Une petite place

[Jade Ogreaney]

- Je suis Clothilde, simplement Clothilde.

// Thaloran haussa un sourcil amusé en entendant la réponse de la jeune fille qui apparaissait comme une lapalissade pour elle. Il avait eu peur de passer pour un faquin mais la jeune fille devant lui n’avait pas l’air de s’en soucier plus que cela. Il finit par sourire à la remarque de la dite Clothilde. //

- Merci pour votre prévenance. Pourriez-vous me dire à qui je vous fais penser, si cela vous est possible ?

// L’homme sursauta presque, il s’était perdu un instant dans ses pensées, dans son aventure à travers le pays avec Yaleen. Cela faisait quelques jours si ce n’est semaines qu’il n’avait pas de nouvelles. Non pas qu’il en demandait, mais la curiosité de savoir ce qu’elle pouvait faire était plus forte qu’il ne voulait l’admettre. //

- Ya pas de quoi ! Oh oui c’est possible, simplement à une amie, enfin, je pense, marchombre avec laquelle j’ai voyagé dernièrement…

// Il avait lâché sa phrase en haussant les épaules, ne pensant pas une seule seconde que cette information pourrait intéresser la jeune fille devant lui. //

Toujours à crapahuter et à parler de manière mystérieuse ceux là d’ailleurs, dire que je n’en aurait connu aucun si elle n’était pas venu dans ma forge !


// Il haussa les épaules et lâche un rire étouffé devant le regard de la jeune fille. //

[Rosalie]

// Thal parut amusé de la réponse de l'adolescente, avant de se laisser surprendre par sa question. De bon gré, il révéla à Clothilde qu'elle lui faisait penser à une amie marchombre. Marchombre ? Clothilde avait déjà entendu parler de ce type d'habitants de Gwendalavir au cours d'une réunion avec sa maman. Mais elle n'avait pas compris exactement leur rôle. D'ailleurs, la discussion en question lui échappait. Les marchombres étaient utiles et même nécessaires avait elle compris. Mais elle n'avait pas saisi leur caractère et leur fonction. Pourtant, elle avait senti le respect dans les mots des adultes. Ce Thal en parlait comme des siffleurs qu'on chassait. Clothilde écouta plus attentivement la suite. //

- Toujours à crapahuter et à parler de manière mystérieuse ceux là d’ailleurs, dire que je n’en aurait connu aucun si elle n’était pas venu dans ma forge !

// Les yeux marrons de Clothilde fixait son interlocuteur qui rit de sa concentration. L'homme se désopilait facilement, nota l'adolescente. //

- Je ne crois pas être mystérieuse. Je ne crapahute pas non plus d'ailleurs.

// Touchée, la fillette de quinze ans avait répliqué vivement. Elle ne croyait pas être comme le Maelström. Elle ne tourbillonnait guère en tous sens. Elle se promenait seulement et aimait la liberté. Ses propos étaient en opposition avec ses promenades nombreuses chaque après-midi. En outre, elle était coincée dans la ville d'All Jeit, exactement comme le courant des côtes de Norvège, toujours entre l'îlot Mosken et la pointe sud de l'île Moskensöya. Le forgeron qui était plus âgé savait sans doute tirer la vérité des paroles de l'adolescente, malgré le hiatus entre ses paroles et son action. Peut-être même se rappelait-il son propre refus des qualificatifs qu'on lui attribuait au même âge. Clothilde préféra détourner la conversation. //

- Vous êtes forgeron ?

// Elle n'avait pas oublié le mot marchombre prononcé par celui qui possédait une forge. Mais elle gardait ses questions pour les minutes qui suivraient, si l'homme ne retournait pas à son ouvrage. //

[Jade Ogreaney]

- Je ne crois pas être mystérieuse. Je ne crapahute pas non plus d'ailleurs.

// Thaloran arqua un sourcil, curieux mais passa outre. La jeune femme avait répondu vivement et bien malgré ce qu’elle rétorquait, elle lui faisait énormément penser à Yaleen.
Pendant un instant, l’homme laissa sa pensée vagabonder dans ses souvenirs. Il ne l’avait revu que pour parler de son histoire et à y repenser le forgeron n’avait quitté la capitale que pour partir à la recherche de sa bien aimée et pour suivre la piste de son meurtrier.
Son regard se posa sur l’horizon, il pourrait quitter la ville, prendre du repos, comme il l’avait initialement prévu. Il pourrait vagabonder sur différents reliefs hydrographiques, peut être croiserait-il cette nymphe de tous les mythes, Calypso. Il soupira doucement avant de reprendre le contrôle de ses pensées et releva son visage quand il entendit des paroles qui lui étaient adressées. //

- Vous êtes forgeron ?

// Thaloran arqua un sourcil –cela devenait une habitude- et sourit doucement et fièrement. Il était fier de son métier, même si ce n’était pas celui auxquel il était prédestiné, il appréciait de plus en plus forger de A à Z des armes en tout genre selon l’imaginaire de ses clients mais aussi du sien. //

- Oui depuis quelques années maintenant. J’ai récupéré la boutique de celui qui m’a formé. Je n’ai pas beaucoup de clients mais ceux que j’ai me sont fidèles !

[Rosalie]

// La grande taille du forgeron impressionnait Clothilde. Maintenant que cette dernière connaissait ses capacités techniques, elle en était encore plus admirative. Sans doute Thal savait se défendre. Peut-être pouvait-il battre les humains comme il battait le fer chaud. Mieux ne valait pas être belliciste face à lui. Rosalie gardait les yeux ouverts, les sourcils froncés, perplexe. Elle ne savait que penser. L'homme confirmait qu'il était forgeron depuis plusieurs années. Il avait hérité de la boutique de son formateur. Sa boutique était peu achalandée, mais ses clients étaient fidèles. Cette information intéressait peu Clothilde.

La demoiselle remarqua un changement de musique en contrebas. Le nocturne avait cessé au profit d'un épithalame. Sans doute l'orchestre préparait un mariage futur. La joyeuse musique était propice au vagabondage des pensées. //

- Et bien, bonne soirée monsieur.

// La demoiselle, son sac avec son quignon de pain dans sa main, repartit furtivement. Elle n'avait rien à ajouter. Rien ne la tenait en ces lieux. Elle ne devait rien au forgeron puisque son remerciement avait servi de reconnaissance. Elle pouvait poursuivre sa promenade. Elle était libre. Clothilde conservait sa liberté et ce n'était pas un petit encas sauvé qui allait la lier à quelqu'un. Du reste, Thal ne lui ayant pas posé de question, elle n'avait plus rien à répondre. Elle pouvait donc bel et bien partir.

La demoiselle se faufila entre les rues de la ville, rapide comme le vent. Elle ne laissa pas au forgeron une chance de la suivre, sauf s'il était habile en filature. La jeune fille avait un peu de temps avant la nuit. Elle s'en retournerait chez elle après une respiration sur une autre place élevée de la ville. Elle jouirait de l'air pur avant de retourner dans son foyer. A quinze ans, Clothilde se voulait maître de son destin.

[FIN DU RP POUR CLOTHILDE]