une bonne chose. Elles trouveraient plus facilement le bandit et Yaaleen serait plus vite repartie à ses affaires.

Elles s'installèrent à la terrasse de la dite taverne et attendirent. La brune n'était pas du genre bavarde et ne savait pas quoi dire à la jeune femme qu'elle avait rencontré il y a à peine une heure de ça. Elle s'était encore embarquée dans une affaire et espérait ne pas y laisser trop d'elle. Sa générosité et son envie d'aider la perdraient.

La marchombre observait attentivement tous ceux qui entraient et sortaient de la taverne. Leur physique. Leur tenue. Leurs chaussures. Les armes apparentes. Les bosses dans les vêtements qui laissaient à croire à des flasques d'alcools, des manches d'armes ou bien des bourses pleines d'argent. Elle n'avait pas encore aperçu leur suspect et espérait que ça ne saurait tarder. //

- Tu sais vers quelle heure il vient généralement ? Et je pensais que tu ne le connaissais pas ? J'ai mal compris ce que tu m'as expliqué précédemment ?

// Autant être honnête. Si elles voulaient faire équipe, il valait mieux qu'elles se comprennent à l'avenir. //

- Par contre je ne veux pas me faire remarquer ici, alors si on peut éviter de se battre, ce serait préférable.

// D'autant plus que Yaaleen pouvait user de bien d'autres moyens de persuasion, autre que la violence. //